PORT-AU-PRINCE, le vendredi 29 décembre 2023– Le militant des droits humains, Pierre Espérance, a exprimé son choc en apprenant que le Premier Ministre haïtien, Ariel Henry, a été auditionné en tant que témoin dans l’enquête en cours sur l’assassinat du président Jovenel Moïse. L’audition a été réalisée par le juge en charge du dossier, Walter Wesser Voltaire.
Après cette audition, Ariel Henry a publié une déclaration sur son ancien compte Twitter, affirmant qu’il avait été entendu en tant que témoin. Il a souligné sa confiance envers la justice haïtienne et a assuré sa coopération totale avec le juge, insistant sur le fait que sa réponse aux questions contribuait à faire émerger la vérité, soulignant que personne n’est au-dessus de la loi.
Cependant, selon Pierre Espérance, cette audition est un affront à l’enquête et à la justice. Il argumente que, selon le réquisitoire supplétif du commissaire du gouvernement Bed-Ford Claude en septembre 2021, Ariel Henry a déjà été inculpé, remettant en question la légitimité de son audition en tant que témoin.
Pierre Espérance critique également le fait que le juge, accompagné de son greffier, se soit déplacé en personne pour auditionner Ariel Henry et d’autres hauts fonctionnaires cités dans cette affaire. Selon Espérance, cela viole le principe d’égalité des citoyens établi par l’article 18 de la constitution haïtienne, arguant que le code d’instruction criminelle (CIC) de 1835 ne peut primer sur la constitution.
Espérance souligne que la constitution ne fait pas de distinction entre les citoyens, tous étant égaux devant la loi, et dénonce les efforts visant à compromettre l’enquête sur l’assassinat de Jovenel Moïse.
Les révélations du commissaire du gouvernement Bed-Ford Claude, déposées en septembre 2021, mettent en lumière des communications entre Ariel Henry et le fugitif Joseph Felix Badio. Ces informations, appuyées par les organisations VIV AYITI et RNDDH, ont été confirmées par un rapport de la Digicel, révélant des appels téléphoniques géolocalisés à des endroits cruciaux liés à l’assassinat.
Ces nouveaux éléments, jusqu’ici ignorés, ajoutent à la confusion dans cette affaire, avec des déclarations contradictoires du Cabinet du Premier Ministre. Le réquisitoire supplétif demande à l’ancien juge d’instruction, Me Garry Orélien, d’inculper Ariel Henry, avec une demande d’interdiction de quitter le territoire national en raison de la gravité des faits exposés.
Le commissaire Bed-Ford Claude a été licencié en septembre 2021 par le Premier Ministre Ariel Henry peu après la transmission du rapport supplétif au cabinet d’instruction.