“Plaidoyer pour l’obtention du droit de port ouvert de la Gonâve vers le trafic maritime international”…

Vue partielle de La Gonave...

LA GONÂVE, (Haiti), mercredi 29 janvier 2025- Dans un plaidoyer adressé aux autorités et à l’opinion publique, Me Miguel Richard, avocat et doctorant en diplomatie et relations internationales, exhorte à la réouverture du port de l’île de la Gonâve au commerce maritime international. Selon lui, cette initiative pourrait transformer l’île en un pôle économique et touristique de premier plan en Haïti, favorisant la croissance, l’investissement et la création d’emplois.

L’île de la Gonâve, d’une superficie de 689,62 km², se situe dans la baie de Port-au-Prince et compte une population estimée à 79 188 habitants. Elle est entourée par deux canaux maritimes majeurs : le canal de Saint-Marc au nord et le canal de la Gonâve au sud. Selon Me Richard, l’ouverture d’un port vers l’international ne doit pas être uniquement conditionnée par le développement local ou le pouvoir d’achat des habitants. Il rappelle que dans les années 1983-1991, le port d’Anse-à-Galets fonctionnait déjà comme un centre d’échanges douaniers avec l’étranger, générant d’importantes recettes pour l’État et des centaines d’emplois.

Il déplore que « la population jadis laissée pour compte se soit privée de la jouissance de ce droit depuis lors », insistant sur la nécessité pour l’État de rouvrir le port et de permettre à la Gonâve de jouer pleinement son rôle dans l’économie nationale. Il souligne que d’autres axes portuaires modernes, équipés de marinas, pourraient être développés tout au long des 170 km de périmètre de l’île, mettant en valeur ses 35 plages de sable blanc.

L’impact économique d’un port ouvert serait considérable, affirme-t-il. « Imaginez le regain de recettes directes globales et taxes journalières que l’État central et les municipalités de la Gonâve pourraient percevoir sur des millions de dollars US, provenant du trafic maritime, commercial, international voire du tourisme », écrit Me Richard. Il évoque la possibilité d’accueillir des bateaux de croisière transportant 5 000 touristes par semaine, chacun dépensant en moyenne 500 dollars US sur place.

Ce projet ne se limiterait pas au commerce maritime. Il inclurait également des infrastructures stratégiques telles qu’un aéroport international, des lycées maritimes, des écoles hôtelières, des piscines sportives, des banques de crédit pour la pêche et un observatoire maritime. Me Richard insiste sur le fait que l’île possède déjà une base portuaire solide, répertoriant « environ 35 ports aux dimensions variées » qui, s’ils étaient modernisés, pourraient devenir de véritables moteurs de développement.

Ce plaidoyer repose sur un fondement juridique, notamment l’article 2 du Code douanier de 1987, qui, selon lui, justifie la nécessité d’un port ouvert pour la Gonâve. Il appelle l’État à jouer son rôle régulateur en matière de droit maritime et de navigation, tout en honorant ses engagements internationaux.

Pour concrétiser ce projet, Me Richard propose plusieurs mesures, notamment :

• La réalisation d’une étude sur les fonctions et caractéristiques des 35 ports de l’île.

• L’élaboration d’un cadre légal pour le droit maritime et la navigation.

• L’introduction du droit maritime dans les cursus universitaires haïtiens.

• La promotion et la vulgarisation de ce domaine dans toute la société.

• Le financement de l’entretien et du développement des ports, via une agence maritime agréée après appel d’offres.

Me Richard appelle à considérer l’absence d’infrastructures sur l’île non pas comme une fatalité, mais comme une opportunité de développement à saisir. Pour lui, « ces manquements doivent être perçus non comme des obstacles insurmontables, mais comme autant de problèmes à résoudre par une politique d’aménagement et des programmes de développement territorial pérennes ».Ainsi, la Gonâve pourrait enfin devenir un « magnifique joyau de notre Haïti chérie », bénéficiant d’un développement à la hauteur de son potentiel géographique et économique.