‘‘Plus de 100 000 haïtiens contraints de fuir leur foyer en raison des violences des gangs’’, selon un rapport de la POHDH…

Personnes deplacees en raison de l'insecurite et de la violence des gangs criminels a Martissant/ image d'archives...

PORT-AU-PRINCE, dimanche 7 mai 2023– Dans son rapport, la plateforme haïtienne de défense des droits humains (POHDH) souligne que l’aggravation du climat de l’insécurité avec les violences continuelles des gangs armés a entrainé de graves violations de droits humains dans le pays.

‘‘Les droits à la vie, à la sécurité, au logement ainsi que les libertés de circuler sont systématiques violés’’, précise le document.

De 2021 à nos jours,’’ le climat de l’insécurité et de la violence s’est fortement détérioré en Haïti. Entre janvier 2022 à avril 2023, plus de 14 massacres sont enregistrés à travers le pays notamment dans les quartiers défavorisés de la région métropolitaine de Port-au-Prince.’’

La POHDH indique que ‘‘les personnes en situation de déplacement forcé ont considérablement augmenté dans ce contexte d’insécurité généralisée. Entre juillet 2021 à avril 2023, sous le règne d’Ariel henry, plus de 100 000 haïtiens et haïtiennes sont contraints de fuir leur foyer, leur quartier et abandonner tout ce qu’ils ont construit en raison des violences des gangs. ‘‘Ils ont vécu toute une péripétie’’, déclare l’organisation.

« C’est un véritable drame humain », déclare la POHDH, ajoutant que ‘‘cette situation a provoqué le détachement, le déracinement, la dislocation des familles contraintes de se déplacer constamment d’une zone à une autre pour tenter de fuir la terreur des gangs.’’

Wilson Joseph Lanmo San Jou”, chef de gang 400 Mawozo, Vitelhomme Innocent, chef de Kraze Barye, Johnson Andre ”Izo, chef de gang 5 Seconde de Village de Dieu et Jimmy Cherizier ”Barbecue”, chef de la federation des gangs du g-9 an Fanmi e Alye”….

Elle rappelle que le 6 juin 2021, une guerre s’est éclatée à Matissant entre le gang de Grand-Ravine dirigé par Ti Lapli de son vrai Renel Destina et celui de Ti bois dirigé par Krisla de son vrai Christ-Roi Chéry. Cet affrontement a causé de nombreuses pertes en vie humaine et dégâts matériels considérables. Environ 30 000 personnes qui habitaient les différentes localités ont dû se déplacer sans savoir où aller, 1 500 ont atterri au Centre sportif de Carrefour.

La POHDH dit constater que ‘‘les déplacés sont abandonnés par le gouvernement de facto du premier ministre Ariel Henry. Dans tous les camps de déplacés que nous avons observés, les conditions de vie sont très critiques voir inhumaines. Les victimes sont exposées au soleil, à la pluie et dorment à même le sol’’, souligne la POHDH.

‘‘Ces conditions constituent une atteinte grave à la dignité et aux droits des déplacés au regard de la Constitution de 1987 et les normes internationales relatives aux droits de l’homme’’, selon ce regroupement d’organisations de défense des droits humains.

Selon la POHDH, le 24 Avril 2022, un affrontement violent s’est éclaté dans la Plaine du Cul de Sac entre le Gang des ‘’400 mawozo’’ et la base de ‘’Chen Mechan’’. Au moins 159 personnes ont été assassinées, 81 maisons et 57 véhicules incendiés. Les milliers de déplacés sont allés se réfugier à la mairie de Tabarre et sur la Place de Clercine.

Elle souligne qu’entre le 7 et le 17 juillet 2022, c’était au tour de Cité Soleil. Le groupe « G9 an fanmi e alye », dirigé par Jimmy Cherizier alias « Barbecue » et son rival « G-pèp », dirigé par Gabriel Jean Pierre alias Ti Gabriel se rivalisaient. Les habitans étaient forcés de fuir leur maison et ont fini par occuper la Place Hugo Chavez dans la zone de Maïs Gates qui comptait plus de 3 000 personnes.

Elle rappelle que des massacres ont été perpétrés également à Sources Matelas, Bel-Air, Meyotte, à Laboule, Tunnel, Cargo, Marlique, respectivement par les gangs de Vitelhomme Innocent, de Canaan et de Ti Makak, tué récemment. Tous ces massacres ont contraint des milliers d’Haitiens à fuir leurs maisons, selon la POHDH.

L’organisation rappelle également que du 9 au 10 novembre 2022, les bandits de la base Gran grif, de Savien et de Palmiste ont semé la pagaille à Petite Rivière de l’Artibonite. Plus de 30 personnes ont été assassinées et beaucoup de familles ont dû se déplacer. Ils ont pillé et incendié plusieurs maisons, dont 8 seulement à l’avenue Marie Jeanne et le Rue Capois. Et dans certains cas, avec des personnes à l’intérieur.

L’organisation s’est dit convaincue que ‘‘du fait que cette situation de déplacement forcé vient accentuer les difficultés de la grande majorité de la population qui fait face en même temps à la vie chère, l’insécurité alimentaire, la rareté de carburant.’’

‘‘La POHDH ne doute que la mauvaise gestion des déplacements internes massif par le gouvernement de facto fragilisera davantage l’équilibre social en Haïti. Car les impacts de ces épisodes de déplacement forcé sur la scolarisation des enfants et la stabilité économique des parents sont difficilement réparables’’, ajoute le rapport.

La POHDH déclare condamner ‘‘le comportement du gouvernement de facto qui n’a montré aucune volonté et intérêt, selon elle, pour combattre les gangs armés qui terrorisent la population de manière constante. Le gouvernement ne s’est pas préoccupé de la souffrance et des maux qui rongent la population depuis 21 mois environ.’’

Elle recommande la mise sur pied d’un dispositif d’appui et d’accompagnement psychosocial et financier aux familles déplacées victimes de la terreur des gangs dans les quartiers populaires.

Les déplacés doivent être pris en charge conformément aux principes directeurs relatifs au déplacement de personnes à l’intérieur de leur propre pays, adoptés par la Commission des droits de l’homme le 11 février 1998 puis entérinés par l’Assemblée générale de l’ONU lors du Sommet mondial de 2005, soutient la POHDH.