Massacre de policiers à Village de Dieu : Un an après ce drame, les restes des victimes sont toujours aux mains des bandits…

Les policiers assassines le 12 mars 2021...

Port-au-Prince, 12 mars 2022– Un an s’est déjà écoulé depuis que six (6) policiers haitiens des unités spécialisées de la PNH ont péri lors d’une opération policière visant à déloger des bandits à Village de Dieu, mais qui a échoué.

Ordonnée par Léon Charles, Ex-directeur général ad intérim de la PNH, cette opération du vendredi noir du 12 mars 2021 a tourné au carnage, coutant la vie aux policiers, Stanley Eugène, Ariel Poulard, Georges Renoit, Georges Vivender Alexis, Wislet Désilus et Lucdor Pierre (porté disparu) ne répondent plus à l’appel.

Massacrés par des membres du gang “5 Seconde” de “Izo” et Manno, ainsi connus, les corps des policiers qui ont été découpés en morceau, n’ont toujours pas été récupérés.

Le 17 mars 2021, soit 5 jours après l’opération-suicide, pour calmer les policiers en colère et qui contestaient son autorité, l’ancien directeur général intérimaire de la police nationale (PNH), Léon Charles a promis de récupérer les corps des policiers assassinés sauvagement par des bandits de Village de Dieu, le 12 mars 2021.

Cependant, aucun effort n’a véritablement été fait par le haut commandement de l’institution policière pour retrouver les restes des policiers que les bandits avaient exhibé comme des trophées.

Leon Charles, Ex-DG interimaire de la PNH…

Cette scène macabre a augmenté l’angoisse et la souffrance des proches des victimes qui, contrairement à la tradition haïtienne, n’ont pas pu organiser des funérailles et faire le deuil.

Confortés par l’inaction des autorités gouvernementales et policières, les bandits ont mis en scène un simulacre de funérailles pour les policiers. Ce qui a encore aggravé la douleur des proches des victimes.

Cependant, la PNH a négocié au prix fort la récupération d’un véhicule ‘‘blindé ‘’saisi par les bandits qui ont toujours en leur possession un fusil M-60, propriété de la police nationale. A date, personne ne sait ce qui a été fait de cette arme de gros calibre.

Un blinde de la PNH pris par les bandits de Village de Dieu

Cette opération, qui fut la neuvième conduite sous le commandement de Léon Charles, s’est soldée par un échec comme toutes les précédentes.

Piégés par les bandits, les policiers victimes ont passé plusieurs heures à solliciter des renforts qui ne sont jamais arrivés. Aucune tentative pour les aider n’a véritablement été faite.

Un an après, aucune responsabilité n’a été établie. Aucune poursuite judiciaire n’a été engagée et personne n’a payé les conséquences de cette débâcle.

A part Carl-Henry Boucher, inspecteur général et directeur de renseignement de la PNH, qui a été mis en isolement pendant un certain, aucun autre officier de police impliqué dans l’exécution de cette opération qui a tourné court, n’a été sanctionné.

Karl Henry Boucher a toujours clamé son innocence dans l’échec de l’opération policière qui a tourné au drame à Village de Dieu.

L’officier de police a estimé avoir fait son travail de renseignement qui lui a été confié. ‘’J’ai donné tous les renseignements utiles pour faciliter la planification et la conduite de l’opération, mais je n’ai pas commandé l’opération, a déclaré Karl Henry Boucher, précisant également que le plan de l’opération a été validé par l’ensemble du haut état-commandement de la police nationale.’’

L’inspecteur Boucher a précisé que c’est le directeur général a.i de la police nationale, Léon Charles qui avait donné l’ordre pour que des policiers pénètrent à l’intérieur de Village de Dieu à pied. Cependant, a-t-il souligné, ce qui a été décidé, était contraire au plan d’opération défini et approuvé par le haut-commandement de la PNH.

Il a affirmé n’avoir rien à se reprocher dans la façon dont l’opération s’est déroulée puisqu’il n’était ni coordonnateur ni superviseur de l’intervention policière qui a conduit au massacre d’au moins six (6) policiers.

photo/tele metropole: Karl Henry Boucher, Directeur des renseignements generaux de la PNH

Plusieurs organisations des droits de l’homme dont le RNDDH, la FJKL et la POHDH entre autres, avaient appelé à la démission du chef intérimaire de la police et de tous ceux qui étaient impliqués dans la planification de cette opération ratée. Rien ne s’est passé.

Au contraire, Léon Charles est resté en poste jusqu’après l’assassinat de l’ancien président Jovenel Moïse dont il n’a pas su assurer la sécurité.

Il ne quittera la direction de la PNH qu’après un arrangement avec ses supérieurs pour retourner dans la diplomatie à titre de représentant d’Haïti auprès de l’organisation des états américains (OEA).

Un an après ce drame, le syndicat de la police nationale haïtienne (SYNAPOHA) et le syndicat de la police nationale d’Haïti (SPNH-17) déplorent le laxisme des autorités qui n’auraient rien fait pour démanteler les réseaux criminels qui mettent la capitale a genoux.

Lionel Lazarre et Jean Elder Lundi, respectivement coordonnateur du SYNAPOHA et du SPNH-17, dénoncent également le fait qu’il n’y a pas une prise en charge effective de la famille des policiers tués dans l’exercice de leurs fonctions.