KINGSTON, dimanche 11 juin 2023– C’est un discours polémique qu’Ariel Henry a prononcé dimanche à l’occasion du dialogue ‘‘inter-haïtien’’ qui s’est ouvert dimanche à Kingston, capitale de la Jamaïque.
Il a commencé par blâmer les facilitateurs qui n’avaient pas répondu à l’invitation du gouvernement et du haut conseil de la transition (HCT) qui a organisé les 23 et 24 mai dernier un forum sur la crise socio-politique haïtienne, pour ensuite faire la leçon aux représentants d’autres secteurs haitiens présents à ces assises qui prennent fin mardi.
« Nous ne sommes pas venus ici pour recevoir des diktats de quiconque. Nous ne sommes pas venus ici pour négocier un nouvel accord en plus. Nous sommes là pour nous entendre avec entre compatriotes qui ont à cœur l’intérêt national, sur les prochaines étapes dans la marche vers la reconstruction de notre démocratie. Nous sommes entre nous, avec nos frères de la CARICOM, nous pouvons sereinement nous dire certaines vérités en face, sans nous fâcher pour autant », a déclaré Henry.
Selon lui, ‘‘tout le monde sait qu’aucune solution durable pour Haïti ne saurait venir de l’étranger, ni être imposée par d’autres, qu’ils soient de la CARICOM ou d’ailleurs. Il incombe à nous haïtiennes et haïtiens de trouver entre nous, par nos propres moyens, ce projet national commun susceptible de nous unir pour une renaissance de cette nation’’, a-t-il insiste.
Chef d’un gouvernement dépourvu de légitimité dont le pouvoir a été valide par un tweet du Core Group, Ariel henry a fustigé le comportement des acteurs de l’accord de Montana, sans les citer ouvertement qui, a-t-il dit, ont voulu l’évincer.
‘‘Certains d’entre nous voulaient accéder au pouvoir sans passer par les élections et ont même coopté un président de la république et choisi un nouveau premier ministre. Pour eux, c’était ça la meilleure solution. D’autres dont je fais partie ont pensé que la solution durable pour notre pays passait par la création d’un environnement sécuritaire propice pour redonner la parole au peuple haïtien en vue de choisir librement les femmes et les hommes auxquels ils veulent confier la direction du pays, a déclaré le chef du gouvernement de fait.
Soulignant l’insécurité criminelle marquée par les enlèvements contre rançon, l’insécurité alimentaire qui affecte près de 5 millions d’haitiens et les catastrophes naturelles touchant les plus vulnérables, M. Henry a déclaré : ‘‘Non nous n’avons plus le droit, ni le temps pour tergiverser davantage. Il nous faut un kombit national pour sortir notre pays de cette spirale infernale. Haïti doit impérativement recommencer à fonctionner comme pays normal.’’
Il a rappelé que l’engagement a été pris de procéder à un remaniement au sein du gouvernement-un engagement pris depuis maintenant six mois, mais qui n’a jusqu’ici été matérialisé, au point que certains de ses alliés commencent à exprimer leur impatience. Il a dit que ce sera ce sera fait cette fois.
« La promesse a été faite de procéder à des réformes au niveau de la haute administration publique. Ce sera fait. Des changements significatifs ont été annoncés pour mettre de l’ordre dans la diplomatie. Ce sera fait. La garantie a été donnée que certains agents intérimaires dans les collectivités locales seraient remplacés, ça aussi sera fait », a promis Henry une nouvelle fois.
‘‘Avec le Haut Conseil de la Transition nous avons donné l’assurance que le Conseil Électoral Provisoire serait constitué, avec des personnalités proposées par divers secteurs de la vie nationale. Nous le ferons bientôt, car nous devons apporter la preuve à nos compatriotes, que nous sommes sérieux quand nous disons que nous voulons redonner la parole au peuple pour le choix de sa destinée’’, a ajouté Ariel Henry qui ne se lasse jamais de faire des promesses a répétition.
Declarant tendre la main a ses adversaires, Henry a dit : « Nous allons vers des élections générales. Il faut que la population ait confiance dans le processus, qu’elle se l’approprie et qu’elle ait l’assurance que ses votes seront comptés. C’est la condition sine qua non pour qu’il y ait un fort taux de participation en vue de garantir une légitimité certaine aux futurs élus ».
En 2021, il avait déjà promis des élections pour la première moitie de 2022, mais ces joutes n’ont pas eu lieu.
De même, lui et ses alliés se sont engages à travers l’accord du 21 décembre 2022 pour avoir des élections à la fin de 2023 et la passation du pouvoir des dirigeants élus, le 7 février 2024. A date rien n’indique qu’il y aura des élections cette année.
Il a invité les participants au dialogue de la Jamaïque à travailler avec le prochain Conseil Électoral Provisoire sur la reconstitution des structures de l’appareil électoral.
‘‘ Venez réfléchir avec nous sur un mécanisme de financement des partis politiques et des candidats. Venez contribuer au rétablissement de la paix sociale. Venez discuter avec nous d’infrastructures, d’énergie renouvelable, d’autosuffisance alimentaire, d’éducation. Nous vous attendons. Haït a besoin de la contribution de tous ses fils’’, a déclaré Ariel Henry.