‘‘Nomination de Normil Rameau à la tête de la PNH : un pas important mais insuffisant’’, estime la Fondasyon Je Klere…

Rameau Normil, Directeur general ai de la Police Nationale d'Haiti (PNH)...

PORT-AU-PRINCE, jeudi 20 juin 2024– Dans un communiqué de presse daté du 20 juin, la Fondasyon Je Klere (FJKL) a exprimé sa position sur la nomination de Normil Rameau à la tête de la Police Nationale d’Haïti (PNH). Me Samuel Madistin, président de la FJKL, a décrit cette nomination comme “un pas important, mais largement insuffisant dans la lutte pour le rétablissement de la sécurité en Haïti.”

La FJKL souligne que cette annonce intervient dans un contexte particulièrement tendu. Le pays est encore sous le choc après l’assassinat brutal des policiers de l’Unité Temporaire Anti-Gang (UTAG), victimes de la sauvagerie des membres des gangs de l’organisation terroriste Viv Ansanm à Delmas 18. Ce crime, resté sans réaction sérieuse de la part du Haut Commandement de la Police, a exacerbé le sentiment d’insécurité parmi la population.

Face à cette situation critique, le gouvernement de facto de Garry Conille a décidé de remplacer Elbe Frantz par l’ancien Directeur Général de la PNH, M. Normil Rameau. Cette décision, bien que longtemps attendue pour le départ de Frantz, a suscité des réactions mitigées. Selon le communiqué de la FJKL, le retour d’un ancien DG à la tête de la PNH frôle l’illégalité et rappelle l’échec précédent de Léon Charles dans des circonstances similaires. “Mais ainsi en a décidé Washington, comme à son habitude,” déplore Me Madistin. “Ariel ou CPT, blanc bonnet, bonnet blanc, le blanc reste toujours seul maître à bord. Transition de rupture quand tu nous tiens!”

La nomination de Rameau, bien que symboliquement significative, soulève plusieurs questions cruciales quant à son efficacité réelle dans la lutte contre les gangs. Me Madistin s’interroge : “Que peut faire Rameau dans la lutte contre les gangs? N’est-ce pas de la naïveté de croire que ce changement peut suffire à résoudre le cuisant problème d’insécurité en Haïti?”

Rameau est connu pour sa spécialité dans la lutte contre les gangs et pour sa réputation d’incorruptibilité. Cette qualité pourrait potentiellement redonner une certaine crédibilité à la PNH, gravement ternie par des scandales et des allégations de corruption. Cependant, son premier passage à la tête de la PNH a été marqué par des échecs notables, notamment l’incapacité à neutraliser le groupe Phantom 509 et à unifier les divers clans au sein de l’institution policière.

La FJKL soutient que, bien que la nomination de Rameau soit un pas dans la bonne direction, elle doit être accompagnée de mesures plus audacieuses et indépendantes pour véritablement adresser le problème de l’insécurité en Haïti.

Le communiqué énumère les actions suivantes nécessaires : rajeunissement du Haut État-Major des Forces Armées d’Haïti (FAD’H), le remplacement des dirigeants actuels par des cadres plus jeunes et dynamiques, au passé irréprochable, est crucial pour l’efficacité des forces armées ; recrutement massif et formation intensive de soldats, un recrutement de 10 000 à 15 000 nouveaux soldats dans les quatre à six prochains mois, avec une formation spécialisée en anti-guérilla urbaine et rurale, est impératif ; renforcement du service de renseignement à la fois au niveau stratégique et opérationnel, pour anticiper et contrer les activités des gangs ; vetting et renforcement de la PNH, une vérification rigoureuse et un renforcement des capacités, tant au niveau administratif que des unités spécialisées ; mise en place d’une unité de police rurale, attachée aux forces armées, cette unité comblerait le vide laissé par les chefs de section en milieu rural et revitaliserait l’économie rurale.

Sans ces mesures complémentaires, la FJKL craint que les efforts de Rameau ne soient insuffisants pour endiguer l’insécurité qui gangrène le pays.

“Si ces mesures d’accompagnement ne sont pas prises, les résultats de Rameau dans la lutte contre les gangs sont connus d’avance,” conclut Me Samuel Madistin. La nomination de Normil Rameau à la tête de la PNH est perçue par la FJKL comme une avancée nécessaire, mais largement insuffisante pour résoudre la crise sécuritaire en Haïti. La complexité de la situation exige des actions plus larges et stratégiques pour restaurer l’ordre et la sécurité dans le pays.