PORT-AU-PRINCE, jeudi 13 juin 2023– Près de trois millions d’enfants – le nombre le plus élevé jamais enregistré – ont besoin d’une aide humanitaire en Haïti, où ils sont confrontés à des niveaux de violence stupéfiants qui ont exacerbé la faim et la malnutrition dans un pays déjà embourbé dans la pauvreté et une résurgence du choléra, selon l’UNICEF.
“Être un enfant en Haïti aujourd’hui est plus dur et plus dangereux qu’il ne l’a jamais été de mémoire d’homme. Les menaces et les difficultés auxquelles les enfants sont confrontés sont tout simplement inimaginables. Ils ont désespérément besoin de protection et de soutien », a déclaré le Représentant de l’UNICEF en Haïti, Bruno Maes.
Les enfants se retrouvent entre deux feux, ou directement visés, alors que les groupes armés terrorisent la population dans leur lutte pour le contrôle du territoire, principalement dans la capitale, Port-au-Prince, et de plus en plus dans la région voisine de l’Artibonite.
Des enfants sont tués ou blessés sur le chemin de l’école. Les femmes et les filles sont confrontées à des violences sexuelles extrêmes. Les enlèvements contre rançon – notamment d’étudiants, d’enseignants et d’agents de santé – ont explosé, tout comme les attaques contre des écoles. Des dizaines de milliers de personnes ont été déplacées par la violence.
Dans le même temps, la faim et la malnutrition potentiellement mortelle atteignent des niveaux records dans tout le pays, concentrées dans les quartiers les plus pauvres, les plus précaires et les plus encombrés de la capitale, où certaines familles sont pratiquement piégées et coupées des services essentiels. Le nombre d’enfants souffrant de malnutrition potentiellement mortelle a bondi de 30 % depuis l’année dernière, et près d’un enfant sur quatre à travers le pays souffre de malnutrition chronique.
‘‘La violence, la pauvreté et le désespoir poussent les enfants vers les groupes armés. De nombreux enfants et jeunes de la région métropolitaine de Port-au-Prince disent qu’ils sont contraints de rejoindre des groupes armés pour se protéger ou parce que cela signifie de la nourriture et des revenus pour la famille. Certains disent que les groupes armés procurent un sentiment d’identité et d’appartenance.’’
En plus de la violence, de la faim et des maladies telles que le choléra, Haïti et ses enfants font face à la menace constante de violentes tempêtes et de tremblements de terre. Début juin, de fortes pluies, qui ont coïncidé avec le début de la saison des ouragans, ont provoqué des inondations destructrices et meurtrières. Il a été suivi d’un tremblement de terre quelques jours plus tard dans la Grand Anse – une région encore marquée par un tremblement de terre en 2021.
‘‘Haïti est aux prises avec des décennies de prestation de services de base et de développement du capital humain inadéquats, ainsi qu’avec des inégalités, une marginalisation et une exclusion sociale extrêmement élevées. C’est le pays le plus pauvre et le moins développé de l’hémisphère occidental, et il n’est pas équipé pour faire face aux chocs multiples.’’
Près de trois millions d’enfants sont dans le besoin en Haïti cette année, le nombre le plus élevé jamais enregistré. Mais le financement est loin de couvrir les besoins humanitaires. Le besoin de financement de 246 millions de dollars de l’UNICEF pour Haïti cette année est financé à moins de 15 %.
L’UNICEF intensifie ses opérations et étend sa présence sur le terrain, malgré le financement limité. En collaboration avec nos partenaires, nous fournissons un soutien vital et aidons à maintenir à flot les systèmes et services essentiels pour les enfants.
« Nous nous concentrons sur la livraison de vaccins et d’aliments thérapeutiques, l’approvisionnement en eau potable et l’assainissement, permettant aux enfants de rester à l’école et protégeant ceux qui ont survécu à la violence. Et nous soutenons le déploiement de milliers d’enseignants et d’agents de santé nouvellement diplômés dans des régions du pays où les systèmes risquent de s’effondrer ».
« Malgré les énormes défis, l’aide humanitaire a permis d’éviter une faim et une malnutrition catastrophiques. Mais il en faut bien plus. La communauté internationale ne peut pas tourner le dos aux enfants d’Haïti à l’heure où ils en ont le plus besoin », a déclaré Maes.