MIAMI, dimanche 1e octobre 2023– Marleine Bastien, commissaire du district du comté de Miami-Dade estime que le président Joe Biden est en train d’hypothéquer sa chance de se faire réélire aux élections présidentielles de 2024 en s’entêtant à soutenir Ariel Henry et son gouvernement de facto contre la volonté du peuple haïtien.
« Je ne comprends toujours pas pourquoi le gouvernement des Etats-Unis continue de supporter aveuglement un gouvernement illégitime, accusé d’association avec les gangs qui massacrent la population, violent, pillent et incendient impunément », déclare Mme Bastien.
Selon elle, ‘‘les haitiano-américains qui votent généralement en faveur les démocrates, sont déçus de la politique étrangère de l’administration Biden en Haïti et seraient prêts à le sanctionner aux prochaines élections si elle n’entend pas raison.’’
‘‘Ils sont frustrés et déçus. L’accumulation de l’ensemble de ces frustrations et déceptions risquent de porter ces lecteurs dont le vote est généralement considéré comme acquis par le parti Démocrate, à réévaluer leur façon de voter’’, soutient Mme Bastien.
« Ces haitiano-américains entendent voter de manière intelligente et utile en faveur du progrès de leurs communautés respectives aux Etats-Unis et de leur pays d’origine Haïti », poursuit-elle.
« Ce n’est pas moi qui le recommande ni le suggère, mais j’entends leurs commentaires dans les médias, et ce qu’ils expriment laisse prévoir une situation pas très réjouissante pour les démocrates. Il semble que personne à la Maison Blanche ou au Département d’Etat n’en ait tenu compte, déclare Bastien qui affirme qu’on doit probablement s’attendre à des surprises et changements de comportement des haitiano-américains à partir des prochaines présidentielles. Ceux qui, a un niveau ou a un autre, minimisent le poids du vote de ces électeurs dans la balance électorale américaine, commettent une faute », ajoute Mme Bastien.
Elle appelle également l’administration Biden à mettre fin à son soutien le déploiement d’une force multinationale dirigé par le Kenya en Haïti. ‘‘Cette force, selon Marleine Bastien est destinée à maintenir Ariel Henry et son gouvernement au pouvoir afin d’organiser des élections bidon pour pérenniser un système d’exploitation et de prédation rejeté et dénoncé à tue-tête par la population.’’
Bastien explique que le Kenya est un Etat qui est lui-même confronté au terrorisme et peine à y faire face.
« En plus de l’Ebola qui est toujours présent au Kenya, la police kenyane fait partie des services de police les plus brutaux et corrompus en Afrique, soutient-elle, ajoutant que les haitiens ont encore le triste souvenir des 10 mille morts du Cholera, près d’un million de personnes infectées, les viols sur femmes et garçons, les enfants sans pères entre autres, résultant de l’intervention de 2004 qui a duré 15 ans », fait remarquer Bastien.
Selon elle, ‘‘ce dont Haïti a vraiment besoin de n’est pas l’envoi de troupes étrangères pour supporter un régime qui viole des droits humains et qui laisse massacrer sa population, mais d’une aide technique, logistique, matérielle et technologie à la police nationale pour affronter et mettre hors d’état de nuire les gangs criminels qui mettent le pays à genoux.’’
‘‘Si on prend le temps d’écouter la voix des haitiens à l’étranger aussi bien qu’en Haïti, on se rendra compte qu’ils rejettent les interventions étrangères dans leur pays de la même manière qu’ils rejettent les dirigeants de facto qui lui ont été imposés par la communauté internationale,’’ déclare Mme Bastien.
Elle estime que les Etats-Unis ont mal évalué la situation en Haïti et ne comprennent vraisemblablement les changements qui s’opèrent actuellement dans le monde où l’hégémonie américaine est de plus en plus remise en question.
Haïti veut rester un partenaire des Etats-Unis, mais elle a besoin de jouir son droit de pouvoir décider par elle-même et dans le sens de ses intérêts. « Cela doit être compris au plus haut niveau de l’administration Biden, souligne Bastien qui appelle les élus haitiano-américains à continuer a parler collectivement d’une seule voix afin de faire l’écho du cri des haitiens désireux de s’autogérer. »
Selon elle, Les Etats-Unis n’ont rien à craindre si les haitiens se prennent en charge et s’autogèrent. ‘‘Cependant, ce qui fait peur, c’est la poursuite d’une politique américaine consistant à infantiliser les haitiens et à décider à leur place lorsqu’il s’agit de choisir leurs dirigeants.’’
‘‘Cette politique, estime-elle, est contreproductive et a échoué. Elle réduit à sa plus simple expression l’homme haïtien, détenteur d’une histoire glorieuse, qui refuse d’accepter l’inacceptable. Imposer aux haitiens une manière de penser et de faire, des dirigeants incapables et sanguinaires, n’est pas une solution.’’
« Chaque fois que l’on place des dirigeants délinquants à la tête du pays, les haitiens fuient massivement et risquent leurs vies sur de frêles embarcations pour atteindre les cotes de la Floride a la recherche d’une vie meilleure. S’ils avaient les gouvernements qu’ils méritent et que, ce sont eux qui les choisissaient, ils resteraient chez eux pour construire un meilleur avenir pour leurs enfants », déclare Mme Bastien.
Elle estime que le moment est venu pour Washington de soutenir une solution haïtienne a la crise haïtienne en vue d’une transition démocratique en Haïti, arguant que le soutien a un régime illégitime qui dirige sans consensus, contre le peuple haïtien, ne fera qu’exacerber la colère des haitiens.
La solution à la crise ne passe pas par le déploiement de forces étrangères en Haïti, soutient-elle. Marleine Bastien fait partie du Réseau national des élus américains haïtiens (NHAEON) et FANM en action qui, récemment, se sont déclarés fermement opposés à l’intervention militaire internationale proposée par l’administration Biden en Haïti.
Dans une correspondance au secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, ils ont déclaré : « Toute intervention militaire soutenant le régime corrompu, répressif et non élu d’Haïti aggravera probablement la crise politique actuelle jusqu’à la rendre catastrophique. Cela renforcera davantage le régime, aggravant la crise politique en Haïti tout en générant d’importantes pertes civiles et une pression migratoire. »