PORT-AU-PRINCE, lundi 10 mars 2025 (RHINEWS)– Me Camille Leblanc, avocat et ancien ministre de la Justice, salue les récentes opérations menées par les forces de l’ordre contre les groupes criminels affiliés à l’organisation terroriste « Viv Ansanm ». Selon lui, ces interventions sont indispensables pour maintenir une pression constante sur ces criminels responsables d’innombrables atrocités. Il préconise notamment l’utilisation accrue de drones, qui pourraient offrir une réponse efficace face à l’arrogance de ces terroristes semant le chaos et la terreur en Haïti.
« Ce ne sont pas de simples bandits, ce sont des terroristes aguerris, opérant avec pour mission d’anéantir progressivement le peuple haïtien. L’État doit agir avec fermeté à travers des opérations robustes, afin que ces ennemis de la nation comprennent que la récréation est terminée et qu’ils n’ont d’autre choix que la reddition ou l’élimination », martèle Me Leblanc.
Lors d’une interview accordée au Réseau Haïtien de l’Information (RHINEWS) et à l’émission Perspective Plurielle, Me Leblanc souligne la nécessité d’une stratégie combinant innovation technologique et tactiques d’encerclement. Il plaide pour l’usage de drones kamikazes afin de mener des frappes chirurgicales visant les chefs de file et les caches d’armes de « Viv Ansanm ». Selon lui, cette approche limiterait l’exposition des forces de l’ordre aux dangers du terrain. Toutefois, il insiste sur la nécessité d’exécuter ces opérations avec une extrême précision, afin d’éviter tout dommage collatéral qui pourrait alimenter la propagande terroriste et accentuer les tensions au sein des communautés locales.
Par ailleurs, Me Leblanc recommande de confiner les groupes terroristes dans leurs fiefs pour entraver leur ravitaillement et réduire leur capacité de nuisance. Cette stratégie d’isolement, bien qu’efficace pour affaiblir progressivement l’ennemi, doit être appliquée avec discernement afin d’éviter que la population civile ne se retrouve piégée dans un conflit prolongé.
Pour lui, la solution optimale repose sur une combinaison harmonieuse de ces approches. Associer des frappes ciblées par drones à un encerclement stratégique permettant d’asphyxier les ressources de « Viv Ansanm » serait, selon lui, la méthode la plus efficace pour éradiquer leur influence. Il insiste sur la nécessité d’une coordination étroite entre les forces de sécurité et les communautés locales, ces dernières jouant un rôle crucial dans la collecte de renseignements. Le véritable défi, selon lui, est de mener une offensive équilibrée : frapper avec force tout en garantissant la sécurité et l’intégrité des populations affectées.
Me Leblanc estime également que les forces de sécurité haïtiennes doivent être dotées de tous les moyens nécessaires pour combattre efficacement « Viv Ansanm » et ses alliés, y compris ceux présents au sein du secteur politique et du monde des affaires, qui leur assurent une impunité totale malgré les crimes atroces qu’ils commettent.
L’avocat se dit fermement opposé à toute initiative visant à amnistier ces terroristes et leurs complices.
« Ceux qui prônent une quelconque amnistie pour ces criminels se placent au même niveau qu’eux et doivent eux aussi rendre des comptes devant la justice », déclare-t-il avec fermeté.
Toutefois, il nuance ses propos en précisant que les terroristes souhaitant se repentir doivent pouvoir se rendre et être jugés dans le cadre d’un procès équitable.
« Un terroriste qui décide de se rendre doit avoir un interlocuteur pour faciliter sa reddition. La justice doit faire son travail et statuer sur son sort. Il n’est pas question de négocier une quelconque intégration dans le processus politique. Tous ceux qui déposent les armes doivent répondre de leurs actes, purger une peine de prison avant d’espérer une réinsertion dans la société », prévient Me Leblanc.
Selon lui, la montée du terrorisme en Haïti est le résultat d’une impunité systémique qui gangrène le pays. Il rappelle qu’à ses débuts dans la profession juridique dans les années 1980, il n’y avait que deux ou trois magistrats corrompus dont tout le monde se méfiait. Aujourd’hui, déplore-t-il, il est difficile d’en trouver trois qui soient intègres.
Il cite l’exemple de Vitelhomme Innocent, chef du groupe terroriste Kraze Baryè, affilié à « Viv Ansanm ». Emprisonné pour meurtre, ce dernier a été libéré grâce à une action en habeas corpus, avant de devenir l’un des chefs terroristes les plus redoutables du pays, semant le chaos et la terreur dans la région métropolitaine.
Me Leblanc insiste sur la nécessité de profondes réformes judiciaires pour combattre l’impunité qui gangrène le système. Il déplore également que le gouvernement haïtien n’ait toujours pas officiellement classé « Viv Ansanm » comme une organisation terroriste, ce qui, selon lui, constitue une entrave majeure à la lutte contre ces criminels.