Port-au-Prince, 14 février 2021- C’est une foule immense qui a déferlé sur la capitale haïtienne pour dire non à la dictature de Jovenel Moïse et exiger le respect de la constitution du pays.
Cette marche pacifique convoquée par des organisations de la société civile et soutenue par des partis d’opposition, a rassemblé des dizaines de milliers d’haitiens issus de différentes couches de la société haïtienne.
Lors de cette marche, les protestataires dont certains étaient vêtus de T-Shirts blancs et munis de pancartes avec des inscriptions hostiles au gouvernement de facto et de ses supporteurs nationaux et internationaux, ont dénoncé le comportement de Jovenel Moïse qui continue de s’accrocher illégalement au pouvoir en dépit de l’expiration de son mandat le 7 février 2021, conformément aux dispositions des articles 134-2 de la constitution amendée et 239 du décret électoral de 2015.
Selon eux, rien ne justifie la présence de Jovenel Moïse au palais national alors qu’il n’est plus président de la République. Certains militants politiques ont déclaré qu’il est temps que Jovenel Moïse se retire afin que le président de la transition désigné par l’opposition et la société civile, Me Joseph Mécène Jean Louis entre en fonction.
Les manifestants ont dénoncé le fait que Jovenel Moïse qui n’a plus de mandat continue de poser des actes au nom de l’Etat, en violation de la constitution haïtienne. Selon les protestataires qui ont arboré des pancartes avec des slogans hostiles au régime PHTK et alliés, le comportement de Jovenel Moïse est une menace réelle pour la démocratie et l’Etat de droit en Haïti.
Ils ont mis l’accent sur les récentes mesures prises par Jovenel Moïse relatives à la révocation et la nomination de trois juges à la Cour de Cassation constituent des atteintes graves à l’indépendance de la magistrature et du pouvoir judiciaire en Haïti.
Les manifestants ont également dénoncé le soutien sans faille d’une frange de la communauté internationale à Jovenel Moïse au mépris de la constitution et des revendications fondamentales du peuple haïtien qui désire vivre dans la démocratie.
A Delmas 60, la police qui a essuyé quelques jets de pierre a riposté en tirant du gaz lacrymogène. Un des policiers a reçu un jet de pierre en plein visage et est blessé à la bouche.
Présent à la marche, l’ancien sénateur Steven Benoit, a appelé la population à poursuivre la mobilisation de manière pacifique afin de forcer Jovenel Moïse et ses acolytes au respect de la constitution.
Steven Benoit a estimé qu’à travers cette marche, la population a envoyé un message sans équivoque au régime PHTK et à ses alliés de la communauté internationale qu’elle n’entend pas se laisser faire ni renoncer à son projet démocratique.
Pour sa part, l’ancien sénateur Edgard Leblanc Fils s’est réjoui de la participation massive de la population à la marche de ce dimanche. Selon lui, le comportement de la population est une réponse claire de sa volonté de continuer à construire un projet démocratique dans un pays où chacun peut jouir de ses droits et libertés.
Le leader de l’OPL a déclaré que tous ceux qui soutiennent la dictature de Jovenel Moïse devraient se raviser à partir de cette marche qui exprime le refus des haïtiens au fascisme.
L’ancien sénateur Antonio Cheramy alias ‘’Don Kato’’ a invité les haitiens à ne pas se laisser intimider par les sbires du dictateur qui veulent les empêcher de manifester contre la dictature.
Selon lui, le régime en place qui est en rébellion contre les lois de la République est paniqué devant la détermination des haitiens à se battre pour le respect de ses droits, de la démocratie et de l’Etat de droit.
Don Kato s’est félicité de la participation massive de la population à cette marche pacifique dont l’un des principaux objectifs consistent à signifier à Jovenel Moïse que son mandat est arrivé à terme depuis le 7 février 2021 et que rien ne justifie sa présence au palais national en violation de la constitution du pays.
Me Gédéon Jean, pour sa part, a rappelé qu’il n’y a plus de débat sur la fin du mandat de Jovenel Moïse. Il a affirmé que l’article 134-2 de la constitution est suffisamment et ne prête à équivoque.
‘’Tout ce que M. Moïse doit faire, c’est de se retirer pour ne pas aggraver sa situation puisqu’il se trouve déjà en position d’usurpateur de titre, a fait savoir Gédéon Jean, dirigeant du CARDH (centre d’analyse et de recherches en droits humains).’’
Selon lui, Jovenel Moïse ne devrait pas compter sur le soutien de la communauté internationale pour se maintenir au pouvoir illégalement et diriger un peuple qui le rejette dans majorité.
‘’Depuis 1986, le peuple haïtien a dit non à la dictature et a fait choix de la démocratie. Personne ne devrait prétendre pour restaurer la dictature dans le pays espérant que les haitiens ne réagiraient pas, a soutenu Gédéon Jean.’’
De nombreuses personnalités de la presse, des intellectuels, des syndicalistes des secteurs ouvrier, de l’éducation, du transport en commun, des religieux et autres, ont pris part à cette marche.