Me Sonet Saint-Louis demande des mesures urgentes pour garantir la transparence dans l’enquête sur le scandale de corruption impliquant trois conseillers du Conseil présidentiel de transition…

Les Conseillers-presidents: Emmanuel Vertilaire, Smith Augustin et Louis Gerald Gilles...

:PORT-AU-PRINCE, samedi 24 août 2024-Dans une correspondance officielle, adressée à Me Hans Jacques Ludwig Joseph, directeur général de l’Unité de Lutte contre la Corruption (ULCC), Me Sonet Saint-Louis, avocat de Monsieur Raoul Pascal Pierre-Louis, a exprimé de graves préoccupations concernant l’intégrité de l’enquête en cours sur un vaste scandale de corruption impliquant trois conseillers influents du Conseil présidentiel de transition (CPI). Les conseillers concernés, Louis Gérald Gilles, Emmanuel Vertilaire, et Smith Augustin, sont accusés d’actes de corruption qui compromettent la crédibilité de la transition politique actuelle en Haïti.

Depuis plusieurs semaines, M. Raoul Pascal Pierre-Louis a été interrogé par les enquêteurs de l’ULCC. Lors de son audition, il a exprimé sa volonté de confronter directement les trois conseillers présumés corrompus, sous la surveillance des enquêteurs de l’ULCC, afin que la vérité soit établie de manière transparente. “Il est impératif que les conseillers soient rendus disponibles, garantissant ainsi que le processus soit mené de manière transparente et équitable”, a insisté Me Saint-Louis. Il a rappelé que, selon la Constitution haïtienne, les hauts dignitaires de l’État ne bénéficient d’aucun privilège de juridiction pour des actes commis en dehors de leurs fonctions officielles.

Me Saint-Louis a également exprimé sa surprise face à l’absence de coopération des autorités pour mettre les trois conseillers à la disposition de l’ULCC. “Il me semble surprenant que les citoyens concernés, Messieurs Louis Gérald Gilles, Emmanuel Vertilaire et Smith Augustin, n’aient toujours pas été mis à la disposition de l’ULCC par le Conseil présidentiel de transition pour être interrogés”, a-t-il souligné. Cette situation, selon lui, menace de compromettre gravement l’intégrité de l’enquête si l’ULCC devait rendre un rapport sans avoir préalablement auditionné toutes les personnes impliquées.

Le manque de coopération de la part des conseillers présumés coupables a soulevé des inquiétudes non seulement au sein de la société haïtienne, mais aussi sur le plan international. “Toute résistance de la part de ces trois personnes accusées ne fera qu’augmenter l’avilissement de notre République”, a averti Me Saint-Louis, ajoutant que “le monde est déjà informé de nombreux cas de malversations et de détournements de fonds publics dans lesquels le Conseil présidentiel de transition est impliqué”.

Ce scandale, qui éclabousse le Conseil présidentiel de transition, a pris une ampleur considérable. Les accusations portées contre Louis Gérald Gilles, Emmanuel Vertilaire et Smith Augustin ne sont pas de simples allégations, mais des faits publics, selon Me Saint-Louis. Ces conseillers sont soupçonnés d’avoir utilisé leur position pour détourner des fonds publics, enrichir illégalement des proches, et se livrer à des pratiques qui compromettent gravement la gouvernance et la stabilité de l’État haïtien. La révocation de Monsieur Raoul Pascal Pierre-Louis par les autorités exécutives, une action que Me Saint-Louis a qualifiée de “contradictoire aux lois haïtiennes et à la Convention des Nations-Unies sur la prévention et la répression de la corruption”, ne fait qu’ajouter à la suspicion entourant cette affaire. Pour l’avocat, cette révocation est un signal clair de la persistance de l’impunité parmi les dirigeants haïtiens, une situation qui ne doit pas détourner l’ULCC de ses responsabilités.

Face à cette situation, Me Saint-Louis a appelé Me Hans Jacques Ludwig Joseph à prendre des mesures immédiates pour garantir que les trois conseillers soient mis à la disposition de l’ULCC pour être interrogés. “Il est vital que les corrompus, les corrupteurs et les criminels qui ont longtemps déstabilisé Haïti comprennent qu’une justice existe”, a-t-il affirmé, rappelant que les crimes de corruption, de par leur nature globale, peuvent être poursuivis partout dans le monde.

L’avocat a également souligné que l’absence d’une action rapide et décisive dans cette affaire pourrait avoir des répercussions graves non seulement pour la réputation du gouvernement haïtien, mais aussi pour la stabilité du pays. “Toute carte blanche et toute complicité avec les corrompus et les criminels ne feront que déstabiliser davantage la paix et la sécurité nationale en Haïti”, a-t-il averti, ajoutant que “ce scandale met à nu une stratégie vieille de deux cents vingt ans, ancrée dans la gouvernance publique haïtienne, consistant à enrichir les corrompus et les corrupteurs”.

Enfin, Me Saint-Louis a souligné que la communauté internationale surveille de près cette affaire. Il a averti que si l’ULCC ne parvient pas à mener cette enquête de manière transparente et impartiale, cela pourrait entraîner une intervention internationale. “Le pays se trouve à un tournant décisif. Le message contre l’impunité des gouvernants doit être clair, faute de quoi la communauté internationale interviendra après avoir constaté vos manquements”, a-t-il écrit.

L’avocat a conclu en rappelant que l’exercice du pouvoir est indissociable de la notion de responsabilité, et que l’absence de responsabilité entraîne inévitablement la disparition de l’éthique gouvernementale. “Nous demandons avec insistance que vous preniez des mesures immédiates pour que les trois conseillers accusés soient mis à la disposition de l’ULCC. Cette action est déterminante pour assurer une enquête complète et équitable, qui protège à la fois les droits des dénonciateurs et ceux des accusés”, a-t-il affirmé.

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