PORT-AU-PRINCE, vendredi 20 octobre 2023– Selon le militant des droits humains, Pierre Espérance, l’arrestation de Joseph Félix Badio est un bon signe pour l’avancement de l’enquête en cours sur l’assassinat du président Jovenel Moïse.
Le directeur exécutif du réseau national de défense des droits humains (RNDDH) estime que Badio est un élément central dans cette affaire compte tenu du rôle qu’il aurait joué dans le meurtre de Moïse.
Se basant sur le rapport d’enquête de la DCPJ et celui de son organisation, Espérance affirme que Badio aurait planifié et coordonné l’assassinat du président dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021.
« Il se serait introduit dans la résidence présidentielle quelques heures après le crime pour emporter certaines choses appartenant à la victime », soutient Espérance.
Espérance souhaite que Badio soit auditionné rapidement par le juge en charge du dossier et que l’inculpé collabore avec la justice pour faire aboutir l’enquête.
Cependant, il dit déplorer que plus de deux ans se soient écoulés avant que celui qui est désigné comme l’un des cerveaux intellectuels du complot ayant conduit au meurtre du président ne soit arrêté.
Selon lui, Badio qui tissait des liens avec de hautes autorités politiques et policières, était protégé et a échappé à l’arrestation, soulignant qu’il était souvent vu a Pétion-Ville.
Espérance déclarer que Badio serait de connivence avec Léon Charles, ex-directeur général intérimaire de la police nationale d’Haïti, Francis Cinéus entre autres. « Il est vrai que Cinéus a été arrêté récemment dans le cadre de cette affaire, quant M. Charles, il a été récompensé avec son retour dans la diplomatie haïtienne comme représentant d’Haïti à l’OEA », déplore Pierre Espérance.
Léon Charles a déjà été auditionné par le juge instructeur en charge de l’enquête sur l’assassinat du président Jovenel Moïse. Il a toujours clamé son innocence et nié toute implication dans cette affaire.
Quant à Joseph Félix Badio,il s’est toujours dit prêt à affronter la justice dans le cadre des lourdes accusations qui pèsent sur lui pour son implication présumée dans la planification de l’assassinat de l’ex-président Jovenel Moïse.
Dans une note vocale mise en circulation en octobre 2022, Badio avait rejeté le rapport d’enquête de la DCPJ, dont il avait critique et le fond et la forme. Il a qualifié le document de rapport de politique.
Ignorant tout lien avec le couple présidentiel, Badio déclaré mettre en défi quiconque de prouver qu’il a fréquenté la résidence de Jovenel Moïse, ajoutant qu’il ne connait pas la couleur de la barrière de la maison du défunt président.
Niant les accusations portées contre lui, Badio avait déclaré : « Si quelqu’un est capable de prouver que je connais la couleur de la barrière d’entrée de la maison de Moïse, je suis prêt à en payer le prix et qu’il prépare la buchée. »
Il avait rejeté également les informations selon lesquelles, il avait loué une maison en face de celle du président.’’
Très critique envers les proches du président, Badio affirme que ‘‘Jovenel Moïse était un menteur, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs et ses collaborateurs le sont tous, arguant que ceux-ci utilisent son nom chaque fois qu’ils veulent emmerder Ariel Henry.’’
« Vous êtes confortables pour mentir parce qu’après l’avoir fait et détruit ma personnalité, vous rentrez calmement chez vous pour retrouver votre famille et qu’il ne pleut Pas sur vos estomacs des bombes et de grenades », avait déclaré Badio.
Après avoir sommé certaines personnalités pour des déclarations qu’il avait jugées ‘‘diffamatoires’’ concernant son rôle présumé dans le meurtre de Moïse, il avait passé à une autre étape. Badio se lançait dans une campagne de communication politique et proférait aussi des menaces de mort à l’encontre de ses adversaires désignés.
Au nombre de ces adversaires, figurent Pierre Espérance, militant des droits humains, directeur exécutif du RNDDH, Garry Pierre Paul-Charles, directeur de media, Luckner ‘‘Louko’’ Désir, journaliste à radio Eclaire, Ariel Henry, premier ministre de facto et tous les médias qui ont relayé, ce qu’il appelle le ‘‘mensonge’’ au sujet de son implication présumée dans l’assassinat de Moïse.
Badio qui avait fait l’objet d’un avis de recherche, avait promis de faire la guerre à tous ceux qui auraient associé son nom à l’assassinat de Jovenel Moïse.
‘‘Préparez-vous, je viendrai vers vous. C’est la dernière fois que cela se produit sur la terre d’Haïti. Je serai dans les rues, avertit Badio qui souligne que cette ‘‘guerre’’ est inévitable.
Il avait invité Ariel Henry qui l’avait interpellé à se rendre à la police à designer son juge pour entendre l’affaire et avertit également que le premier ministre de fait sera responsable de chaque personne qui sera tuée dans le pays.
« Certains gens vous ont utilisé et volé votre confiance, ensuite c’est vous qu’on blâme. Ils mourront tous », avait prévenu Badio.