Mutisme de la PNH face aux accusations du RNDDH et de la Fondasyon Je Klere autour de la participation d’éléments blindés dans plusieurs massacres

Photo: Normil Rameau, Responsable a.i de la PNH

 

La Rédaction,

Port-au-Prince, 28 juin 2020 -(RHInews)- Le Haut Commandement de la police nationale à travers Normil Rameau n’a toujours pas réagi aux accusations relatives à la participation des membres de la la police en nombre et en matériel dans deux raids séparés au Pont-Rouge, le 10 mai 2020 et à Brooklyn (Cité-Soleil) le 26 mai 2020, moins d’une semaine après la publication de deux accablants rapports distincts.

Ces révélations ont été faites par la Fondasyon Je Klere (FJKL) et le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), respectivement les 22 et 23 juin 2020.

L’attaque de Cité-Soleil à laquelle la police nationale a pris une part active à travers une unité de cinq blindés, fait partie d’une stratégie globale d’une coalition de gangs limitrophes enmenée par Jimmy Cherizier (Barbecue) pour neutraliser définitivement à la fois des gangs rivaux anti-Jovenel et de vastes quartiers populaires de la région métropolitaine de Port-au-Prince, dans la perspective des prochaines élections.

Le RNDDH a notamment donné des détails précis sur l’attaque de la PNH contre des habitants de Brooklyn. “Des tubes de gaz lacrymogènes ont été lancés dans toutes les directions par des occupants des blindés dans une chasse à l’homme sans merci, avant de donner libre champ aux bandes armées de Jimmy Cherizier de massacrer la population civile.”

Le bilan du RNDDH des cinq (5) jours de massacres incluant Brooklyn, Tokyo, Chancerelles, Fort-Dimanche et Pont-Rouge s’élevait à trente- quatre (34) morts, huit (8) blessés et quatre-vingt dix-huit maisonnettes consummées dans des flammes provoquées.

De son coté, FJKL a évoqué l’implication de la police nationale présente à travers une unité de blindés dans un autre incident au Pont-Rouge le 10 mai 2020 au cours duquel Yvenson Joseph et Fritz Viau ont été assassinés, toujours dans le cadre d’une chasse aux sorcières contre les habitants de cette zone accusés de faire le jeu des ennemis du pouvoir (NDLR).

Pourtant, l’Inspecteur général en chef de la police Hervé Julien a plutôt fait mention de l’ouverture d’une procédure disciplinaire contre des policiers qui seraient impliqués aux côtés de Jimmy Cherizier dans des actes de banditisme, dans une communication qu’il a eue avec le journal Le Nouvelliste le 26 juin dernier.

Il semblerait que ni l’Inspection général et encore moins le chef de la police Rameau Normil était au courant du déplacement des blindés en direction de Pont-Rouge le 10 mai 2020 et Brooklyn le 26 mai, alors qu’il s’apparentait à une forme de mission commandée.

“Qui donnait l’ordre de faire sortir les blindés? combien de policiers et /ou civils prenaient-ils place à bord de ces engins?”. Ce sont là autant de questions qui méritent d’être élucidées, en attendant que la justice joue son rôle.

L’intervention d’Hervé Julien n’a rien apporté en terme d’explications à l’opinion publique qui reste encore sur sa soif. Car les deux massacres impliquant de policiers nationaux casés à l’intérieur d’au moins cinq (5) blindés ne relèvent pas d’une simple question disciplinaire de la compétence de l’Inspection générale.

Jimmy Cherizier, un ancien policier dont le nom est figuré dans deux rapports récents pour des atrocités commises lors des événements sanglants coure encore les rues. Il a même été vu le 21 juin 2020 donnant le coup d’envoi d’une nouvelle coalition de gangs armés du nom de “G-9 et Alliés”.

Une semaine auparavant soit le 10 juin 2020, le Ministre haïtien de la justice, Lucmane Délille enjoignait la police nationale à procéder à l’arrestation de Jimmy Cherizier, bien qu’il fut déjà l’objet d’un “avis de recherche” de l’institution policière, depuis plus d’une année.

Cet appel du Ministre de la justice intervenait suite à une correspondance de la Congresswoman Maxime Waters à l’Ambassadrice américaine à Port-au-Prince Michelle Sison sur ses préoccupations concernant Jimmy Cherizier qui serait impliqué dans divers massacres en Haïti.

Il semblerait que Jimmy Cherizier, l’artisan sur le terrain de la Coalition de “gangters et mercenaires” du “G-9 et Alliés”, est devenu intouchable pour sa “bonne relation” avec le président Jovenel Moïse, apprend t-on dans les milieux généralement bien informés.