Plus de 276 000 Haïtiens déportés par la République Dominicaine en 2024…

Un camion de la direction de la migration de la Rep. Dominicaine transportant des migrants haitiens...

SAINT-DOMINGUE, jeudi 2 janvier 2025Selon un communiqué publié mercredi par la Direction générale de l’immigration de la République dominicaine, plus de 276 000 Haïtiens ont été expulsés du pays en 2024. Au cours des trois derniers mois de l’année, plus de 94 000 personnes ont été renvoyées dans le cadre d’une nouvelle opération visant à expulser jusqu’à 10 000 Haïtiens sans papiers par semaine. Cette initiative a été mise en œuvre sur ordre du Conseil national de sécurité et de défense, présidé par le président Luis Abinader.

Les chiffres montrent une intensification des expulsions tout au long de l’année : 48 344 Haïtiens expulsés entre janvier et mars, 62 446 entre avril et juin, et 71 414 entre juillet et septembre, selon le rapport des autorités.

En octobre, le porte-parole du gouvernement, Homero Figueroa, avait justifié cette politique en affirmant que le gouvernement devait répondre à un « excès » de migrants haïtiens dans le pays. La République dominicaine partage l’île d’Hispaniola avec Haïti, et les deux nations sont depuis longtemps témoins de flux migratoires informels à travers leur frontière commune.

Cependant, cette intensification des expulsions a suscité des critiques. L’ancienne ministre des Affaires étrangères d’Haïti, Dominique Dupuy, a dénoncé des « scènes brutales de rafles et d’expulsions » et exigé justice pour des actes qualifiés de « déshumanisants » à l’encontre de ses compatriotes. De leur côté, les autorités dominicaines assurent que ces expulsions respectent les droits humains.

Des images capturées en octobre par Reuters montrent des dizaines de migrants entassés dans des camions grillagés des forces de l’ordre dominicaines, en route vers Haïti. En réponse à cette situation, des organisations humanitaires se sont mobilisées pour apporter une aide d’urgence aux milliers de déportés du côté haïtien de la frontière.

Ces expulsions massives surviennent dans un contexte de crise politique et sociale croissante en Haïti, où des gangs armés contrôlent désormais plus de 80 % de la capitale, Port-au-Prince. Cette instabilité aggrave les souffrances des milliers de personnes forcées de retourner dans un pays déjà plongé dans le chaos.