Plusieurs organisations de défense des droits humains exhortent Leslie Voltaire à accompagner les migrants haïtiens en République Dominicaine pour leur retour volontaire en Haïti…

Leslie Voltaire, Membre du Conseil Presidentiel de Transition (CPT)

PORT-AU-PRINCE, lundi 21 octobre 2024 – Des organisations de défense des droits humains, dont le Groupe d’Appui aux Rapatriés et Réfugiés (GARR), la Plateforme des Organisations Haïtiennes des Droits Humains (POHDH), et le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), adressent une lettre ouverte à Leslie Voltaire, Président du Conseil Présidentiel de la Transition (CPT), l’exhortant à mettre en place un accompagnement pour les migrants haïtiens en République Dominicaine souhaitant un retour volontaire en Haïti. Cette démarche survient après l’annonce, le 2 octobre 2024, par les autorités dominicaines, de l’expulsion hebdomadaire de 10 000 Haïtiens par semaine, une mesure déjà en application avec 15 897 personnes déportées entre le 3 et le 17 octobre 2024, selon des données recueillies par le GARR et l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM).

Les organisations dénoncent les conditions inhumaines dans lesquelles se déroulent ces déportations. Femmes enceintes, mères allaitantes, enfants, personnes âgées et à mobilité réduite sont arrêtés, battus, puis entassés dans des véhicules pour être expulsés sans égard à leur vulnérabilité. Selon Katia Bonté, coordinatrice du GARR, des femmes auraient été victimes de fouilles abusives assimilables à des attouchements sexuels. Face à ces abus, beaucoup de migrants haïtiens encore présents en République Dominicaine vivent dans la terreur, reclus chez eux, sans accès à de l’eau potable, de la nourriture, ou à des soins médicaux.

Les signataires de la lettre ouverte, parmi lesquels figurent également la Commission Episcopale Nationale Justice et Paix (CE-JILAP), la Fondasyon Zile, et le Mouvement des Femmes Haïtiennes pour l’Éducation et le Développement (MOUFHED), appellent Leslie Voltaire à faciliter le retour volontaire des migrants dans des conditions sécurisées. À l’image de l’opération de retour volontaire menée avec l’OIM pour 300 Haïtiens depuis la Turquie, ces organisations plaident pour une coordination similaire permettant un rapatriement digne et organisé.

Les organisations demandent aussi au gouvernement haïtien de renforcer ses démarches diplomatiques pour contraindre la République Dominicaine à respecter les droits des migrants haïtiens conformément aux conventions internationales. Elles soulignent également l’importance de protéger les documents d’identité des migrants, souvent détruits par les autorités dominicaines.

Outre le GARR, la POHDH, et le RNDDH, la lettre est co-signée par l’Institut Interuniversitaire de Recherche et de Développement (INURED), le Centre de Recherche et de Formation Économique et Sociale pour le Développement (CRESFED), la Plateforme Haïtienne de Plaidoyer pour un Développement Alternatif (PAPDA), l’Asanble Pép Karayib yo (APK)/ALBA, le Service Œcuménique pour le Développement et l’Éducation Populaire (SEDEP), Solidarite Fanm Ayisyèn (SOFA), et le Centre d’Analyse et de Recherche en Droits de l’Homme (CARDH).