PORT-AU-PRINCE, lundi 18 novembre 2024– Plus de 20.000 personnes ont été déplacées dans la capitale haïtienne Port-au-Prince en seulement quatre jours, dont plus de 17.000 accueillies dans 15 sites de déplacement alors que la violence des gangs s’intensifie, a indiqué l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
La crise a perturbé les chaînes d’approvisionnement essentielles et isolé la ville, a noté l’OIMdans un communiqué de presse publié vendredi.
Bon nombre de ces personnes ont été confrontées à de multiples déplacements, forcées à plusieurs reprises de fuir la violence en laissant derrière elles le peu qu’elles ont réussi à reconstruire. Une telle ampleur de déplacement n’a pas été observée depuis août 2023.
La fermeture du trafic aérien suite aux tirs ciblés sur trois avions commerciaux survolant Port-au-Prince, l’accès restreint au principal port maritime du pays et les routes peu sûres contrôlées par des groupes armés ont laissé la zone métropolitaine dans un état de paralysie quasi totale, aggravant les souffrances de populations déjà en situation de vulnérabilité.
L’OIM note que les groupes criminels de la capitale poursuivent leur expansion, prenant le contrôle de nouveaux quartiers et isolant davantage les communautés. Des factions autrefois rivales, qui s’affrontaient pour des conflits territoriaux, ont uni leurs forces et formé des alliances pour lutter contre les efforts de la police nationale, qui, confrontée à un manque de ressources, reste débordée et doit faire face à des défis importants pour contenir l’escalade de la violence.
La violence liée aux gangs a causé près de 4.000 décès en 2024, selon le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme. La violence basée sur le genre, y compris la violence sexuelle utilisée comme arme de terreur, a atteint des niveaux alarmants. Les femmes et les enfants sont touchés de manière disproportionnée, 94 % des femmes et des filles déplacées étant exposées à un risque élevé de violence.
« L’isolement de Port-au-Prince amplifie une situation humanitaire déjà désastreuse », a déclaré Grégoire Goodstein, Chef de mission de l’OIM en Haïti. « Notre capacité à fournir de l’aide est à la limite de ses possibilités. Sans une aide internationale immédiate, les souffrances s’aggraveront de manière exponentielle. Avec seulement 20 % de Port-au-Prince accessible, les travailleurs humanitaires font face à d’immenses défis pour atteindre les populations affectées ».
Malgré ces difficultés, l’OIM et ses partenaires restent déterminés à fournir une aide vitale. L’agence onusienne aide activement les personnes déplacées en leur fournissant des allocations de logement et en déployant des cliniques mobiles pour offrir des soins médicaux de base, des médicaments et des services de protection tels que le soutien psychosocial, les efforts de réunification des familles et l’aide aux survivants de la violence basée sur le genre.
L’OIM continue de coordonner la gestion des sites et l’acheminement de l’eau par camion pour les personnes déplacées. Les opérations dans le reste du pays se poursuivent, y compris le soutien aux migrants reconduits à la frontière, la réhabilitation des centres de protection des migrants, et divers projets de stabilisation des communautés.
L’OIM souligne l’importance cruciale du respect des principes humanitaires dans un contexte d’escalade de la crise. Il est primordial d’assurer la sécurité du personnel humanitaire et des civils.
L’agence onusienne demande à tous de respecter la neutralité et l’impartialité des opérations d’aide, en permettant un accès sans entrave aux personnes dans le besoin et en préservant l’intégrité de l’aide humanitaire.
L’OIM appelle également à augmenter d’urgence le financement et le soutien des opérations humanitaires en Haïti. En novembre, le plan de réponse des Nations Unies, d’un montant de 674 millions de dollars, n’était financé qu’à hauteur de 42 %.