PORT-AU-PRINCE, mardi 10 septembre 2024– Le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), par la voix de son directeur exécutif Pierre Espérance, a mis en garde, ce mardi 10 septembre 2024, contre toute validation du choix d’un représentant du secteur des droits humains au Conseil Électoral Provisoire (CEP), suite à un processus qu’il qualifie d’irrégulier. Ce choix, conduit par l’Organisation Citoyenne pour une Nouvelle Haïti (OCNH), a été, selon Espérance, entaché de nombreuses irrégularités, ne respectant pas les critères établis de concert avec la Plateforme d’Organisations Haïtiennes de Droits Humains (POHDH).
Espérance dénonce la légitimité de ce processus, le qualifiant de « zafra » soutenue par des organisations, pour la plupart « bidons » créées spécifiquement pour cette occasion. Selon lui, ces structures ne représentent en rien le secteur des droits humains, et leur implication vise à manipuler les résultats.
Il accuse ouvertement le président du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), Edgard Leblanc Fils, et le conseiller présidentiel observateur, Frinel Joseph, d’être complices du désordre orchestré lors de la mise en place du CEP. Il soutient que ces deux personnalités seraient prêtes à soumettre ce dossier au Conseil des ministres, malgré les divisions internes et l’absence de consensus entre les conseillers-présidents.
Selon Pierre Espérance, sans correctifs immédiats, le pays risque de faire face au CEP « le plus désastreux jamais mis en place en Haïti ». Il estime que le CPT doit revoir l’ensemble du processus de désignation des représentants des différents secteurs, dans lesquels règnent également le désordre et la confusion-confusion entretenue a dessein par Leblanc et Joseph, soutient Espérance afin de contrôler la machine électorale.
Espérance rappelle qu’une correspondance en date du 8 juillet 2024 désignait la POHDH et l’OCNH pour conduire conjointement le processus visant à choisir un représentant des droits humains au CEP. Cependant, ce processus a rapidement été entravé par des désaccords profonds, des ingérences politiques, et des retraits de certaines organisations qui compromettent la crédibilité de cette initiative.
Le 17 juillet 2024, les deux organisations se sont réunies pour définir les modalités du processus et ont conjointement sollicité une prolongation jusqu’au 30 juillet 2024. Malgré plusieurs rencontres, les divergences ont persisté, notamment sur les critères de participation. La POHDH proposait des conditions strictes, notamment une durée minimale d’existence de cinq ans pour les organisations participantes, tandis que l’OCNH prônait une ouverture à toutes les structures se réclamant du domaine des droits humains. Ces divergences ont sérieusement ralenti le déroulement du processus.
Le 29 juillet 2024, la POHDH réaffirma son engagement à mener un processus transparent et inclusif, demandant un nouveau délai jusqu’au 30 août 2024. Pourtant, les tensions montèrent encore lorsque l’OCNH boycotta une réunion clé le 6 août 2024, préférant répondre à une convocation du chef de cabinet du conseiller présidentiel Frinel Joseph. Le lendemain, le CPT émit une injonction obligeant les deux organisations à finaliser le processus au plus tard le 14 août 2024. La POHDH exprima alors ses réserves quant à l’implication de Frinel Joseph, qui semblait favoriser un candidat en particulier, Gédéon Jean.
Malgré un engagement renouvelé à finaliser le processus, la POHDH fut confrontée à une nouvelle série de difficultés, notamment lorsqu’elle découvrit que plus de 130 structures s’étaient inscrites pour participer, un nombre surprenant compte tenu des critères précédemment discutés. Lors du traitement des candidatures, l’OCNH refusa d’appliquer pleinement les critères convenus, exacerbant les tensions entre les deux entités.
Un incident particulier a mis en lumière des irrégularités majeures : un représentant d’une organisation basée dans le département du Centre rapporta avoir reçu un appel d’un numéro inconnu l’informant que son organisation n’avait pas été retenue. Pire encore, cet appel provenait, selon lui, d’un membre de l’équipe de campagne de Gédéon Jean, candidat favorisé par certains membres influents du processus. Ce partage illégal de données confidentielles soulève de sérieux doutes sur l’intégrité du processus de sélection.
Pierre Espérance a appelé Leblanc et Joseph à assumer leurs responsabilités pour garantir un processus transparent et impartial dans la mise en place du CEP. Il souligne que, sans intervention immédiate pour rectifier ces graves irrégularités, le pays pourrait se retrouver avec un CEP illégitime, incapable d’organiser des élections crédibles. Edgard Leblanc et Frinel Joseph porteront l’entière responsabilité de tout processus électoral bâclé et non-transparent.