WASHINGTON, mercredi 13 novembre 2024– Le Conseil permanent de l’Organisation des États Américains (OEA) a adopté ce 13 novembre 2024 la résolution CP/RES. 1268, marquant un soutien officiel à la demande de la République d’Haïti pour une transformation de la Mission d’appui multinational en matière de sécurité (MSS) en une Opération de maintien de la paix des Nations Unies (PKO). Ce soutien intervient à la suite de la demande formelle adressée par le Conseil présidentiel de transition d’Haïti le 22 octobre 2024, dans un contexte de violence généralisée, d’instabilité politique et de crises humanitaires dévastatrices, exacerbées par la puissance croissante des gangs armés.
La résolution de l’OEA rappelle d’abord l’importance de la paix, de la démocratie et de la sécurité dans la région, des valeurs au cœur de la Charte de l’Organisation des États Américains et de la Charte démocratique interaméricaine. Soulignant que la situation en Haïti présente un risque potentiel pour la stabilité de l’ensemble de l’hémisphère, l’OEA exprime sa préoccupation face aux multiples crises qui frappent la population haïtienne, entravant la gouvernance démocratique et obstruant le développement socio-économique. Pour répondre aux besoins de sécurité et de stabilité du pays, la résolution encourage une action urgente du Conseil de sécurité des Nations Unies (CSNU) pour transformer la MSS en une opération de maintien de la paix, une force plus robuste, capable d’appuyer Haïti dans sa reconstruction institutionnelle.
L’adoption de cette résolution par l’OEA témoigne d’une continuité de soutien international à Haïti, rappelant les interventions antérieures, dont la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) et la Mission des Nations Unies pour l’appui à la justice en Haïti (MINUSJUSTH). Toutefois, la situation actuelle exige, selon le Conseil présidentiel de transition d’Haïti, une assistance plus pérenne pour stabiliser le pays sur le long terme, une aide qui pourrait se concrétiser par une PKO sous mandat de l’ONU. Cette force internationale serait dotée de ressources humaines et techniques suffisantes pour répondre aux multiples défis auxquels Haïti est confronté, notamment le rétablissement de l’ordre public et le renforcement de la Police nationale haïtienne.
La résolution de l’OEA fait écho à la décision prise par le Conseil de sécurité de l’ONU en septembre 2024, avec l’adoption de la Résolution 2751 renouvelant le mandat de la MSS en Haïti pour une année supplémentaire. La Mission, composée de plusieurs contributeurs internationaux, dont le Kenya, a depuis lors travaillé sur le terrain pour contenir l’escalade de la violence. Cependant, malgré les efforts déployés, la MSS rencontre des limites en raison des défis structurels d’un pays où les infrastructures de sécurité et les institutions de gouvernance peinent à fonctionner pleinement. C’est pourquoi l’OEA soutient l’idée d’une PKO, jugée plus adaptée pour accompagner Haïti dans un processus de transition vers une gouvernance démocratique et un État de droit renforcé.
L’Organisation des États Américains appelle également ses membres à contribuer au financement, au soutien technique et à l’assistance logistique pour permettre le déploiement effectif de la mission en Haïti. Certains États membres de l’OEA ont déjà exprimé leur volonté d’apporter un soutien matériel ou en personnel. D’autres pays, tels que la Colombie, bien qu’en faveur de la résolution, ont exprimé des réserves, privilégiant des actions centrées sur le développement institutionnel et durable plutôt que sur une implication militaire directe. Cette diversité d’opinions au sein de l’OEA montre la complexité de la crise haïtienne, nécessitant un équilibre entre le respect de la souveraineté nationale et le besoin d’une intervention extérieure pour restaurer la stabilité.
Dans une déclaration suite à l’adoption de la résolution, Bocchit Edmond, ancien ministre haïtien des Affaires étrangères et ambassadeur d’Haïti aux États-Unis, a salué cette décision en soulignant son caractère urgent pour le pays. Edmond a réitéré que la transformation de la MSS en une mission de maintien de la paix de l’ONU était une nécessité pour apporter une réponse plus structurée aux graves besoins de sécurité d’Haïti. Il a également reconnu les efforts conjoints déployés par les missions permanentes d’Haïti et des États-Unis auprès de l’OEA pour assurer l’adoption de cette résolution. Edmond a rappelé l’importance pour Haïti, membre fondateur de l’ONU, de pouvoir compter sur la solidarité de la communauté internationale afin de rétablir la paix et la sécurité, soulignant que le pays traverse une période critique nécessitant un soutien rapide et coordonné.
La résolution insiste par ailleurs sur la nécessité d’aborder les causes profondes du conflit haïtien, telles que la pauvreté, les inégalités, le manque de services publics de base, et la faiblesse institutionnelle. Selon l’OEA, une approche cohérente et globale est indispensable pour répondre à ces défis à travers des politiques publiques en matière de développement social, économique et de sécurité. L’OEA invite donc à renforcer la coopération internationale dans le cadre de la PKO, en coordonnant les efforts entre la MSS, le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), et les partenaires régionaux. Cette coordination permettra une transition progressive et efficace vers un État stable, démocratique et capable d’assurer sa propre sécurité.