PORT-AU-PRINCE, mardi 19 novembre 2024 – Près d’une quarantaine de présumés terroristes membres de l’organisation “Viv Ansanm,” dirigée par l’ancien policier Jimmy Cherizier, alias Barbecue, ont été tués ce mardi matin à Port-au-Prince lors d’échanges de tirs avec la police ou par des membres de la population. De nombreux corps sans vie ont été signalés dans divers quartiers, notamment à Bourdon, Canapé-Vert, et Delmas, où se sont déroulés ces incidents meurtriers.
Ces échauffourées ont éclaté alors que, sur appel de Barbecue, des soldats de Viv Ansanmtentaient de s’installer à Pétion-Ville, considérée comme leur nouvelle cible après avoir contrôlé plus de 80 % de la région métropolitaine.
Le porte-parole adjoint de la Police nationale d’Haïti (PNH), Lionel Lazarre, a confirmé que les policiers étaient engagés sur plusieurs théâtres d’opérations dans la région métropolitaine pour contrer les assauts de Viv Ansanm.
Lazarre a indiqué que des armes et des munitions avaient été saisies, et qu’au moins un minibus avait été récupéré lors de ces interventions policières. Il a également souligné que la PNH disposait d’informations selon lesquelles les hommes de Viv Ansanm allaient lancer une attaque sur Pétion-Ville, où ils souhaitent s’installer. Le porte-parole a appelé à la collaboration de la population pour permettre à la PNH de neutraliser ces gangs armés et de les mettre hors d’état de nuire.
Pierre Espérance, réagissant aux événements du 19 novembre, a encouragé un mariage entre la population et la police nationale pour freiner l’action des terroristes de Viv Ansanm, estimant qu’ils ont plongé le pays dans un chaos total.
Selon le directeur exécutif du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), le pays n’en peut plus, et la population est à bout de souffle.
Espérance a argué qu’il était temps pour les citoyens de se réveiller et d’accompagner la police dans ses efforts pour rétablir l’ordre, la paix et la sécurité. Il a exhorté les citoyens à capturer les terroristes et à les remettre aux forces de l’ordre pour les suites de droit, en insistant sur le fait qu’il serait difficile de faire régner l’ordre sans le soutien actif de la population.
Pierre Espérance a également appelé les soldats des différentes composantes de Viv Ansanm à se rebeller contre leurs chefs et à procéder à leur arrestation pour les remettre aux autorités policières, soulignant que ce serait la voie à suivre pour bénéficier du pardon de la population.
S’adressant directement aux membres de l’organisation armée, Espérance a déclaré : « Soldats de Viv Ansanm, ne soyez pas stupides, faites preuve d’intelligence, soulevez-vous contre vos chefs autoproclamés qui vous utilisent pour terroriser la population et déstabiliser le pays par le chaos. Arrêtez-les et remettez-les aux forces de l’ordre. Cessez de vous laisser utiliser comme chair à canon, car vos chefs ont accumulé beaucoup de richesse alors que votre vie n’est pas améliorée. Ils vous envoient mourir, mais ils cherchent à sauver leur peau. Pourquoi devez-vous payer le prix fort à leur place ? »
Le militant des droits humains a ajouté que le pays vit dans une situation d’isolement à cause des actes terroristes perpétrés ces derniers jours par les hommes de Viv Ansanm, qui ont tiré en direction de lignes aériennes en plein vol et bondées de passagers.
Déjà confronté à une crise humanitaire aiguë, le pays ne peut pas se résigner à vivre en autarcie.
Pierre Espérance a appelé les dirigeants à mobiliser toutes les ressources nécessaires pour éradiquer le terrorisme afin que la vie reprenne rapidement en Haïti.
Il a également invité la population à être vigilante pour se protéger contre d’éventuelles représailles de Viv Ansanm après les événements du 19 novembre 2024.
Enfin, Pierre Espérance a interpellé les nouvelles autorités gouvernementales, leur demandant d’assumer pleinement leurs responsabilités envers la population.
Il a insisté sur la nécessité de mettre en place un Conseil National de Sécurité (CNS) et de le doter de tous les moyens possibles pour s’acquitter de sa tâche. Espérance a également mis en garde contre le détournement des fonds destinés aux services de renseignement et d’intelligence.
« Ces fonds ne doivent pas être détournés ni utilisés à des fins personnelles », a-t-il renchéri, avant de conclure que les événements du 19 novembre marquent un tournant décisif dans la lutte contre Viv Ansanm.
Alors que la population et les forces de police tentent de reprendre le contrôle des quartiers assiégés, l’appel à une action concertée semble plus urgent que jamais pour restaurer la paix et la sécurité en Haïti.
Le groupe de gangs “Viv Ansanm” continue de perpétrer des actes de violence majeure en Haïti, aggravant la crise sécuritaire. Ce collectif, qui regroupe plusieurs factions armées, a intensifié son contrôle territorial et sa brutalité dans les zones de Port-au-Prince et ses environs, étendant ses actions vers des régions agricoles stratégiques et d’autres villes symboliques. Ces actions comprennent des attaques terrestres et maritimes qui maintiennent ces zones sous un climat de siège prolongé, alimentant un sentiment de terreur généralisé .
Les récentes exactions incluent des enlèvements massifs, des assassinats ciblés, et des affrontements violents. Par exemple, dans la commune de Carrefour et Gressier, le gang de Grand Ravine, allié à Viv Ansanm, a tué des civils soupçonnés de collaborer avec la police ou refusant de reconnaître leur autorité. À Tabarre, des incursions pour étendre leur influence ont conduit à des dizaines de morts et blessés, tandis qu’à l’Artibonite, des tirs indiscriminés ont fait au moins 94 victimes non impliquées dans des conflits .
Sur le plan humanitaire, cette violence a engendré le déplacement de milliers de familles. Environ 4 200 personnes ont été contraintes de fuir leurs maisons autour de la capitale au cours des dernières semaines. À l’échelle nationale, près de 700 000 personnes sont actuellement déplacées en raison de ces conflits, avec des conditions de vie déplorables dans des abris de fortune tels que des écoles et des églises .
Ces développements révèlent l’incapacité des institutions étatiques et des forces de sécurité à contenir ces groupes armés, ce qui a conduit à une augmentation des justices populaires et des groupes d’autodéfense. Toutefois, ces initiatives ont souvent entraîné des abus et des meurtres sommaires, ajoutant une dimension chaotique à la crise .
En dépit des promesses internationales de soutien, comme l’arrivée de troupes, les ressources nécessaires pour stabiliser la situation demeurent largement insuffisantes. Le BINUH et d’autres organes de l’ONU soulignent désormais l’urgence d’une révision stratégique pour enrayer cette spirale de violence qui plonge Haïti dans une crise humanitaire et politique sans précédent .