Pierre Espérance: « L’attaque armée du gang “5 Secondes” contre le tribunal de première instance de Port-au-Prince était prévisible, mais évitable »…

Photo: Pierre Espérance, Directeur Exécutif du RNDDH

PORT-AU-PRINCE, jeudi 16 juin 2022- Pierre Espérance se dit choqué par l’inaction de plus en plus « avançante » des autorités en place face à l’arrogance des bandes criminelles qui opèrent en toute impunité en Haïti.

Des individus lourdement armés ont fait irruption au tribunal de première instance de Port-au-Prince le 10 juin dernier au moment où le commissaire du gouvernement de la capitale s’apprêtait à auditionner plusieurs prévenus accusés d’implication présumée dans une affaire d’abus de confiance, d’escroquerie, de détournement de fonds au préjudice de l’Etat.

Le raid des bandits visait, entre autres, à libérer certains des individus en question ayant comparu ce jour-là, à Harold Jean, Julien Victor, Roger Brutus, Gustave T. Mathurin Augustin…

Les prévenus ont effectivement été libérés par les bandits , mais très vite repris par la police qui semble avoir été informé du coup.

Espérance estime que l’attaque perpétrée vendredi dernier par des membrés du gang “5 Secondes” contre le tribunal de première instance (TPI) de Port-au-Prince, résulte du laxisme du gouvernement de facto qui, dit-il, n’a rien fait pour prévenir les actes de banditisme et neutraliser les bandits.

« Ce qui s’est passé était prévisible et évitable », souligne le militant des droits humains qui fustige le comportement des autorités qui, selon lui, quoiqu’informées de l’imminence de l’attaque, n’auraient pris aucune disposition pour l’empêcher.

Il affirme que depuis 2018, ces bandits occupent la zone du bicentenaire au centre-ville de la capitale et menacent toujours de prendre d’assaut les locaux des bureaux publics, mais aucun effort n’a été entrepris pour les mettre hors d’état de nuire.

« Accusés d’implication présumée dans de nombreux crimes abominables, dont des massacres, des viols, des enlèvements contre rançon entre autres, ces bandits sont alimentés en armes et en munitions par de hautes autorités étatiques », déclare M. Espérance.

“Ces autorités doivent renoncer à ce comportement et les citoyens doivent se révolter pour les forcer à mettre fin aux activités criminelles dans le pays,” poursuit Espérance.

Il souhaite que des dispositions soient prises en vue de faire fonctionner le TPI et le personnel judiciaire dans des conditions de sécurité appropriées, soulignant qu’il est inacceptable que des bandits puissent se permettre d’intervenir dans un tribunal pour libérer des prévenus.

Selon Espérance, un tel acte avilissant pour la justice haïtienne ne pourrait se passer sans la complicité de certaines autorités.