PORT-AU-PRINCE, samedi 22 février 2025-Selon un communiqué rendu public par l’ancien sénateur Nènel Cassy, il rejette en bloc les accusations de la police judiciaire et dénonce une campagne visant à salir son image. “Je ne soutiens pas les gangs, je ne fais pas partie des gangs. Les accusations portées contre moi ne correspondent ni à mon engagement ni à mes convictions”, affirme-t-il. Il réitère son engagement dans la lutte contre l’insécurité qui ravage Haïti et assure être disposé à répondre à toute convocation judiciaire.
La Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ) a émis, le 18 février 2025, des avis de recherche contre Nènel Cassy, ex-sénateur des Nippes, et Alfredo Antoine, ex-député de Kenscoff. Lors d’une conférence de presse organisée à Clercine, la police les a accusés d’entretenir des liens avec des groupes criminels impliqués dans l’escalade de la violence.
Dans son communiqué daté du 22 février, Nènel Cassy établit un lien entre la montée en puissance des gangs et la révélation du scandale PetroCaribe en avril 2018. Selon lui, la corruption du régime PHTK aurait facilité l’ancrage des gangs dans la société haïtienne. Il assure poursuivre son combat contre l’insécurité et indique avoir engagé des discussions avec des membres du Conseil présidentiel de transition (CPT), du gouvernement et des responsables de la police pour identifier des solutions concrètes. “Nous ne croyons pas à la lutte armée contre un pouvoir, même illégitime. Un bon citoyen ne trahit pas son pays. Nous ne nous battrons jamais contre nous-mêmes”, déclare-t-il.
En réaction à l’émission des avis de recherche, Pierre Espérance, directeur exécutif du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), dénonce une démarche arbitraire.
Selon lui, “les deux anciens élus sont des personnalités publiques ayant un domicile connu, et la DCPJ aurait dû les convoquer avant d’émettre un avis de recherche.” Il met en garde contre une instrumentalisation politique de la police, rappelant que toute action policière doit respecter les procédures légales. “Si après une convocation en bonne et due forme un individu ne se présente pas, un avis de recherche peut être émis. Mais agir autrement crée un dangereux précédent”, prévient-il.
Me Samuel Madistin, président de la Fondasyon Je Klère (FJKL), estime pour sa part que seule une enquête judiciaire indépendante permettra d’établir la vérité sur ces accusations. “Les noms de Nènel Cassy et d’Alfredo Antoine sont trop souvent liés à des affaires criminelles. Leur situation doit être tranchée par un tribunal”, affirme-t-il, insistant sur la nécessité d’un procès public et contradictoire.
L’ancien sénateur Nènel Cassy a déjà été cité dans plusieurs affaires criminelles, notamment l’assassinat de l’ancien diplomate haïtien Pierre Matilus, tué à Delmas 40B. “À cette date, Nènel Cassy était déjà recherché par la DCPJ, mais aucune conclusion judiciaire n’a été rendue sur ce crime”, rappelle Me Madistin. Il accuse également l’ex-parlementaire d’avoir soutenu un groupe armé opérant à Mariani, impliqué dans des assassinats de policiers et de civils, ainsi que d’avoir participé à la formation du groupe Fantom 509, connu pour ses actes de violence à Port-au-Prince.
Concernant Alfredo Antoine, Me Madistin dénonce ses liens présumés avec un réseau de spoliation immobilière. “Cet ancien député est impliqué dans la vente frauduleuse d’immeubles abandonnés, dont certains appartiennent à des citoyens résidant à l’étranger”, précise-t-il. Il cite notamment l’affaire de la vente fictive d’un immeuble à l’Office National d’Assurance-Vieillesse (ONA), pour laquelle Alfredo Antoine n’a jamais répondu devant la justice.
Me Madistin conclut que si les accusations de la police sont fondées, elles doivent faire l’objet d’une procédure judiciaire rigoureuse et transparente. “C’est toute la problématique de l’éthique de conviction et de l’éthique de responsabilité dont parle Max Weber. C’est le choix entre la terreur, la violence et l’ordre public”, analyse-t-il.
Nènel Cassy appelle à l’unité nationale pour éviter une aggravation de la crise. “Ce moment exige entente et concertation entre tous les vrais patriotes progressistes. Évitons toute situation qui pourrait plonger le pays dans un plus grand chaos”, conclut-il.