PORT-AU-PRINCE, mardi 3 octobre 2023– L’ancien président haïtien, Michel Martelly, a comparu mardi au cabinet d’instruction dans le cadre de l’enquête en cours sur l’assassinat du président Jovenel Moïse.
Martelly a été invité à titre de témoin par le magistrat instructeur Walter Wesser Voltaire.
C’est la première fois que Martelly a été auditionné dans le cadre de cette affaire. Malgré ses liens avec certains des inculpés dans l’assassinat de Moïse, Martelly n’a pas été officiellement désigné comme suspect ni par la justice haïtienne ni par le FBI qui enquête sur ce crime.
Cependant, le meurtre du président Moïse sème la zizanie entre ses partisans et l’ex-président Martelly dont la réaction a été jugée « molle et glaciale » après le magnicide du 7 juillet 2021.
C’est le cas de Stanley Lucas qui s’est toujours dit ‘‘troublé par le comportement de Michel Martelly, ancien président d’Haïti, chef du PHTK, qui se garde d’œuvrer pour que justice soit rendue à Jovenel Moïse, soulignant que la sécurité du défunt était assurée par des hommes fidèles à l’ancien président ‘‘Tet Kale’’ première version.’’
‘‘Martelly est toujours devant la scène. Pourquoi ne fait-il rien dans le cadre de l’affaire Moïse,’’ s’est interrogé Lucas qui, en sa qualité de conseiller à distance, fut un grand défenseur de Martelly et de sa politique à la tête du pays.
Lors d’une interview le 30 octobre 2021 sur Radio Caraïbes, l’ancien conseiller du président Moïse a déclaré : , « Si Michel Martelly ne faisait pas parti de la coalition d’assassins actuellement au pouvoir et s’il n’avait rien à se reprocher dans l’assassinat de Jovenel Moïse, il prendrait position fermement et s’impliquerait dans les efforts entrepris pour obtenir justice en sa faveur. »
Le juge instructeur qui enquête depuis plus d’un an sur cet assassinat, ne parvient toujours pas à auditionner l’actuel premier ministre de fait, Dr. Ariel Henry dont le nom a été cité dans cette affaire pour avoir été en communication constante avec l’un des accusés, Joseph Félix Badio.
Deux mois se sont déjà écoulés depuis que le juge Walter Wesser Voltaire a ordonné la comparution du premier ministre de fait Ariel Henry, les ministres de la Planification et de la coopération Externe, Ricard Pierre, de l’économie et des fiances Michel Patrick Boisvert, les directeurs généraux de la DINEPA, Guyto Édouard, du ministère de l’intérieur et des collectivités Territoriales, Amos Zéphirin et de l’Agence Nationale des Aires Protégées ( ANAP), Jeantel Joseph.
Jusqu’ici, Ariel Henry ne s’est toujours pas réuni avec le conseil des ministres pour autoriser ces hauts fonctionnaires à se mettre à la disposition du juge d’instruction dans le cadre de cette enquête qui dure depuis plus de deux ans.
Dans son ordonnance rendue le 1e août dernier, le magistrat a demandé au commissaire du gouvernement de Port-au-Prince, de remplir les formalités exigées par l’article 398 du Code d’Instruction Criminelle Jean Vandal aux fins de citer ces responsables d’Etat à comparaitre en qualité de témoin en sa Chambre d’Instruction Criminelle.
L’article 398 du Code d’instruction Criminelle Jean Vandal stipule que : « les grands fonctionnaires de l’État ne pourront jamais être cités comme témoins, même pour les débats qui ont lieu en présence du jury si ce n’est dans le cas où le Président d’Haïti, sur la demande d’une partie et le rapport du Secrétaire d’État de la justice, aurait, par ordonnance spéciale, autorisé cette comparution. »
En absence du président de la République, c’est le premier ministre qui assume, de facto, ce rôle avec le conseil des ministres.
Selon l’ordonnance du juge Voltaire, ces hauts fonctionnaires publics, seront entendus sur les faits d’association de malfaiteurs, de vol à mains armées, de terrorisme, d’assassinat, de tentative d’assassinat au préjudice de Jovenel Moïse, Président de la République d’Haïti, de son épouse Martine Moïse et autre.
Jovenel Moïse a été assassiné dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021 dans sa résidence à Pèlerin 5, à Pétion-Ville.
A part Rodolphe Jaar, un chilien- haïtien qui a été reconnu coupable par la justice américaine pour son rôle dans cette affaire, aucun procès ne s’est encore tenu en Haïti où le crime a été perpétré.
En plus de deux ans, au moins cinq juges d’instruction ont été désigné pour traiter ce dossier d’assassinat pour lequel la DCPJ peine à remonter les sources de financement.