Mario Andrésol aux commandes de la sécurité publique en Haïti : un ancien Directeur Général de la PNH face à l’immense défi de restaurer l’ordre dans un pays à bout de souffle

Mario Andresol, Secretaire d'Etat a la Securite Publique....

PORT-AU-PRINCE, mardi 14 janvier 2025-Dans un contexte où Haïti est en proie à une crise sécuritaire sans précédent, caractérisée par une montée vertigineuse de la violence criminelle et une paralysie des institutions, Mario Andrésol a été nommé Secrétaire d’État à la Sécurité Publique. Cette décision, prise par le Conseil Présidentiel de Transition, marque une tentative de réponse aux appels désespérés de la population pour un rétablissement de la paix et de l’ordre dans le pays. L’installation officielle de Mario Andrésol a eu lieu ce mardi à la Primature, en présence du président du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), Leslie Voltaire, du ministre de la Justice et de la Sécurité Publique, Patrick Pélissier, et d’autres hauts responsables.

Lors de cette cérémonie, le ministre Pélissier a expliqué que le choix de Mario Andrésol s’inscrivait dans une volonté d’apporter une expertise solide et une vision stratégique à la tête de cette institution clé. Saluant l’intégrité, la discipline et le patriotisme de celui qui fut autrefois Directeur Général de la Police Nationale d’Haïti (PNH), Pélissier a déclaré que la situation actuelle nécessitait un leadership courageux et une action rapide. Il a également reconnu que la mission d’Andrésol serait particulièrement ardue dans un environnement où l’insécurité a atteint des niveaux alarmants, avec des gangs armés contrôlant une grande partie du territoire national.

Prenant la parole, Mario Andrésol a livré un discours à la fois humble et résolu, reconnaissant les attentes considérables placées en lui tout en soulignant les défis immenses qu’il devra surmonter. Il a débuté en rendant hommage aux victimes de l’insécurité, rappelant les statistiques effroyables de l’année écoulée : plus de 5 600 homicides et près de 1 500 cas de kidnapping recensés. Andrésol a affirmé que sa nomination n’était pas une récompense, mais un appel à servir dans un moment critique de l’histoire du pays.

L’un des points centraux de son discours fut l’urgence de réorganiser et de renforcer les forces de l’ordre. Andrésol a insisté sur le fait qu’une institution comme la PNH ne peut pas fonctionner efficacement sans des moyens adéquats, un encadrement rigoureux et une stratégie clairement définie. Il a évoqué la nécessité de doter les forces de police de ressources modernes, notamment des équipements adaptés, des véhicules opérationnels et des outils technologiques pour améliorer la collecte de renseignements. Il a également plaidé pour une réforme structurelle visant à renforcer les capacités de commandement et la discipline au sein de l’institution, tout en mettant en avant l’importance de l’éthique professionnelle.

Un autre aspect clé de son intervention fut la question des groupes armés. Andrésol a souligné que la lutte contre ces derniers nécessitait une approche combinant force et intelligence. Il a évoqué l’importance de cibler les réseaux financiers qui soutiennent ces groupes, en appelant à une collaboration étroite avec les institutions bancaires et les partenaires internationaux pour traquer et geler les flux financiers alimentant le crime organisé. Il a également proposé de renforcer les partenariats avec les agences internationales de lutte contre le trafic d’armes et de drogue, soulignant que la criminalité en Haïti a des ramifications transnationales qui dépassent largement les frontières du pays.

Mario Andrésol a également mis l’accent sur la nécessité d’impliquer les communautés locales dans le processus de sécurisation. Il a évoqué un projet visant à établir des “comités locaux de sécurité”, qui travailleraient en étroite collaboration avec la PNH pour identifier les menaces et prévenir les actes criminels. Ces comités, selon Andrésol, seraient composés de citoyens volontaires issus des zones les plus touchées par la violence et joueraient un rôle de relais entre les forces de l’ordre et les populations.

Un autre volet important de son discours portait sur les droits humains. Andrésol a insisté sur le fait que la lutte contre le crime ne devait pas se faire au détriment des libertés fondamentales. Il a affirmé que son objectif était d’instaurer une politique de sécurité publique basée sur le respect de la dignité humaine, en veillant à ce que les forces de l’ordre opèrent dans un cadre légal et éthique. Pour cela, il a proposé un programme de formation continue pour les policiers, axé sur les droits de l’homme et les techniques d’intervention proportionnées.

Le nouveau Secrétaire d’État a également abordé la question du climat de méfiance qui règne entre la population et les institutions publiques. Il a reconnu que cette fracture sociale était un obstacle majeur à la mise en œuvre d’une politique sécuritaire efficace. Pour y remédier, il a promis de travailler à la restauration de la confiance entre les citoyens et les autorités, en prônant la transparence, la communication et la reddition de comptes.

Conscient des attentes et des critiques auxquelles il devra faire face, Andrésol a conclu en appelant à l’unité nationale. Il a exhorté les acteurs politiques, la société civile, la diaspora et les partenaires internationaux à soutenir ses efforts pour redresser la sécurité publique en Haïti. « Nous ne pouvons réussir seuls. La sécurité est l’affaire de tous. Ensemble, nous pouvons redonner espoir à notre pays », a-t-il affirmé avec conviction.

Cette nomination de Mario Andrésol, connu pour ses années à la tête de la PNH et ses résultats significatifs dans la lutte contre les gangs armés et le trafic de drogue, suscite un mélange d’espoir et de scepticisme au sein de la population. Si beaucoup saluent son expérience et son pragmatisme, d’autres estiment que les défis structurels et financiers qui minent le pays risquent de limiter considérablement son action. Quoi qu’il en soit, Andrésol semble prêt à relever ce défi titanesque, convaincu que le redressement d’Haïti passe inévitablement par une sécurité renforcée et une gouvernance exemplaire.