Pierre Espérance dénonce l’escalade de la violence terroriste en Haïti et l’inaction judiciaire contre “Viv Ansanm”…

Pierre Esperance, Directeur executif du Reseau National de Defense des Droits Humains (RNDDH)...

PORT-AU-PRINCE, mardi 18 février 2025Pierre Espérance, directeur exécutif du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), a dénoncé un nouveau massacre perpétré dans la nuit du 16 au 17 février 2025 par le gang “Kraze Baryè”, dirigé par Vitelhomme Innocent, membre influent de l’organisation terroriste “Viv Ansanm”. Selon Espérance, au moins vingt personnes ont été tuées lors de cette attaque meurtrière.

Il critique l’inaction de la justice face à l’escalade de la violence criminelle alimentée par les bandes terroristes qui prolifèrent notamment dans les départements de l’Ouest et de l’Artibonite. M. Espérance réclame des poursuites judiciaires contre les terroristes qui endeuillent le pays, ainsi que contre leurs alliés politiques et économiques impliqués dans le financement, la constitution de gangs armés et le trafic d’armes et de munitions. Il souligne que nombre d’entre eux ont été sanctionnés par les Nations Unies, les États-Unis et le Canada, mais déplore qu’aucune poursuite judiciaire n’ait été engagée jusqu’ici contre ces individus, qui, selon lui, tirent les ficelles des groupes terroristes opérant sur le terrain.

Le défenseur des droits humains condamne également le laxisme des autorités de transition face à la montée de l’insécurité dans le pays. Il déplore que le gouvernement et le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) ne priorisent pas la recherche de solutions à l’épineuse question de l’insécurité et de l’arrogance des bandes terroristes.

Pierre Espérance exhorte le CPT à se concentrer sérieusement sur les moyens de résoudre le problème des terroristes qui continuent de déstabiliser et de menacer l’existence du pays. Il appelle les autorités à fournir aux forces de l’ordre les moyens matériels, technologiques, logistiques et l’encadrement technique nécessaires pour neutraliser les malfrats.

Dans la nuit du 15 au 16 février 2025, l’organisation terroriste “Viv Ansanm” a intensifié ses attaques criminelles contre la population civile de la commune de Kenscoff. Elle a attaqué la localité d’Obléon et pris le contrôle du site stratégique dénommé “Teleco”.

Lors de cette attaque, deux agents de la Brigade de Surveillance et d’Appui à la Police (BSAP) et un militaire qui protégeaient le site ont été tués. Deux autres militaires des Forces Armées d’Haïti (FADH) ont été blessés par balles. Deux civils, une mère et son enfant, ont été tués puis brûlés.

Entre le 11 et le 14 février 2025, le chef de gang armé Wilson Joseph, alias “Lanmò San Jou”, a exécuté au moins onze personnes dans la commune de Croix-des-Bouquets, sous prétexte qu’elles avaient brisé l’omertà en fournissant des informations à la police.

Ces exécutions ont eu lieu après une intervention des agents de la Police Nationale d’Haïti (PNH) dans la commune, alors que le chef de gang organisait son propre carnaval. Furieux, il a pris pour cibles des membres de la population civile. Plusieurs autres personnes ont été sévèrement battues après la fouille de leurs téléphones portables.

En guise de rappel, le RNDDH souligne que dans la nuit du 26 au 27 janvier 2025, des bandits armés de la coalition “Viv Ansanm” ont perpétré une attaque sanglante dans plusieurs localités rurales de la commune de Kenscoff, dont Carrefour Bête, Ti Place, Tèt Morne, etc. Au cours de cette attaque, plus de cinquante personnes ont été massacrées et plus d’une centaine de maisons incendiées.

Selon les données des Nations Unies, l’année 2024 a été marquée par une escalade de la violence en Haïti. Au cours de cette année, plus de 5 600 personnes ont été tuées par des gangs armés, et plus d’un million de personnes ont été déplacées à travers le pays. Les femmes et les filles sont particulièrement vulnérables, représentant une grande partie des populations déplacées. Parmi elles, 300 000 vivent dans des conditions précaires, sans accès à des services de sécurité et de santé élémentaires, et sont exposées à des risques accrus de violences sexuelles et basées sur le genre. Les camps de fortune manquent de produits de première nécessité, et les femmes et les filles y sont souvent victimes d’agressions, y compris de viols utilisés comme tactique pour contrôler l’accès à l’aide humanitaire limitée.

Les experts de l’ONU ont exprimé leur vive inquiétude face à cette violence sans précédent, notant que des groupes armés contrôlent de vastes zones, compliquant l’accès de l’aide humanitaire. Les affrontements entre les gangs et la police nationale haïtienne ont instauré un climat de peur, limitant la liberté de mouvement et l’accès aux services de base. Au cours du seul premier trimestre de 2024, 2 500 personnes, dont au moins 82 enfants, auraient été tuées ou blessées dans des violences liées aux gangs. (ohchr.org)

Face à cette situation alarmante, Pierre Espérance appelle à une action urgente et coordonnée des autorités haïtiennes et de la communauté internationale pour rétablir la sécurité, protéger les populations civiles et traduire en justice les responsables de ces atrocités.