POHDH : ‘‘L’année 2022 a été une catastrophe en matière de protection et du respect des droits fondamentaux de la grande majorité de la population haïtienne’’…

Johnson Andre ''Izo'', chef de gang 5 Seconde de Village de Dieu, Ti Makak, chef gang base a Laboule 12, Vitelhomme Innocent, chef du gang Kaze Barye localise a Torcelle, Jimmy ''Barbecue'' Cherisier, chef de la federation des gangs G-9 an Fanmi e alye, Wilson Joseph alias Lanmo san jou, chef du gang 400 Mawozo base en a Croix-des-Bouquets...

PORT-AU-PRINCE, mercredi 12 avril 2023– Dans un rapport bilan sur la situation des droits humains en Haïti au cours de l’année 2022, la plateforme des organisations haïtiennes de défense des droits humains (POHDH) souligne que ‘‘les droits civils et politiques sont quotidiennement bafoués à un point tel où les libertés dites publiques ne les sont plus.’’

« La liberté de circulation est une chimère, car les axes routiers qui relient Port-au-Prince aux autres départements du pays sont pratiquement inaccessibles tant ils sont contrôlés par des groupes armés. Les citoyens habitant la zone métropolitaine de Port-au-Prince, ne peuvent se rendre dans aucun autre département en ce moment sans prendre le risque de se faire tuer », déclare la POHDH.

Selon la Plateforme, le droit à la vie n’est pas respecté puisqu’au jour le jour, la liste des victimes d’insécurité ne fait que s’allonger ; ‘‘rien que dans ses travaux de monitoring hebdomadaires, la POHDH a clairement identifié au moins [170] victimes de violence, nombre auquel on doit ajouter les victimes des massacres en série et les cas incalculables de kidnapping.’’

Dans son rapport, la Plateforme note que les conditions sociales et économiques de la population se sont dégradées. Les droits économiques et sociaux tels que le droit à l’alimentation, à la sante, au travail, à l’éducation sont bafoués.

Selon l’organisation, ‘‘le gouvernement de facto n’a mis en place aucune stratégie en vue de remédier à la situation. Au contraire, il veut criminaliser les mobilisations populaires qui protestent contre l’augmentation substantielle du prix des produits pétroliers.’’

Elle souligne que la Constitution de 1987 et les instruments internationaux ratifiés -tels que le DUDH, le PIDCP, le PIDESC et autres conventions- font de l’Etat le principal responsable de la mise en place des conditions nécessaires et suffisantes à la jouissance des droits humains.

Compte tenu de la dégradation des conditions de sécurité dans le pays, la POHDH estime que ‘‘le gouvernement de facto d’Ariel Henry fait montre d’un manque d’intérêt et de volonté politique afin d’endiguer l’hémorragie de l’insécurité. La plateforme constate que l’équipe au pouvoir et ses alliés s’en foutent complètement de la misère et des déboires du peuple haïtien’’, selon le document.

Selon la POHDH, la crise qui dévore le pays ne fera qu’empirer tant que le premier ministre de facto Ariel Henry et ses acolytes continuent de s’agripper au pouvoir pensant qu’à satisfaire leur caprice au mépris des efforts considérables de certains acteurs pour sortir le pays du bourbier dans lequel il se trouve.

La POHDH indique que la violence et la terreur des gangs constituent de véritables entraves au développement des mouvements revendicatifs.

‘‘Le gouvernement de facto s’est montré incapable de protéger la vie de la population et sécuriser le territoire. Il a cependant utilisé à plusieurs reprises la Police pour empêcher des manifestations populaires contre l’insécurité, la misère, la rareté du carburant’’, les mauvaises conditions de travail des ouvriers, soutient la POHDH.

La POHDH rappelle au gouvernement de facto que la liberté d’association, de syndiquer et le droit de grève sont garantis par la constitution haïtienne de 1987 dans ses articles 31 et 35-3 et dans des instruments internationaux tels que la Déclaration Universelle des droits Humains et le Pacte International Relatif aux Droits Civils et politiques que l’Etat Haïtien ratifie.

La POHDH s’est déclarée préoccupée par la dégradation de la situation dans les Centres carcéraux. La POHDH note que seulement 4 sur les 19 des prisons civiles du pays sont dans un état plus ou moins acceptable.

Elle rappelle aux autorités que la prison n’est pas un lieu de déshumanisation, mais de préférence un lieu pour que les repris de justice puissent purger leurs peines dans une perspective de réinsertion après un processus de resocialisation. L’incarcération des détenus doit se faire selon les prescrits de la loi souligne-t-elle.

La POHDH estime que la dépolitisation de la Police Nationale d’Haïti, un leadership responsable et de meilleures conditions de travail pour les policiers sont entre autres des conditions essentielles au bon fonctionnement de l’institution. ‘‘L’État doit procurer les matériels nécessaires à l’institution policière en s’assurant qu’ils soient utilisés à des fins utiles et selon les exigences prescrites par la loi’’, suggère l’organisation.

La POHDH en profite pour demander à l’inspection générale de poursuivre les enquêtes concernant les policiers accusés de brutalités ou d’assassinats commis lors des rassemblements populaires et légales. Ces policiers doivent être punis conformément aux prescrits de la loi du 24 novembre 1994 portant création de la Police Nationale, ainsi que l’arrêté du 13 août 2013.

La POHDH recommande aux autorités d’assister et d’accompagner économiquement et psychologiquement les victimes qui se trouvent en situation de déplacement forcé-et pour la plupart sans destination- à cause de la violence des groupes armés dans beaucoup de quartiers de la métropolitaine de Port-au- Prince et dans certaines villes de provinces.

Elle recommande également au gouvernement de facto de freiner le désordre qui existe dans la vente du carburant sur le marché et de s’assurer que les produits pétroliers soient disponibles dans les stations à essence en quantité suffisante et adéquate par rapport à la demande de la population.

La POHDH se déclare préoccupée par la détérioration de la situation politique, sociale, économique et sécuritaire du pays.

Elle recommande aux acteurs politiques et sociaux de faire preuve de responsabilité et de dépassement en vue d’une vraie solution négociée et consensuelle de sortie de crise afin de relancer le processus démocratique pour répondre à l’état de dévastation du pays ; restaurer des conditions d’un changement politique axé sur la justice, la fin de l’impunité, la participation citoyenne à travers l’organisation d’élections ouvertes et crédibles et de remettre le pays sur la voie du changement et du progrès en matière de droits humains.