Las Terrenas, Samaná, République dominicaine, 16 novembre 2024 – La paisible commune de Las Terrenas, connue pour ses plages idylliques et son industrie touristique, traverse une période troublée marquée par des opérations migratoires controversées. Depuis le 2 octobre, les autorités dominicaines ont intensifié les déportations de migrants haïtiens, entraînant une série de violations des droits de l’homme qui suscitent inquiétude et indignation.
Le 8 novembre, une opération menée par les autorités migratoires, les forces armées et la police a mis en lumière la gravité des abus signalés. Dans les quartiers défavorisés de Come Pan et La Ceiba, des résidents ont rapporté des scènes de violence où des agents ont enfoncé les portes de maisons, extorqué argent et téléphones, et emmené de force des individus, souvent sans leur permettre de s’habiller.
Les rues de Las Terrenas ont été investies par des militaires armés, certains sautant des camionnettes pour poursuivre des personnes. Près de la plage, un camion militaire était stationné, entouré de plusieurs véhicules remplis de soldats. Des témoins ont observé des scènes alarmantes, notamment l’arrestation violente d’un homme pourtant en possession de documents valides et la présence de deux enfants dans un camion de migration. Un résident décrit : « J’ai vu un homme des forces armées saisir un Haïtien par la force alors qu’il lui montrait son permis. Ils l’ont tout de même emmené dans le camion. »
Ces actions ont provoqué un climat de peur chez les résidents locaux, les expatriés et les touristes. De nombreux travailleurs haïtiens, même en situation régulière, hésitent désormais à se rendre au travail. Les visiteurs, eux, se disent troublés par la présence omniprésente des forces armées et par les rapports de harcèlement et de violence.
Selon le Comité de Résidents pour la Défense de Las Terrenas, « l’abus des droits des migrants haïtiens par les autorités dominicaines affecte notre confiance en leur capacité à respecter et protéger les droits de toutes les personnes sur leur territoire, conformément à leurs lois. » Le Comité ajoute : « Ces événements sapent la confiance dans les autorités, compromettent l’image de Las Terrenas et freinent les activités économiques dépendantes de la main-d’œuvre migrante. »
Le Comité exhorte les autorités à mettre fin à ces abus en soulignant : « Le gouvernement doit garantir qu’il y ait des conséquences pour ses agents qui abusent de la loi au moment de détenir ou de traiter les migrants en vue de leur déportation. » Par ailleurs, il reconnaît le droit du pays à gérer ses politiques migratoires tout en rappelant que « la République Dominicaine et tous les pays ont le droit de déterminer leurs propres politiques migratoires, mais nous attendons également que les autorités dominicaines respectent les lois et les protocoles migratoires dominicains. »
« Sans des mesures urgentes, ces pratiques risquent de transformer un havre touristique en une zone de tensions et d’insécurité, au détriment des résidents, des entreprises et des visiteurs », conclut le Comité.