Massacre de Jean-Rabel : Les paysans de “Tèt Kole” se souviennent encore, 33 ans après

ROSNEL JEAN BAPTISTE, ''Tet Kole Ti Peyizan""

Par Jacques Kolo,

 Port-au-Prince, le 23 juillet 2020– (RHInews)- Les paysans de Jean-Rabel (Nord-Ouest) lancent un cri d’alarme pour l’amélioration de leurs conditions de vie et continuent de réclamer justice, 33 ans après une tuerie qui a fait 133 victimes, des blessés et des déplacés.

A l’occasion du triste anniversaire du massacre de Jean-Rabel le 23 juillet 1987 par des grands propriétaires terriens et d’un chef de section puissant de l’époque Erilien Délien avec la complicité, d’une partie de la hiérarchie locale de l’Eglise catholique de l’époque, les paysans regroupés au sein de l’Organisation “Tèt Kole Ti Peyizan Jean Rabel” continuent de réclamer justice et réparation pour les vicitimes pour la plupart tuées par balles, brûlées ou décapitées.

Lors de ce massacre sous la conduite d’un riche propriétaire terrien de la région Nicol Poitvien, des bandits et militaires ont massacrés des paysans pour la plupart membres de cette organisation. Ils ont décimé des têtes de bétail, brûlés les récoltes, incendié des maisons, poussant même plusieurs centaines de paysans à prendre le maquis.

Nicol Poitvien, fort de son pouvoir, avait déclaré sur les ondes de la Télévision d’Etat que lui et ses partisans ont tué 1042 communistes, se référant aux paysans membres de cette organisation locale. Il avait eu le soutien de la junte militaire au pouvoir conduite par le général de brigade Henry Namphy, les colonels Williams Regala et Prosper Avril.

Au nom du devoir de mémoire, un rescapé du massacre Rosnel Jean-Baptiste se souvient encore de cette tuerie qui a jeté l’émoi dans la population du Nord-Ouest, en particulier.

“Ils ont péri pour avoir demandé de meilleures conditions de vie, une nouvelle pratique de justice saine et équitable pour tous et une meilleure répartition des richesses nationales”, déclare Rosnel Jean-Baptiste qui vivait dans le maquis pè dans plusieurs mois après le massacre. Il avait seulement 24 ans à l’époque de ce massarce.

Faisant l’historicité de cet événement pour aboutir au drame du 23 juillet 1987, Rosnel Jean-Baptiste qui a perdu un oncle dans cet événement, explique que les paysans avaient déjà gagné les rues de Jean-Rabel le 1er mai 1986 pour dénoncer les abus dont ils faisaient l’objet de la part des “grandons” et des sbires locaux de l’ancien régime.

Une année après, les tenants du statu quo et alliés ont comploté pour étouffer la contestation des paysans.

L’Organisation “Tèt Kole Ti peyizan Jean-Rabel” dénonce la présence dans la région de Nicol Poitvien qui circule librement, ainsi que d’autres bourreaux. Elle réclame justice pour les rescarpés et les enfants orphelins de père ou de mère, conséquences directes de ce massacre.

Rosnel Jean-Baptiste, coordonnateur de cette organisation paysanne croit que la situation socio-économique du pays n’a pas changé.

Au contraire, les besoins de justice, d’électricité, d’eau potable, de sécurité de nourriture sont toujours les mêmes.

Le président Jovenel Moïse s’acharne plutôt à confisquer les terres des paysans, sans tenir compte de leurs besoins primaires, précise Louis Pierre-Marie, le Secrétaire général de “Tèt Kole Ti Peyizan Jean-Rabel.”