Port-au-Prince, 11 janvier 2021- Le constat du RNDDH sur la situation des droits humains des résidents des camps d’hébergement et des sites de relocalisation est particulièrement accablant.
Selon l’organisation de promotion et de défense des droits humains, onze (11) après le séisme dévastateur du 12 janvier 2010, la situation des résidents de ces camps d’hébergement provisoire devenus permanents, ne s’est toujours pas améliorée.
Le RNDDH qui a visité vingt-et-un (21) des vingt-six (26) sites d’hébergement au cours de l’année 2020, note que la gestion communautaire de ces sites d’accueil est abandonnée au profit de l’organisation individuelle de la vie.
Dans un rapport rendu public le 11 janvier 2021, l’organisme des droits humains fait remarquer que les infrastructures, la situation sécuritaire, l’accès à l’eau potable, à l’électricité, à l’éducation et aux soins de santé dans les camps continuent d’être particulièrement préoccupantes.
Sur le plan des infrastructures, ‘’Après onze (11) années de service, les abris provisoires qui sont devenus par la force des choses, permanents, raccommodés, rafistolés, ne peuvent plus protéger contre le soleil, le vent et la pluie. Dans 72 % des sites visités, les abris sont en très mauvais état. Dans 24 %, ils sont plus ou moins passables et seulement dans 4 % des cas, ils sont en bon état, souligne le RNDDH.
Le RNDDH estime également que, ‘’ L’accès aux latrines constitue une préoccupation majeure pour les personnes évoluant dans les camps d’hébergement et sites de relocalisation. Selon les informations recueillies par le RNDDH, seuls dans 24 % des sites, les résidents disposent de latrines communautaires ou familiales. Dans 72 % des sites, ils doivent utiliser des sachets ou déféquer à même le sol.
Sur le plan sécuritaire, seuls 28% des sites bénéficient d’une certaine couverture policière souligne l’organisme des droits humains qui fait remarquer que 72% des autres sites d’hébergement et de relocalisation visités sont éloignés de toute instance de police.
‘’Conséquemment, la situation sécuritaire des personnes qui y vivent est très préoccupante. Elle est caractérisée par des actes de violence et des pressions pour porter certaines communautés à abandonner les espaces occupés, par des attaques armées perpétrées par des bandits armés vivant dans les sites concernés, par l’invasion de ces sites par des bandits armés en provenance d’autres zones, précise le RNDDH.’’
L’accès a l’eau demeure une préoccupation majeure également dans ces camps. Le RNDDH signale que seuls 19 % des sites visités sont alimentés par la Direction Nationale d’Eau Potable (DINEPA) tandis que dans 77 % des sites visités, les résidents-tes sont obligés d’acheter le seau de cinq (5) gallons d’eau à un prix qui varie entre cinq (5) gourdes (Corail Cesselesse, Modsol 1, Modsol 2, Modsol 3, Voix des Sans Voix, Montpellier, Habitat), huit (8) gourdes (Lumane Casimir, Onaville) et dix (10) gourdes (Saint-Etienne 1 et Saint-Etienne 2).
Pour ce qui a trait à l’accès à l’électricité, le RNDDH note que, le courant électrique est disponible dans 62 % des sites visités par le RNDDH. Par exemple, Tabarre Issa de Greffin est alimenté par trois (3) transformateurs. Le Village Lumane Casimir compte une génératrice d’une capacité de quarante (40) kilowatt, qui dessert la population.
Au niveau de l’éducation, l’organisation relève qu’à proximité ou à l’intérieur de certains sites d’accueil, il existe des établissements scolaires privés et publics. Dix-neuf (19) 19% des sites visités par le RNDDH disposent d’une école nationale et 15 %, d’un lycée. Il cite les cas du Lycée Leslie François Manigat et d’une école nationale qui desservent les enfants de Onaville.
En matière de santé, dans 82 % des cas, les résidents des camps d’hébergement et sites de relocalisation doivent se déplacer pour avoir accès aux soins de santé, selon le RNDDH.
En guise de conclusion, le RNDDH souligne que onze (11) années après le séisme qui a frappé le pays le 12 janvier 2010, les résidents des camps d’hébergement et sites de relocalisation vivent dans la négation de leurs droits fondamentaux.
‘’Il s’agit en fait d’environ cinquante mille (50.000) citoyens du pays qui font continuellement face à l’insécurité en raison des attaques armées qu’ils subissent d’individus qui tentent de les expulser ou qui veulent tout simplement avoir le contrôle des espaces qu’ils occupent, selon le RNDDH.’’
Face à cette situation, le RNDDH appelle la population haïtienne en général et celle des camps d’hébergement et sites de relocalisation en particulier à s’organiser pour exiger le respect de leurs droits à la sécurité, à la dignité, à l’assistance et à la protection sociale de l’Etat haïtien.
Le 12 janvier 2010 un séisme de magnitude 7.4 sur l’échelle de Richter ravagé plusieurs villes du pays, notamment dans les départements de l’Ouest, du Sud-est et des Nippes, causant le décès de deux cent vingt-deux mille cinq cent dix-sept (222.517) personnes, la disparition de trois cent mille (300.000) autres et occasionnant des dommages financiers incommensurables.
Des fonds provenant du programme petro caribe et de la CIRH, près de quatorze (14) milliards de dollars américains qui devaient servir à la reconstruction du pays et a la relance de l’économie du pays, ont été dilapidés, selon un rapport d’audit publié en trois (3) parties notamment sur la gestion du fonds petro caribe, par la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif (CSC/CA)