Port-au-Prince, 27 avril 2021- Le rapport de la ‘’Fondasyon Je Klere’’ (FJKL) qui se réfère à un rapport d’audit de la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif (CSCCA) sur l’utilisation des fonds alloués à la Police Nationale d’Haïti (PNH) pour la période allant du 8 avril 2016 au 30 septembre 2017 et du 1er octobre 2017 au 27 août 2019, est particulièrement accablant.
La période considérée concerne notamment la gestion de l’institution policière par l’ex-Directeur Général Michel-Ange Gédéon.
Le document montre que, la Police Nationale d’Haïti, pour ces périodes étudiées, a effectué des dépenses de l’ordre de trente milliards de gourdes (30, 000,000,000.00 G), soit près d’un demi-milliard de dollars américains pour des résultats peu probants sur le plan sécuritaire, de renforcement de la PNH et de la gestion pénitentiaire.
Le rapport indique que, suite a la demande de décharge de sa gestion formulée en date du 5 novembre 2020 par Michel-Ange Gédéon, la CSCCA a constitué une commission qui a produit deux rapports sur la gestion de l’ex-directeur général de la PNH, couvrant respectivement les périodes allant du 8 avril 2016 au 30 septembre 2017 et du 01 octobre 2017 au 27 aout 2019.
La FJKL souligne que la commission a relevé un certain nombre d’irrégularités dans la gestion de Michel-Ange Gédéon, ‘’mais, fait bizarre, elle a quand même donné un avis favorable à la chambre des affaires financières de la Cour pour un arrêt de quitus à Michel-Ange Gédéon et les comptables de la PNH.’’
Le dossier est confié au conseiller instructeur Méhu Milius Garçon qui a produit son rapport d’instruction le 1er février 2021. ‘’Dans son rapport, le conseiller chargé de l’instruction dans le dossier d’audit de la gestion du sieur Michel-Ange GEDEON, ex-Directeur Général de la PNH, a relevé « des faits constants et de nature à laisser planer un doute sérieux quant à l’effectivité des acquisitions sans fiche de livraison, la véracité des activités sans rapport de mission et des payroll sans rapport de payroll dressé, selon la FJKL qui cite le rapport de la CSCCA.’’
Le document fait état d’un montant d’un milliard deux cent soixante-six millions neuf cent treize gourdes et 86/100 (1, 266,913.86 G) – ce qui représente près de vingt millions (20,000.000.00 $US) de dollars américains au taux moyen de la période ne sont pas supportés par des pièces justificatives.’’
Pour la période allant d’octobre 2017 au 27 aout 2019, poursuit le rapport, il s’est révélé que cinq millions deux-cent Mille sept cent quatre-vingts gourdes (5, 200,780. 00 G), soit plus de quatre-vingt Mille (80,000.00 $US) dollars américains au taux moyen de la période, n’ont pas été justifiés à l’ordre de Simone Irlan Maxime JEAN, chef de service de la comptabilité à la Direction de l’Administration Pénitentiaire (DAP) qui a reconnu que ce montant est disponible sur son compte bancaire personnel.
Selon le rapport qui met en évidence des défaillances graves dans les travaux effectués par les vérificateurs de la CSCCA, ‘’l’analyse du compte courant en gourdes de la PNH révèle que 6 chèques totalisant un montant de 86 100 gourdes ont été honorés sans raison apparente.’’
La FJKL note que les rapports des vérificateurs de la Cour des Comptes ne font aucune allusion au budget dépensé pour l’entretien des corps spécialisés de la PNH, l’entretien et l’approvisionnement des prisons relevant de l’APENA, la gestion du personnel de la PNH, la gestion du parc automobile de la PNH, la gestion des structures physiques (meubles et immeubles) de la PNH, et les frais d’intelligence de la PNH.
Dans ses conclusions, la FJKL fait remarquer que, la gestion financière de la Police Nationale d’Haïti est source de convoitise, de tentation et de corruption. Elle génère des conflits, de l’indiscipline et de l’instabilité au sein de l’institution, souligne-t-elle, précisant que cette situation a donc un impact direct sur la sécurité publique.
La FJKL recommande que des mesures soient prises pour décharger le directeur général de la PNH et d’autres responsables de police du fardeau de la gestion financière, créer une entité indépendante de la PNH placée sous tutelle du Ministère de l’Economie et des Finances pour être chargée de cette tâche.
Elle souhaite qu’il soit accordé à cette entité la même mission définie pour le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ), les greffes des Cours et Tribunaux. ‘’Les policiers comme les Magistrats ou ceux et celles qui dépendent d’eux doivent être privés de la manipulation de fonds, selon la FJKL qui croit que l’efficacité de leur travail en dépend.’’