Plus d’un demi-million d’immigrants Cubains, Haïtiens, Nicaraguayens et Vénézuéliens sommés de quitter les États-Unis avant le 24 avril 2025…

Vue partielle du batiment logeant le departement de la securite interieure des EtatsUnis (DHS)...

WASHINGTON, mercredi 26 mars 2025- Le Département de la Sécurité intérieure des États-Unis (DHS) a publié dans le Federal Register un avis mettant fin aux protections offertes à 530 000 immigrants cubains, haïtiens, nicaraguayens et vénézuéliens qui vivaient légalement aux États-Unis sous le programme humanitaire CHNV. Cette annonce impose à ces personnes une date limite de départ au 24 avril 2025, sous peine d’arrestation et d’expulsion forcée.

« Le Département de la Sécurité intérieure prévient que si ces personnes ne partent pas volontairement, elles seront retrouvées, arrêtées et expulsées du pays », a rapporté le journaliste de CBS News, Camilo Montoya Galvez. Le gouvernement recommande aux personnes concernées de s’enregistrer via une application mobile pour déclarer leur intention de quitter le territoire.

Le programme CHNV (Cuba, Haïti, Nicaragua, Venezuela) avait été mis en place en 2022 sous l’administration Biden pour offrir une voie légale d’entrée aux migrants à la frontière américano-mexicaine. Grâce à un système de parrainage par des citoyens ou résidents permanents américains, plus de 530 000 personnes avaient pu s’établir légalement aux États-Unis sans recourir à des passeurs.

Cependant, l’administration Trump a annoncé la fin de ce programme, affirmant que son existence favorisait la fraude, compromettait la sécurité nationale et nuisait aux travailleurs américains. L’annonce met aussi fin au statut de protection temporaire (TPS) pour les Haïtiens et Vénézuéliens dans les mois à venir, ajoutant une nouvelle couche d’incertitude pour ces populations.

Cette révocation soudaine entraîne des problèmes juridiques et pratiques pour les immigrés concernés. L’avocate en immigration Morella Aguado souligne que beaucoup ont des baux, des emprunts ou des contrats en cours, les plaçant dans une situation extrêmement compliquée.

« Ce n’est pas juste, car ces personnes sont arrivées légalement avec un statut approuvé par les autorités américaines », explique Aguado. « Le fait qu’elles doivent partir en 30 jours, sous la menace d’une détention, viole le principe du droit et de la procédure équitable. »

La décision de l’administration Trump a immédiatement suscité des réactions fortes.

L’organisation Haitian Bridge Alliance alerte sur les risques pour les personnes contraintes de retourner dans des pays en crise. Sa directrice, Guerline Jozef, déplore une situation qui sème la panique :

« Nous avons une femme en situation régulière depuis 16 ans, avec deux enfants nés aux États-Unis. Aujourd’hui, ses enfants sombrent dans la dépression face à la menace d’une séparation familiale. »

Des actions en justice sont en cours pour contester la suppression du programme. Le Justice Action Center a engagé une procédure, dénonçant une décision « légalement infondée et cruelle ».

En revanche, les républicains applaudissent la mesure. Pour le sénateur Bernie Moreno (R-Ohio), le TPS a été détourné de son objectif initial :

« TPS signifie temporaire, pas une porte d’entrée vers un statut permanent. Je salue la décision du président Trump de mettre fin à cette exploitation du système. »

Cette annonce s’inscrit dans un contexte électoral brûlant. Le président Trump et son colistier, le vice-président JD Vance, font de l’immigration un sujet central de leur campagne, notamment en ciblant les Haïtiens. Leurs déclarations controversées, suggérant sans preuves que des immigrants haïtiens à Springfield, Ohio, se nourrissent d’animaux domestiques, ont suscité l’indignation des démocrates.

« Ces gens répandent des mensonges odieux sur la communauté haïtienne », a dénoncé la représentante Shontel Brown (D-Ohio). « Cette décision n’est qu’un nouvel acte de cruauté. »

À moins d’un retournement judiciaire ou politique, des centaines de milliers de personnesdevront quitter les États-Unis avant le 24 avril 2025, ou risquer une expulsion forcée.

Face à une incertitude totale, les organisations de défense des immigrés redoublent d’efforts pour informer et accompagner les personnes concernées. Mais le temps presse, et l’angoisse grandit dans les communautés affectées.