Par Jude Martinez Claircidor
LAKE BITLER, (FL), jeudi 27 mars 2025– Il est des âmes dont le passage sur cette terre n’est qu’une offrande de lumière et de bienveillance. Marie Lourdes Marlène Duré était de celles-là. Infirmière par vocation, mère par essence, pilier inébranlable pour les siens et pour tous ceux que la vie avait jetés dans la tourmente, elle a incarné l’amour du prochain dans sa forme la plus pure.
Née le 9 avril 1938 à Port-au-Prince, élevée au Cap-Haïtien, elle porta en elle la noblesse d’une Haïti d’antan, celle où l’entraide était une vertu sacrée et le service un honneur. Son départ, survenu le 27 février 2025 à Lake Butler, laisse en héritage une trace indissoluble, un sillage de tendresse et de dévouement qui ne s’éteindra jamais dans le cœur de ceux qui l’ont connue.
Femme de tous les engagements, Marie Lourdes Marlène Duré était une figure incontournable de Bas Peu de Choses et de Carrefour-Feuilles. Mais sa mission dépassait les murs des hôpitaux. Sa maison était un sanctuaire du soin, un havre de réconfort où les âmes meurtries trouvaient un baume, un sourire et souvent un médicament tendu avec cette générosité qui ne comptait ni le temps ni l’effort. Des ruelles de Tunnel à Sicot, de Fort Mercredi à Magloire Ambroise, son nom était murmuré comme celui d’une providence discrète et bienveillante.
Lorsque le séisme du 12 janvier 2010 foudroya Haïti, elle ne fléchit pas. Devant sa demeure, rue Alerte, elle dressa une tente, un abri où elle recousait les chairs et pansait les âmes, distribuant des soins comme une prière silencieuse pour son peuple meurtri. L’infirmière n’était pas seulement dans le geste, elle était dans l’âme.
Mais Marie Lourdes Marlène Duré était aussi une femme de rituels et de traditions. Dans sa maison Gingerbread, nichée aux angles des rues Pétrus et Alerte, elle cultivait son jardin avec la même patience qu’elle consacrait aux cœurs égarés. Les tourterelles et les pigeons venaient s’abreuver auprès d’elle comme si, instinctivement, ils savaient qu’ici, tout n’était que douceur. Chaque dimanche, un gâteau doré sortait de son four, partagé avec son amie fidèle, Ninotte AzorClaircidor, dans un rituel aussi sacré que ses prières à l’Immaculée Conception.
Son rêve était celui d’un Cap-Haïtien retrouvé, lavé de ses douleurs, embelli comme dans les souvenirs de son enfance. Elle aimait fredonner les refrains anciens, ces mélodies du passé qui portaient en elles toute la mémoire d’un pays qu’elle n’a jamais cessé d’aimer.
Marie Lourdes Marlène Duré laisse derrière elle un héritage tissé d’amour et de sagesse. Ses enfants chéris – Dr. Maurice Duré et son épouse Nora de Lake Butler, Marlon Duré d’Haïti, et Dr. Marjorie Duré du Canada – porteront en eux son empreinte éternelle, tout comme ses petits-enfants, nourris de sa tendresse et de ses conseils imprégnés de douceur et de force.
Elle laisse aussi dans le deuil ses frères et sœurs bien-aimés : Jocelyne Jadotte, Kettly Schomberg, Murielle Dugue, KarlynSchomberg, Chantal Schomberg, Manushka Schomberg St Fort, René Schomberg, Léo Schomberg, Kasandre Schomberg Nestor, Charles Bouchereau, Ghislaine Bouchereau, Patrick Noël, Pierre Ménard et Uranie Ménard, ainsi qu’une constellation d’amis et de parents qui pleurent aujourd’hui l’étoile qu’elle fut.
Si les songes pouvaient réécrire le réel, on l’imaginerait encore sur son perron, ouvrant les cages de ses colombes, les laissant s’élancer vers le ciel en un dernier hommage à la liberté qu’elle chérissait tant. Peut-être que ses proches, dans un geste d’adieu, libéreront ces oiseaux, comme pour accompagner son âme vers l’éternité où elle retrouvera son cher époux, le Dr. Duré.
Mais Marie Lourdes Marlène Duré n’appartient plus à ce monde. Elle appartient désormais à la mémoire, à l’immortalité des cœurs qu’elle a touchés, aux prières qu’elle a murmurées, aux gestes qu’elle a posés avec une grâce infinie. Que son repos soit doux, à l’image de l’amour qu’elle a semé sur cette terre.