PORT-DE-PAIX, jeudi 2 juin 2022– L’insécurité et les problèmes d’infrastructures ont des impacts directs sur le secteur d’affaires dans le Nord-Ouest en général et Port-de-Paix en particulier, affirme Lorfils Wisly.
Selon Lorfils Wisly, entrepreneur, propriétaire de l’hôtel Caciquat à Port-de-Paix et secrétaire général de la chambre de commerce du Nord-Ouest, le secteur d’affaires est sinistré en raison de la persistance de la crise politique a la base, dit-il, de l’instabilité chronique à laquelle le pays fait face depuis plusieurs décennies.
Interrogé par RHINEWS, Wisly affirme qu’en raison de l’insécurité sur les routes et dans les zones périphériques de la ville, les magasins éprouvent toutes les peines du monde pour s’approvisionner soit à Port-au-Prince (Ouest) ou à Ouanaminthe (Nord-Est).
Il indique que même en temps normal les entreprises des villes de province sont défavorisées. ‘‘En période de grave crise politique et sécuritaire telle que celle que nous connaissons actuellement, c’est la catastrophe’’, soutient l’homme d’affaire qui souhaite que les acteurs politiques de toutes les tendances s’attellent à résoudre la crise pour mettre fin au calvaire et aux souffrances des haïtiens.
« Le mauvais état des infrastructures routières dans le département complique davantage la tâche des hommes et femmes d’affaires de la région », déclare-t-il. A cela s’ajoutent, dit-il, des pannes d’électricité à répétition, des problèmes de communication, la main d’œuvre qualifiée se rarifie entre autres.
« Les infrastructures portuaires et aéroportuaires laissent à désirer », se lamente Wisly, soulignant que le département du Nord-Ouest manque de tout et a toujours été traité en parent pauvre.
Selon lui, tous ces problèmes, sans compter l’inexistence de l’Etat, polluent l’environnement des affaires, soulignant que sans sécurité ni stabilité politique, il est difficile de conduire de bonnes affaires dans un pays.
« Ce dont nous avons besoin, c’est un climat de sécurité rassurante, un pays stable politiquement pour que les affaires marchent et que nous puissions créer des emplois, produire de la richesse afin que les citoyens aient du pouvoir d’achat pour consommer », déclare Wisly.
Il affirme que la situation est tellement grave qu’il est impossible de planifier quoique ce soit dans le département.
L’été arrivé, c’est le moment où nous qui sommes dans le secteur touristique, dans l’hôtellerie et la restauration devrions nous préparer à faire de bonnes affaires, mais il est inutile, poursuit l’entrepreneur de demander à des touristes de venir en Haïti actuellement. Même les haïtiens vivant à l’étranger sont réticents à rentrer au pays, affirme-t-il.
Il précise que même les touristes locaux sont extrêmement rares, d’autant que les éléments de la classe moyenne ont été sévèrement décapitalisés ces derniers temps et d’autres ont fui massivement le pays en raison du kidnapping.
Selon lui, c’est la République Dominicaine qui est en train de profiter de cette situation, soulignant que de nombreux haïtiens d’Haïti et de l’étranger achètent des appartements là-bas soit pour passer leurs vacances ou pour habiter.
Il pense que, les transferts d’argent des haïtiens de l’étranger vont changer de destination progressivement et iront vers la République Dominicaine. Ce sera un manque à gagner pour l’économie haïtienne, soutient-il.
Le Nord-Ouest, les Nippes et le Nord-Est, sont les trois départements les plus pauvres du pays et où le gouvernement consacre et investit très peu d’argent du budget national.
Dans le temps, le Nord-Ouest était l’une des régions d’Haïti qui exportaient du café, de la banane et d’autres denrées alimentaires.