PORT-AU-PRINCE, le vendredi 2 février 2024 – Jean-Charles Moïse, leader du parti Pitit Dessalines (PPD), exhorte la population à ériger des barricades autour des résidences des membres du gouvernement et des bureaux publics dans tout le pays, dans le but de contraindre Ariel Henry et sa coalition gouvernementale à quitter le pouvoir au plus tôt.
Il encourage les Haïtiens à appliquer la même méthode contre le secteur des affaires en érigeant des barricades autour des banques pour paralyser toutes les activités nationales et mettre fin aux abus subis par la population de la part des acteurs du système actuel.
« Cette fois, nous ne resterons pas barricadés pendant que nous souffrons de la faim, tandis qu’eux continuent à vivre luxueusement, se moquant de notre misère. Nous ne reproduirons pas les erreurs du passé ; le message doit être clair pour tous, nous sommes prêts à tout pour libérer le pays de nos oppresseurs, en utilisant des moyens forts pour faire entendre raison à Ariel Henry et à ses partisans, malgré la volonté populaire », déclare Moïse.
Il dénonce l’hypocrisie des représentants des puissances occidentales qui l’accusent d’inciter à la violence tout en étant complices d’un régime soutenant une violence criminelle orchestrée par les gangs armés, exerçant une violence structurelle sur l’ensemble de la population. Pour lui, un État ne fournissant aucun service de base aux citoyens n’a plus de raison d’être. “Il faut détruire cet État”, affirme-t-il, “pour en construire un autre à la hauteur des attentes des citoyens”.
Moïse indique être en contact avec d’autres forces politiques pour mener à bien cette mobilisation visant à renverser la coalition au pouvoir, qui, en près de 3 ans, a aggravé les conditions de vie des Haïtiens. Outre le PPD, d’autres organisations politiques et de la société civile s’impliquent également dans la mobilisation antigouvernementale. C’est le cas de l’ex-premier ministre intérimaire et ministre du gouvernement, Claude Joseph, dirigeant du parti “Engagés pour le Développement” (EDE), qui annonce une série de manifestations à travers le pays pour obtenir le départ d’Ariel Henry et de son gouvernement.
Joseph qualifie l’équipe au pouvoir d’incompétente, corrompue et sanguinaire, cherchant non pas à sortir le pays de la crise, mais à se perpétuer en utilisant toutes sortes de subterfuges. Selon lui, Ariel Henry et son gouvernement doivent quitter le pouvoir inévitablement le 7 février 2024.
Parallèlement, Guy Philippe, fraîchement libéré et déporté en Haïti après avoir purgé une peine de six ans pour blanchiment d’argent provenant du trafic de drogue, annonce la révolution. Aidé de Jeantel Joseph, l’un de ses bras droits et ex-directeur de l’Agence nationale des airs protégés (ANAP), coiffant la Brigade de surveillance des airs protégés (BSAP), un corps armé, Guy Philippe dénonce l’ingérence américaine dans les affaires d’Haïti, espérant mettre fin aux souffrances des Haïtiens.
Le pays est en effervescence depuis plusieurs semaines avec des manifestations antigouvernementales organisées partout dans le pays. La tension continue de monter, notamment à l’approche de la date du 7 février. La communauté internationale exprime son inquiétude quant à la tournure que prend la situation en Haïti ces derniers jours, soulignant la nécessité d’un consensus national pour résoudre la crise.
Selon les Nations-Unies, au moins 310 000 personnes ont été déplacées en Haïti en raison de la violence des gangs, dont plus de la moitié sont des enfants.
L’année dernière, le Bureau des Nations Unies en Haïti (BINUH) a recensé plus de 8 400 victimes directes de la violence des gangs, y compris des personnes tuées, blessées et kidnappées, marquant une augmentation de 122% par rapport à 2022. Selon la cheffe du Bureau intégré des Nations-Unies en Haïti (BINUH), la capitale Port-au-Prince a été à l’origine de 83% des morts et des blessés, et la violence s’est également étendue à d’autres régions, notamment à l’Artibonite.
Au sud de la capitale, des gangs ont mené des attaques à grande échelle pour contrôler des zones clés et continuent de recourir systématiquement à la violence sexuelle dans les zones qu’ils contrôlent, mettant ainsi en danger les femmes et les filles âgées d’à peine 12 ans.
Le 26 janvier dernier, une cour kényane a bloqué le déploiement de policiers kényans en Haïti dans le cadre d’une mission internationale de sécurité.
Le Conseil de sécurité de l’ONU avait approuvé la mission dirigée par le Kenya début octobre, malgré les critiques nationales et les contestations judiciaires. La mission visait à soutenir la police haïtienne débordée face à une violence endémique. Le gouvernement haïtien a appelé de toute urgence au déploiement d’une force multinationale pour faire face à la crise sécuritaire croissante.