L’UNESCO demande aux Etats d’inscrire l’éducation à l’océan dans les programmes scolaires d’ici 2025

La mer d'haiti/image d'illustration...

New-York, jeudi 10 février 2022– A l’occasion du One Ocean Summit, l’UNESCO annonce se fixer pour objectif que l’éducation à l’océan figure dans les programmes scolaires de ses 193 Etats membres d’ici 2025. Pour y parvenir, l’agence onusienne met à la disposition des décideurs publics un référentiel commun de contenus pédagogiques.

Le One Ocean Summit se déroule à Brest, en France, du 9 au 11 février 2022, dans le but de mobiliser la communauté internationale pour qu’elle prenne des mesures concrètes pour préserver et soutenir un océan sain et durable.

« La communauté internationale doit faire de l’éducation l’un des piliers de son action en faveur de l’océan. Car si nous voulons mieux le protéger, nous devons mieux l’enseigner », a déclaré Audrey Azoulay, Directrice générale de l’UNESCO, l’agence des Nations unies qui dirige la Décennie des sciences océaniques au service du développement durable, de 2021 à 2030.

Pour atteindre cet objectif ambitieux, l’UNESCO a dévoilé jeudi un référentiel commun de contenus pédagogiques à destination des décideurs politiques et des concepteurs de programmes. Il leur donne toutes les clefs pour intégrer l’éducation à l’océan à chaque niveau de la chaine éducative : de la rédaction des programmes scolaires nationaux jusqu’à la préparation des leçons par les enseignants.

« Grâce à cette boite à outils, tous les Etats sont sur le même pied d’égalité pour placer rapidement l’océan au cœur des enseignements et accroître les connaissances des élèves dans ce domaine afin qu’ils deviennent des citoyens responsables et engagés », a expliqué Stefania Giannini, Directrice générale adjointe de l’UNESCO en charge de l’éducation.

Ces nouveaux outils éducatifs fournis par l’UNESCO, avec le soutien d’AXA et de nombreux autres partenaires et experts, sont fondés sur la conviction qu’il faut changer la façon dont la société interagit avec l’océan pour parvenir à un modèle plus durable.

Dans ce référentiel, l’UNESCO a tenu à mettre en valeur les bonnes pratiques de ses Etats membres qui travaillent déjà sur l’éducation océanique, à l’image du Brésil, du Canada, du Costa Rica, du Kenya, du Portugal et de la Suède. Sous la forme d’étude de cas, l’Organisation présente les principaux résultats obtenus par ces pays, ainsi que les opportunités et les défis à relever pour inclure de manière structurée la connaissance de l’océan dans les programmes d’études.

Pour l’UNESCO, l’éducation à l’océan doit se traduire non seulement par la transmission des connaissances scientifiques et des enjeux contemporains, mais aussi par la promotion des savoir-faire et des connaissances traditionnelles, à l’image de ceux que protège la Convention de 2001 sur le patrimoine culturel immatériel qui promeut par exemple des techniques de pêche ancestrales.

A l’occasion du One Ocean Summit, l’UNESCO a également annoncé qu’au moins 80% des fonds marins seront cartographiés d’ici 2030, contre 20% actuellement, avec l’appui de ses Etats membres et du secteur privé.

« Comment réussir à protéger l’océan quand on le méconnait autant ? Seuls 20% des fonds-marins sont cartographiés. Nous devons aller plus loin et mobiliser la communauté internationale pour qu’au moins 80% des fonds marins soient cartographiés d’ici 2030 », a dit jeudi Audrey Azoulay.

Connaître la profondeur et les reliefs des fonds marins est essentiel pour comprendre l’emplacement des failles océaniques, le fonctionnement des courants océaniques et des marées, comme celui du transport des sédiments.

Ces données contribuent à protéger les populations en anticipant les risques sismiques et les tsunamis, à recenser les sites naturels qu’il convient de sauvegarder, à identifier les ressources halieutiques pour une exploitation durable, à planifier la construction des infrastructures en mer, ou encore à réagir efficacement aux catastrophes à l’image des marées noires, des accidents aériens ou des naufrages. Elles ont aussi un rôle majeur pour évaluer les effets futurs du dérèglement climatique, qu’il s’agisse des augmentations de température ou de l’élévation du niveau de la mer.

En 2017, l’UNESCO et la Nippon Foundation, la plus grande fondation privée du Japon, ont uni leurs forces pour lancer le programme « Seabed 2030 ». Il coordonne depuis le déploiement des sonars et rassemble toutes les données recueillies. Ce programme a notamment permis de convaincre de nombreux Etats de partager les données en leur possession portant sur les fonds marins proches de leurs côtes. Les premiers résultats de ce programme sont tangibles : il y a 5 ans, au moment du lancement de Seabed 2030, seuls 6% des fonds marins étaient cartographiés selon les standards modernes, nous en sommes aujourd’hui à 20%.

Il est d’autant plus possible d’accélérer la cartographie des fonds marins que des innovations récentes ont amélioré l’efficacité des outils technologiques. Si les sonars sont utilisés depuis les années 1960 pour balayer les fonds marins, ceux-ci sont désormais multifaisceaux, c’est-à-dire qu’ils peuvent mesurer la hauteur d’eau en plusieurs points et dans plusieurs directions à la fois, ce qui représente un formidable gain de temps. Surtout, alors qu’ils étaient jusqu’à présent fixés sur des navires avec équipage, les scientifiques sont désormais en capacité de les piloter à distance sur des navires autonomes – sur le même principe que les drones aériens. Cette solution ouvre la possibilité de cartographier les fonds bien au-delà des routes habituelles de navigation. Elle a aussi l’avantage d’être plus abordable sur un plan financier.

A l’occasion du One Ocean Summit, Audrey Azoulay appelle à amplifier la dynamique, par la mobilisation des 150 Etats membres de la Commission océanographique intergouvernementale (COI) de l’UNESCO mais aussi du secteur privé. Les experts de la COI ont d’ores et déjà évalué les moyens qui sont nécessaires à l’atteinte de cet objectif d’au moins 80% à horizon 2030.

Ils reposent sur trois axes :

La mobilisation d’une flotte de 50 navires spécialement dédiée à la cartographie des fonds marins.

L’intensification du recours au sonar sur navire autonome.

La transmission par les gouvernements et par les entreprises des données cartographiques qu’ils ont déjà en main mais qu’ils conservent archivées.

Selon les experts de la COI, le besoin total de financement pour ce projet est de 5 milliards de dollars, soit une moyenne de 625 millions de dollars par an d’ici 2030.

« Nous allons mettre en place d’ici 2023 un outil de suivi mondial, qui permettra de rendre compte chaque année des progrès de la cartographie et d’identifier où se trouvent les lacunes restantes. Cette carte mondiale des fonds marins sera l’un des héritages de la Décennie des océans des Nations Unies », a expliqué Vladimir Ryabinin, Directeur général adjoint de l’UNESCO en charge de la COI.