Plus de 62% de la population identifient l’insécurité comme le plus grave problème du pays, selon une enquête de l’OCID

Rosny Desroches (ISC), Sylvie Bajeux (CEDH) et Abdonel Doudou (JURIMEDIA...

Port-au-Prince, mercredi 2 mars 2022- L’Observatoire Citoyen pour l’Institutionnalisation de la Démocratie (OCID) a fustigé mercredi ‘‘l’insouciance’’ des acteurs face à l’insécurité et les a exhorté à prévenir toute aventure susceptible d’engendrer une fausse couche électorale en Haiti.

Dans un communiqué, l’OCID a dénoncé « le manque de volonté politique manifeste des décideurs et acteurs politiques pour apporter des réponses idoines au cancer de l’insécurité civile qui enlève l’appétit et le sommeil à la population haïtienne depuis de longs mois ».

‘’Cependant, poursuit le communiqué, l’OCID a pu observer que les interventions publiques en matière de lutte contre l’insécurité se limitent à des actions sporadiques des forces de l’ordre qui sont loin d’être à la mesure d’un fléau qui détruit à la fois l’économie nationale et la paix sociale.’’

L’OCID a affirmé que, pour la période du 15 septembre au 15 décembre 2021, la Police Nationale d’Haïti (PNH) était absente dans 62% des 357 incidents enregistrés dans les dix départements du pays.

‘‘En fait, les cas où une intervention de la PNH a été notée ne dépassaient pas la barre des 20%, a souligné l’organisation.

Dans son rapport global de sa dernière enquête nationale sur les préoccupations de la population haïtienne et ses opinions concernant la démocratie, l’OCID a dit noter que, parallèlement à la tragédie de l’insécurité, l’impasse politique et la velléité du pouvoir en place et de certains acteurs d’engager le pays dans une aventure électorale sans le consensus nécessaire et sans un cadre acceptable constituent une vraie épée de Damoclès sur la tête du peuple haïtien.

Selon l’organisation, ‘‘dans le contexte actuel d’Haïti, la question électorale relève d’un véritable dilemme et devrait être considérée avec minutie et circonspection.’’

‘‘Si d’une part, des consultations électorales sont attendues depuis plus de deux ans pour renouveler le personnel politique notamment au Parlement rendu dysfonctionnel depuis janvier 2020, d’autre part, 69.5% des citoyennes et des citoyens estiment que les conditions (surtout de sécurité) ne sont pas encore réunies pour la tenue d’élections’’, selon le rapport d’enquête de l’OCID.

De plus, poursuit le rapport, « 76.6% d’entre eux affirment qu’ils sont peu satisfaits ou insatisfaits de la situation du droit de vote et 96% d’entre eux déclarent préférer qu’il n’y ait pas d’élections du tout au lieu d’en organiser qui ne soient pas crédibles ».

L’OCID a exhorté, donc, les décideurs et les acteurs politiques, aussi bien ceux qui détiennent les leviers du pouvoir que les autres, à tout mettre en œuvre pour arriver à un véritable accord consacrant un consensus très large, seule garantie d’un processus électoral inclusif.

Cette organisation dirigée par Rosny Desroches, Abdonel Doudou et Sylvie Bajeux, dit « croire que toute démarche qui ferait l’économie d’un tel consensus engagerait le pays, de manière inconsidérée, dans une aventure dont l’issue ne sera autre qu’une fausse couche électorale ou une nouvelle tragédie politique aux conséquences aussi funestes qu’imprévisibles ».

Exhortant les haitiens vivant tant en Haïti qu’à l’étranger à la vigilance, l’OCID a déclaré : « Lorsque les capitaines dépassés laissent voguer la barque nationale à la dérive, le salut du pays doit reposer sur l’ancre de ses forces vives ».

L’Observatoire Citoyen pour l’Institutionnalisation de la Démocratie (OCID), est composée de l’Initiative de la Société Civile, du Centre Œcuménique de Droits Humains et de JURIMEDIA.