PORT-AU-PRINCE, samedi juillet 2024– Me André Michel, dirigeant du Secteur démocratique et Populaire (SDP), signataire de l’accord du 21 décembre 2022 et partie prenante de l’accord du 3 avril 2024 qui a accouché du nouveau gouvernement de transition, dénonce le projet du Premier ministre Garry Conille de négocier avec les chefs de gang.
« J’ai écouté la totalité de l’interview accordée à Radio France Internationale par le PM Garry Conille au cours de son passage à Washington. Je ne partage pas l’approche du Premier Ministre sur le dossier des gangs armés. Je ne suis pas sur la même ligne que lui. Pour nous autres du SDP, il ne doit pas y avoir de dialogue avec les gangs, sous quelque forme que ce soit, sous quelle que soit la condition. Il ne doit pas y avoir de dialogue avec des voyous qui ont massacré, assassiné, violé, humilié et appauvri des dizaines de milliers de familles dans le pays », déclare Michel.
Lors d’une interview le 3 juillet dernier sur RFI, Garry Conille a de nouveau déclaré que concernant un éventuel dialogue avec les chefs de gangs, « ces derniers doivent déposer les armes et reconnaître l’autorité de l’État comme prérequis à toute négociation ».
Andre Michel rappelle qu’en octobre 2022, nous étions aux côtés du Premier Ministre Ariel Henry, après avoir constaté l’incapacité de l’État haïtien à faire face aux gangs, nous avions sollicité une force internationale pour aider la PNH et l’armée dans la lutte contre les gangs armés étant donné que nous ne voulions pas engager de dialogue avec les gangs. Heureusement, la force multinationale commence à arriver.
« Aujourd’hui, il faut accélérer le processus de déploiement de la force pour que celle-ci puisse accompagner la police et l’armée dans la bataille contre les gangs armés qui prennent le pays en otage. Mais, je le redis avec fermeté, pas question de dialoguer avec les gangs, ces criminels sans foi ni loi. Il faut purement et simplement écraser les gangs. J’appelle le Premier Ministre à clarifier ses propos. Les autorités de l’État doivent avoir un discours de fermeté vis-à-vis des gangs. Les citoyens et citoyennes, les principales victimes des actions criminelles des gangs armés, n’accepteront jamais le dialogue avec ces criminels qui ont miné leur existence. Notre position est claire : pas de dialogue avec les gangs ! Pas d’amnistie pour les gangs », soutient Michel.
Ces déclarations interviennent dans un contexte sociopolitique extrêmement instable en Haïti, marqué par une escalade de la violence des gangs armés. Depuis plusieurs années, le pays est plongé dans une spirale de violence où les gangs armés, devenus de véritables acteurs politiques et économiques, imposent leur loi dans plusieurs quartiers de la capitale et d’autres villes. Les massacres, les incendies criminels, les viols, et la destruction des biens publics et privés sont devenus monnaie courante, paralysant le fonctionnement des institutions et exacerbant la misère de la population.
Les conséquences de cette violence criminelle sont désastreuses. Selon des rapports des organisations locales des droits humains et de l’ONU, plusieurs centaines de milliers personnes, dont de nombreux enfants, ont été déplacées de force en 2023. Des milliers de familles vivent dans des conditions précaires, sans accès aux services de base. Le nombre de personnes tuées est également alarmant : les estimations font état de plus de 1 500 décès liés à la violence des gangs au cours des douze derniers mois.
Face à cette situation, les appels à une intervention internationale se sont multipliés. Cependant, la question de savoir comment gérer les gangs armés demeure un sujet de profond désaccord entre les acteurs politiques. Pour Me André Michel et d’autres acteurs, il est impératif de maintenir une position de fermeté et de rejeter toute forme de dialogue avec ces groupes criminels qui ont causé tant de souffrances au peuple haïtien.
La communauté internationale, de son côté, est également appelée à intensifier ses efforts pour aider Haïti à surmonter cette crise sécuritaire. Une solution durable nécessitera une coopération étroite entre les autorités locales et les partenaires internationaux pour rétablir l’ordre, la sécurité et, in fine, la stabilité du pays.