PORT-AU-PRINCE, samedi 21 octobre 2023– D’après ‘‘Nou Pap Domi’’ (NPD), sans surprise le rapport final du Groupe d’experts des Nations Unies chargé d’enquêter sur la criminalité en Haïti, confirme une série de faits, que des militants, des défenseurs des droits de l’homme et de nombreux autres acteurs de la société civile dénoncent et documentent depuis plusieurs années.
« Nous notons que le rapport confirme les différents rapports que les Petro-challengers ont poussé à rédiger sous une forte pression populaire et reconnaissons les implications de divers puissants PHTK, d’autres acteurs politiques et acteurs économiques majeurs, dans le détournement et le détournement des fonds Petrocaribe », déclare NDP dans un communiqué.
NPD dit noter que ‘‘le rapport confirme qu’il existe un lien étroit entre le régime du PHTK, dans ses différentes versions, et les groupes criminels qui sèment la désolation au sein de la population haïtienne.’’
L’organisation des Petro-challengers rappelle le premier ministre de facto Ariel Henry qui est à la tête du pays depuis près de 3 ans, a occupé 2 postes ministériels dans le gouvernement de Michel Martelly : ministre de l’intérieur et ministre des affaires sociales.
Selon NPD,’’ ces 2 ministères de ce régime servent souvent de ponts entre le gouvernement et les bandes criminelles.’’
NPD déclare prendre note de l’ensemble des recommandations visant à un engagement plus sérieux auprès du Conseil de sécurité de l’ONU, à apporter un soutien plus cohérent au système judiciaire du pays, au système de sécurité douanière et à un soutien sérieux à la police nationale.
L’organisation souhaite que le comité d’experts poursuive son travail dans le sens des aspirations du peuple haïtien, qui refuse de vivre dans une société où la corruption et les criminels dirigent leur destin ; ‘‘où malgré tous les crimes et tous les cris de détresse, ils obtiennent toujours le soutien d’une série de pays membres de l’ONU, jusqu’à commettre des dizaines de massacres contre la population.’’
« Si les criminels et les corrompus ne se trouvent pas dans la place qui leur est réservée, qui est la prison, ils ne cesseront de représenter un obstacle au bien-être du peuple haïtien, à une véritable démocratie et à la stabilité de toute la région », ajoute Nou Pap Domi.
L’organisation affirme que le rapport final du groupe d’experts du Conseil de sécurité de l’ONU renforce sa position qui estime que « toutes les précipitations pour conduire le pays aux élections avec les mêmes dirigeants criminels et corrompus, sans l’approbation des forces vives de la nation, est une manœuvre supplémentaire pour banaliser les crimes commis et garantir l’impunité aux criminels. »
NPD réaffirme son soutien au régime de sanctions de l’ONU et estime que personne ayant des liens avec le crime, qu’il soit financier ou non, n’a sa place dans la transition qu’Haïti mérite.
Selon NPD, ‘‘tous les actes de violation des droits dont parle le Groupe d’experts de l’ONU, sont décrits dans le rapport : trafic d’armes, de drogue et de personnes ; la vétusté des fonds publics, les massacres, etc., trouvent leurs racines dans la gouvernance du pays, ajoutant que la solution à la crise viendra donc des propositions formulées par diverses organisations de la société civile depuis plusieurs années.’’
Les experts onusiens chargés d’enquêter sur la criminalité en Haïti, qui ont analysé plusieurs rapports produits par diverses entités sur l’utilisation des fonds du programme Petrocaribe, affirment que « Les pires détournements ont eu lieu pendant le mandat présidentiel de M. Martelly, de 2011 à 2016, qui a coïncidé avec le mandat de Laurent Lamothe en tant que Ministre de la planification et de la coopération extérieure et Premier Ministre, de 2012 à 2014. »
Ils soulignent que M. Lamothe, qui était l’ordonnateur principal pour le décaissement des fonds, a délivré des autorisations pour un montant total de 668,8 millions de dollars pour 149 projets.
‘‘Martelly et Lamothe ont été contraints de démissionner, mais pas en même temps, en raison des manifestations publiques nationales contre la corruption’’, soutiennent les experts.
Ils rappellent qu’en 2022 et 2023, M. Lamothe a fait l’objet de sanctions par deux États Membres, et M. Martelly, par un État Membre.
Les experts font remarquer que les rapports d’enquête officiels haïtiens ont conclu que, ‘‘sur le montant total de 1 738 691 909 dollars alloué aux projets, environ 92 % avaient été dépensés sur la base d’autorisations douteuses et que pratiquement aucun projet n’avait été réalisé.’’
Selon eux, « le pays s’est retrouvé dans l’impossibilité de régler ses problèmes économiques et sociaux et, en août 2023, consacrait encore 10 millions de dollars par mois au remboursement du prêt, alors qu’il voyait à peine les retombées des projets eux-mêmes. »
Le rapport désigne également deux anciens parlementaires et un homme d’affaires qui seraient impliqués dans le financement des gangs en Haïti. Il s’agit respectivement de Youri Latortue, ex-sénateur et dirigeant du parti AAA, Prophane Victor, ex-député et l’homme d’affaires, Reynold Deeb.