Ordonnance de renvoi de Junior Barthélemy et Ady Gaston devant le tribunal criminel pour assassinat, incendie et association de malfaiteurs aux Gonaïves : Non-lieu en faveur de Poristene Biron, Emmanuel Anescar, et Patrick Vladimir Bourdeau…

photo: PNH: Junior Barthélémy, alias ” Aboulò”...

GONAÏVES, mercredi 18 septembre 2024– Le magistrat instructeur Guimy Thélot a rendu une ordonnance de renvoi concernant Junior Barthélemy et Ady Gaston. Accusés d’assassinat, d’incendie criminel et d’association de malfaiteurs, ils sont envoyés devant le tribunal criminel pour répondre de ces charges. L’affaire a choqué la communauté des Gonaïves, où les faits se sont déroulés, notamment avec l’incendie d’un véhicule de police et l’assassinat de Yves Durogene. Trois autres accusés, Poristene Biron, Emmanuel Anescar, et Patrick Vladimir Bourdeau, ont bénéficié d’un non-lieu.

L’incendie criminel, ayant détruit des propriétés aux Gonaïves, a causé la mort de victimes dont les détails seront précisés lors du procès. Junior Barthélemy et Ady Gaston sont présentés comme les acteurs principaux dans ces actes de violence. L’enquête initiale avait conduit à plusieurs arrestations, mais après un examen approfondi, le magistrat Thélot a jugé qu’il manquait de preuves suffisantes pour poursuivre Biron, Anescar, et Bourdeau.

Selon l’ordonnance, Junior Barthélemy, également connu sous le surnom « Aboulor », aurait été impliqué dans divers actes criminels, dont l’incendie du véhicule de police. L’ordonnance précise que ce dernier a été informé par Ernsto Registre, un ex-inspecteur de police, du vol d’une sacoche et d’une somme d’argent avant que le véhicule soit incendié. Barthélemy et un autre accusé, Jerry Bien-Aimé, ont alors promis de récupérer les objets volés.

Dans son interrogatoire, Barthélemy a nié toute implication directe dans l’incendie du véhicule de police et a soutenu qu’il avait été informé des faits par Ernsto Registre. Il a affirmé qu’il n’avait aucune autorité sur le groupe arm

é ayant commis l’incendie, bien qu’il connaisse ce groupe sous le nom de « Raboto ». Selon ses déclarations, s’il avait été présent lors de l’incident, il aurait pu intervenir pour éviter la situation. Barthélemy a également nié tout rôle dans la négociation visant à restituer l’argent volé.

Ady Gaston, co-accusé, a également rejeté toute responsabilité dans les crimes, incluant l’incendie et l’assassinat de Yves Durogene. Lors de son interrogatoire, Gaston a affirmé ne pas être lié au groupe armé ayant perpétré ces actes, et a précisé qu’il n’avait pas été mentionné dans le rapport de police concernant ces faits. Les confrontations organisées par le juge d’instruction n’ont pas changé leur position, les deux accusés ayant maintenu leur défense et nié toute participation aux crimes reprochés.

L’ordonnance de renvoi met également en lumière un aspect central de l’affaire : la possession d’une arme à feu par Junior Barthélemy. Lors de son arrestation, il avait en sa possession une arme, qu’il a déclaré appartenir à la compagnie de sécurité « National Security », pour laquelle il travaille. Cette arme aurait été remise par le responsable de l’armement de la compagnie, Vladimir Bourdeau. Cependant, des anomalies ont été relevées concernant le permis de port d’arme de Barthélemy, notamment l’absence d’empreinte digitale sur le document, ce qui a soulevé des doutes sur l’authenticité du permis.

Durant l’enquête, des liens entre Barthélemy et Youri Latortue, un actionnaire de National Security, ont été examinés. Latortue a confirmé que Barthélemy avait légalement le droit de porter une arme en tant que superviseur de la compagnie, mais des irrégularités ont été constatées concernant le permis retrouvé sur Barthélemy. L’arme associée à ce permis ne correspondait pas aux informations inscrites sur le document, ce qui a suscité des interrogations supplémentaires.

Vladimir Bourdeau, qui a été également entendu dans le cadre de l’enquête, a nié toute accusation de falsification de documents. Il a soutenu que les permis délivrés par la compagnie National Security étaient conformes à la loi et que l’arme en possession de Barthélemy était bien enregistrée. Bourdeau a ajouté qu’il ne connaissait pas personnellement les autres accusés à part Barthélemy, qu’il considère comme un simple employé.

L’incendie du Tribunal de Première Instance des Gonaïves, qui s’est produit en février 2022, est un autre élément examiné dans le cadre de cette enquête. Bourdeau a affirmé n’avoir aucun lien avec cet incendie, expliquant qu’il se trouvait à Port-au-Prince à cette époque. Il a insisté sur la légalité des permis de port d’arme fournis par National Security, précisant qu’ils contenaient toutes les informations requises par les autorités compétentes.

Youri Latortue a également été auditionné par le juge d’instruction concernant son rôle dans la gestion de National Security et la supervision des armes attribuées aux agents de sécurité, notamment celle de Barthélemy. Il a confirmé que Barthélemy avait bien le droit de porter une arme en raison de son rôle au sein de la compagnie. Toutefois, les irrégularités relevées sur le permis d’arme de Barthélemy, notamment l’absence d’empreinte et les divergences entre les numéros du permis et de l’arme, ont soulevé des soupçons.

Malgré ces anomalies, ni Latortue ni Bourdeau n’ont été formellement inculpés pour falsification de documents ou autres délits dans le cadre de cette affaire. Cependant, un mandat d’amener a été émis contre Bourdeau. Quant à Latortue, le mandat initialement émis contre lui ne figurait plus dans le dossier judiciaire. Le juge chargé de l’affaire a procédé à leur audition, mais leur responsabilité directe dans les crimes imputés à Barthélemy et aux autres accusés n’a pas encore été clairement établie.