PORT-AU-PRINCE, mardi 26 novembre 2024 – Pierre Espérance, directeur exécutif du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), a salué les initiatives visant à écarter trois conseillers présidents du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), accusés d’implication dans le scandale de corruption portant sur 100 millions de gourdes de la Banque Nationale de Crédit (BNC). Espérance a qualifié cette mesure d’urgente et nécessaire pour restaurer la crédibilité du CPT, indispensable à l’accomplissement de sa mission dans la transition politique actuelle.
« L’image du CPT est gravement ternie par ces accusations. Louis Gérald Gilles, Emmanuel Vertilaire et Smith Augustin doivent se mettre en retrait pour permettre au Conseil de travailler efficacement », a-t-il déclaré, tout en rappelant que l’accord du 3 avril a déjà subi plusieurs violations compromettant le processus de transition.
Pierre Espérance a également révélé que les États-Unis ont exercé une pression significative sur le président du CPT, Leslie Voltaire, pour qu’il prenne des mesures contre les conseillers incriminés avant le 30 novembre 2024. « Si ces trois conseillers ne sont pas écartés, l’administration Biden, en fin de mandat, prévoit d’imposer des sanctions dont la nature reste à préciser », a-t-il affirmé, en insistant sur l’importance de maintenir une gouvernance exemplaire dans cette période critique.
Espérance a proposé une solution pour assurer la continuité des activités du CPT malgré l’absence des conseillers écartés : « Les conseillers non impliqués devraient s’accorder sur une résolution visant à réduire le quorum à une majorité de trois. Cela permettrait au Conseil de poursuivre son travail sans attendre de nouvelles nominations. »
Le militant des droits humains a également dénoncé les manœuvres orchestrées par les trois conseillers pour obtenir le limogeage des directeurs généraux de l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC) et de la Police Nationale d’Haïti (PNH). Selon Espérance, ces actions visent à fragiliser des institutions clés dans la lutte contre la corruption et l’insécurité. « Ces conseillers ont tenté de faire remplacer Hans Ludwig Joseph et Rameau Normil par des individus plus complaisants, ce qui mettrait en péril la stabilité du pays », a-t-il dénoncé, en précisant que des cadres supérieurs de la PNH ont été approchés dans cette optique.
Espérance a également établi un lien direct entre les conseillers accusés et des tentatives d’affaiblir les efforts de la PNH contre le groupe criminel “Viv Ansanm”, dirigé par Jimmy Cherizier, alias Barbecue. « Certains cadres de la PNH ont été encouragés à saboter les opérations en cours contre cette organisation terroriste, dans le but de discréditer la direction actuelle de la police », a-t-il affirmé.
Pierre Espérance a exhorté le CPT à désigner officiellement “Viv Ansanm” comme une organisation terroriste. « Tous ceux qui collaborent avec cette organisation, directement ou indirectement, doivent être traités comme des terroristes », a-t-il insisté. Il a également recommandé la création d’une unité anti-terroriste spécialisée, dotée de ressources modernes et d’un personnel hautement qualifié, pour mieux combattre les groupes armés.
Concernant les finances publiques, Espérance a critiqué l’utilisation abusive des fonds destinés au renseignement. « Ces ressources doivent être réaffectées à des initiatives concrètes visant à renforcer la sécurité nationale, et non dilapidées par les membres du CPT ou du gouvernement », a-t-il martelé.
Espérance s’en est également pris au président du CPT, Leslie Voltaire, qu’il accuse de protéger les conseillers incriminés. « Cette complaisance nuit à la transition et aux efforts pour rétablir l’État de droit », a-t-il déclaré, en appelant à des mesures fermes pour renforcer la transparence et l’intégrité du Conseil. « L’indulgence envers ces individus risque de sceller l’échec de la transition en cours. »
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Espérance a également abordé les faiblesses du système judiciaire haïtien. Il a critiqué le retrait des délégués du ministère de la Justice du Comité Technique de Certification (CTC), une décision qu’il considère comme un obstacle majeur à la réforme du système judiciaire. « Sans une réforme sérieuse, il sera impossible de garantir l’État de droit en Haïti », a-t-il averti, en appelant à un engagement sincère du ministère de la Justice.
Pierre Espérance a conclu en appelant les autorités à rompre avec les pratiques de complaisance et à s’engager résolument dans la lutte contre la corruption et l’insécurité. « L’avenir d’Haïti repose sur une gouvernance responsable et une lutte sans compromis contre l’impunité », a-t-il déclaré. Il a averti que tout échec du processus de transition serait une catastrophe dont les responsables ne pourraient se dédouaner.