Mgr Pierre André Dumas exhorte la société à se mobiliser pour que soit justice rendue à Me Monferrier Dorval

Mgr Pierre Andre Dumas

Pétion-Ville, 18 septembre 2020- Avocats du barreau de Port-au-Prince, étudiants en droit, des personnalités issues de milieu divers, et des militants politiques ont rendu un dernier hommage ce vendredi à l’ex-bâtonnier de Port-au-Prince, Me Monferrier Dorval, assassiné sauvagement chez lui le 28 août dernier a Pèlerin 5, non loin de la résidence du président de la République, Jovenel Moïse.

A l’initiative du Barreau de Port-au-Prince, une messe de requiem a été chanté en mémoire de l’ancien professeur d’université et professeur de droit constitutionnel en l’Eglise saint-Pierre de Pétion-Ville.

Cette cérémonie d’hommage s’est tenue vingt-quatre (24) heures après des funérailles privées qui ont eut lieu au Parc du Souvenir conformément à la volonté de la famille du défunt qui a voulu que tout se passait en toute intimité.

Lors de la messe de ce vendredi, le célébrant principal, Mgr Pierre André Dumas, dans hommage appuyé, a campé Me Monferrier Dorval comme un génie qui a marqué son temps en mettant son savoir et ses connaissances non seulement au service de la jeunesse qu’il formait, au service de la profession à laquelle il appartenait, mais aussi à celui du pays tout entier.

Vantant les mérites du défunt qui, selon lui, était un homme de vision, engagé pour le progrès et le développement réel d’Haïti, où la science aurait toute sa place dans le jeu politique, Mgr Dumas a fait remarquer dans son homélie de circonstance que le pays mettra du temps avant de pouvoir construire un autre homme de la trempe de Monferrier Dorval.

Dénonçant le culte de la médiocrité, l’anarcho-populisme caractérisant la politique haïtienne, l’insatiabilité des assoiffés de sang qui massacrent impunément la population des quartiers défavorisés du pays sous les regards passifs voir complices de ceux qui sont censés nous protéger, le prélat a appelé à la mobilisation de tous les secteurs du pays en un faisceau pour fermer le robinet de sang qui coule sans arrêt dans le pays.

Selon lui, c’est l’ensemble de la société qui doit s’élever contre les abus, les injustices, l’impunité, la corruption et la criminalité qui tendent à s’installer définitivement dans le décor social haïtien au point de devenir des méthodes de gouvernance.

‘’Ces choses sont abominables et contraires aux valeurs chrétiennes et aux normes démocratiques. Peu importe où vous vous situez idéologiquement, religieusement, socialement ou politiquement, nous sommes tous concernés et nous sommes tous menacés, a-t-il martelé.’’

Il faut se mobiliser pour que justice soit rendue à Me Monferrier Dorval, a dit Mgr Dumas. S’il n’y pas de justice pour Me Dorval, il n’y en aura pas pour les avocats et tout le reste de la société, a-t-il lance.’’

Le prélat a fait savoir que l’Eglise doit se mobiliser aussi pour que tout soit mis en œuvre afin de faire le jour sur l’assassinat de Me Dorval, arguant que personne n’est prêt à accepter la formule très connue, ‘’l’enquête se poursuit.’’

‘’L’enquête doit aboutir et elle doit permettre de mettre la main au collet des auteurs matériels et intellectuels de l’assassinant de l’avocat afin que plus jamais l’on commet plus de pareil crime dans notre société, a-t-il soutenu.’’

Plusieurs avocats présents à cette cérémonie d’hommage, ont souhaité à nouveau qu’une commission internationale indépendante participe à l’enquête en cours sur l’assassinat de Me Monferrier Dorval.

Frustrés et en colère contre le régime en place, des étudiants de la faculté de droit et des militants politiques ont accusé le pouvoir d’implication dans le crime du 28 août. Ils se déclarent mobilisés jusqu’au départ du président Jovenel Moïse responsable, selon eux, de la dégradation accélérée du climat sécuritaire général et des crimes ciblés et planifiés enregistrés ces derniers temps dans le pays.

Quatre suspects présumés dans l’assassinat de Me Monferrier Dorval ont été transférés hier au pénitencier national après avoir été auditionnés par le commissaire du gouvernement a.i de Port-au-Prince, Me Gabriel Ducarmel.

Il s’agit de Maudelaire Senego, Mackender Fils-Aime, Valery Dort et Vilpique Dunes qui sont accusés d’implication dans l’exécution de l’ex-bâtonnier de Port-au-Prince, d’association de malfaiteurs, d’assassinat, de complicité d’assassinat et de vol à main armée.