PORT-AU-Prince, lundi 29 avril 2024 – Pierre Espérance estime anormal que plusieurs jours après leur prise de pouvoir, les conseillers présidentiels ne parviennent toujours pas à désigner un président pour coordonner les activités du conseil présidentiel de transition (CPT).
Le directeur exécutif du réseau national de défense des droits humains (RNDDH) pense que les membres du COT sont mal partis et que leur comportement, leur manque de leadership et leur ambition à être président du conseil à tout prix dans leur seul intérêt, risque d’éroder le peu de confiance populaire dont ils jouissent jusqu’ici.
« S’ils ne peuvent pas s’entendre eux pour désigner un coordinateur, parviendront-ils à s’accorder sur la mise en application d’une feuille route pour s’attaquer résolument aux défis que représentent les gangs armés, la crise humanitaire, la reconstruction de l’Etat démoli complètement par le gouvernement Ariel Henry », se demande M. Espérance.
« S’ils mettent tout ce temps pour se choisir un leader, combien de temps auront-ils besoin pour désigner un premier ministre et former un gouvernement pour se mettre au travail afin de commencer à répondre aux multiples attentes de la population qui se trouve privée de ses droits les plus élémentaires depuis plusieurs années », s’interroge encore le militant des droits humains.
Selon Espérance, si les conseillers présidentiels étaient conscients de l’immensité de la tâche et de la complexité des problèmes qui les attendent, la désignation du président du CPT serait une simple formalité. Selon lui, les conseillers présidentiels devraient savoir qu’ils n’ont pas toute une éternité devant eux pour mettre en branle et finaliser le processus de désignation de leur président, sachant que l’heure est grave et que le pays ne peut perdre de temps ni attendre que leurs caprices soient satisfaits.
Il souligne que depuis le 29 février 2024, la situation sécuritaire et gouvernementale dans la région métropolitaine a atteint un point critique. Avec la fermeture des services administratifs et publics, la population se retrouve confrontée à un vide de pouvoir préoccupant. Cette situation est exacerbée par la montée en puissance de gangs violents, qui exercent leur influence de manière croissante sur la vie quotidienne des habitants.
La présence policière est devenue quasiment inexistante dans de nombreuses zones, laissant les citoyens à la merci de la criminalité rampante. Les récents événements, notamment l’attaque du 22 février dernier où un groupe armé a perpétré des actes violents, soulignent l’urgence d’une action gouvernementale efficace pour rétablir l’ordre et la sécurité.
“Malgré les appels à un renforcement des effectifs policiers, la réponse des autorités a été limitée. Depuis le départ du commissaire de police de Boripo en février 2020, les demandes de renfort ont souvent été ignorées, laissant les forces de l’ordre locales dépassées par la violence croissante.”
« La situation politique n’est pas non plus épargnée par le chaos. Les différentes factions cherchent à s’affirmer et à obtenir une place au sein du conseil présidentiel, ce qui ajoute une dimension complexe à la crise en cours. La nécessité d’une collaboration entre les divers acteurs devient de plus en plus pressante, alors que la sécurité et la stabilité de la région sont menacées », suggère M. Espérance.
“Malgré les défis persistants, l’espoir subsiste que des mesures concertées puissent être prises pour restaurer la paix et l’ordre dans la région métropolitaine. Il est impératif que les autorités prennent des mesures décisives pour assurer la sécurité des citoyens et rétablir la confiance dans les institutions gouvernementales. Seul un effort collectif et coordonné permettra de surmonter les défis actuels et de construire un avenir meilleur pour tous”, selon Espérance.
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