Massacre de Saint-Jean Bosco : Les auteurs de cette tuerie toujours impunis après 34 ans après, déplore Fanmi Lavalas…

Vue de la facade principale de l'eglise saint-Jean Bosco, incendiee le 11 septembre 1988...

PORT-AU-PRINCE, dimanche 11 septembre 2022– Il y a exactement 34 ans depuis que le massacre de Saint-Jean Bosco a été perpétré, dimanche 11 septembre 1988, lors d’une messe célébrée par le père Jean-Bertrand Aristide.

Selon un témoignage de M. Aristide à une émission de radio Haïti Inter en 1989, soit un an après, ce massacre a été l’œuvre des attachés et brassards rouges (d’anciens tontons macoutes pour la plupart) à la solde de la Mairie de Port-au-Prince, dirigée à l’époque par l’ancien colonel des Forces Armés d’Haïti (FAd’H), Franck Romain alias ‘‘Paka Pala.’’

Il a affirmé avoir été informé que la tuerie du 11 septembre a été minutieusement planifiée à la Mairie de Port-au-Prince, indiquant avoir déjà échappé personnellement à une tentative d’assassinat le 4 septembre lorsqu’un individu armé était venu à sa recherche à l’église, mais celui-ci a été désarmé par les jeunes, a souligné le prêtre.

‘‘Avant d’entamer le massacre proprement dit, a poursuivi Jean-Bertrand Aristide, les attachés ont fait une pluie de balles sur l’église et lancé des jets de pierre et de bouteille contre le temple où se massaient plusieurs centaines de personnes venues assister à la messe.’’

Selon lui, cette attaque en règle a provoqué une véritable panique. « Et dans cette situation de panique générale, des gens couraient dans tous les sens pour s’abriter et se mettre en sécurité », a déclaré Aristide.

‘‘C’est à ce moment que les criminels ont escaladé les murs de clôture et ont commencé à tirer sur la foule et poignarder les gens avant de mettre le feu au temple. C’est ainsi qu’une femme enceinte a été poignardée. Après l’accouchement, il a été constaté que le bébé a été atteint aussi dans le ventre de la mère’’, a rapporté Aristide.

En ce qui a trait au bilan, certaines sources ont fait état de treize morts et quatre-vingt blessés dans le cadre de ce massacre perpétré sous le règne du conseil national de gouvernement (CNG) du général Henry Namphy.

Cependant, l’apôtre de la théologie de la libération en Haïti, Jean-Bertrand Aristide qui allait être élu président d’Haïti, deux ans après ces événements tragiques, a déclaré avoir vu que ‘‘les attachés ont jeté au moins une cinquante de personnes dans des ‘‘camions fatras.’’

Trente-quatre ans après le massacre du 11 septembre, le parti de l’ancien président Aristide, Fanmi Lavalas dit noter que ‘‘les haïtiens continuent de périr dans des massacres, mourir de faim, de l’insécurité programmée ou dans la mer.’’

« Justice n’a toujours été rendue aux victimes du 11 septembre pendant que la population continue d’être victime de l’injustice sociale. Inflation, crise de carburant, cherté de la vie et l’insécurité deviennent le lot quotidien des haïtiens », a déploré Fanmi Lavalas dans un communiqué.

Fanmi Lavalas a dit soutenir la mobilisation populaire des haïtiens qui continuent d’exiger le changement et la mise en place d’un gouvernement de salut public pour une transition de rupture, invitant les citoyens à la légitime défense.

En 1991, le ministre de la Justice du premier gouvernement du président Aristide accuse Frank Romain, alors maire de Port-au-Prince, d’avoir organisé la tuerie et, par conséquent, demande son extradition de la République dominicaine, où il résidait en exil, mais en vain.

Accusé d’avoir ordonné le massacre du 11 septembre 1988,  Frank Romain, alors maire de Port-au-Prince, a toujours nié toute implication dans cette affaire.

En 1991, la justice haïtienne a demandé son extradition de la République dominicaine, où il résidait en exil, sans succès.

Il n’a jamais répondu aux questions de la justice sur ce massacre jusqu’à sa mort, le 28 août 2017.

Cependant, dans une interview sur radio Métropole suite au massacre de Saint-Jean Bosco, Franck Romain a déclaré qu’il n’était pas responsable de ce massacre et qu’il n’était pas un homme qui prêche la violence.

Selon Romain, ‘‘Jean-Bertrand Aristide lui-même prêchait la violence. Il récolte ce qu’il a semé’’, a renchéri Franck Romain.