Pierre Espérance préoccupé par l’absence de procès en Haïti concernant l’assassinat de Jovenel Moïse…

Photo: Pierre Espérance, Directeur Exécutif du RNDDH

PORT-AU-PRINCE, dimanche 7 juillet 2024 – Pierre Espérance, directeur exécutif du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), exprime de sérieuses inquiétudes quant à la possibilité que le dossier sur l’assassinat de Jovenel Moïse aboutisse à un procès en Haïti. “Ceux qui ont commis ce crime continuent encore de courir les rues impunément et cherchent à occuper tous les espaces de pouvoir politique pour empêcher la manifestation de la vérité”, déclare M. Espérance.

Il souligne que le dossier piétine depuis trois ans en raison des multiples obstacles rencontrés dans le cadre des enquêtes judiciaires et policières. Selon Espérance, cette situation illustre l’ampleur du complot ayant conduit à l’assassinat du président Jovenel Moïse. Se référant à l’ordonnance rendue en février dernier dans le cadre de cette affaire, le militant des droits humains affirme que ce sont des proches collaborateurs du président, sa femme et toute la chaîne de sécurité mise à son service, qui seraient impliqués dans ce vaste complot.

D’après Espérance, ces mêmes individus continuent d’entraver l’aboutissement du dossier à un procès des assassins de Moïse, arguant qu’ils ont fait tout pour maintenir l’impunité érigée en système en Haïti afin qu’ils échappent à la justice. Il déplore que l’ordonnance rendue dans cette affaire n’ait pas permis d’identifier véritablement les auteurs intellectuels et ceux qui ont financé le complot du 7 juillet 2021.

Espérance regrette que les banques locales n’aient pas collaboré pour lever le voile sur le financement du meurtre du président Moïse. Il dénonce également le fait que l’administration du Premier ministre Ariel Henry ait tout fait pour bousiller l’enquête sur l’assassinat de Moïse.

Espérance exprime également des doutes quant à une reprise effective du dossier par un juge à la Cour d’Appel, qui permettrait de faire la lumière sur l’assassinat de Moïse. À titre d’exemple, il cite l’affaire Jean Dominique qui traîne en longueur depuis 24 ans alors que le dossier est en appel depuis 2013.

Espérance appelle les organisations de la société civile à exercer des pressions sur les autorités haïtiennes afin de garantir un procès équitable et de mettre fin à l’impunité. Il rappelle que sans justice pour Jovenel Moïse et toutes les autres victimes de violence, il sera difficile de restaurer la confiance du peuple haïtien dans son système judiciaire.