L’opération ‘‘Bwa Kale’’ fait chuter le kidnapping et la violence criminelle des gangs armés au cours du mois dernier, selon le CARDH…

Wilson Joseph Lanmo San Jou'', chef de gang 400 Mawozo, Vitelhomme Innocent, chef de Kraze Barye, Johnson Andre ''Izo, chef de gang 5 Seconde de Village de Dieu et Jimmy Cherizier ''Barbecue'', chef de la federation des gangs du G-9 an Fanmi e Alye''....

PORT-AU-PRINCE, lundi 29 mai 2023– Selon le centre d’analyse et de recherche en droits humains (CARDH), l’opération ‘‘Bwa kale’’ est un réveil citoyen qui a conduit à une ‘‘réduction drastique des enlèvements du 24 avril au 24 mai 2023 (presque pas d’enlèvements signalés) et des autres manifestations de la violence des gangs (tueries, viols…).’’

Au cours de cette période, souligne le CARDH, 43 assassinats contre 146 pour le mois d’avril (du 1er au 23) et 86 pour le mois de mars, baisses de 70.55% et 50.58 %.

Cependant, l’organisation note que « depuis le lancement de « Bwa Kale  » le 24 avril 2023, donnant lieu à un binôme police-population, au moins 160 présumés bandits sont pourchassés, lynchés et brulés vifs dans tout le pays : 134 dans le département de l’Ouest, 83.75 % ; cinq (5) dans le département du Centre, 3.12 % ; neuf (9) dans l’Artibonite, 5.62 % ; un (1) dans le Sud, 0.62% ; un (1) dans le Sud Est, 0.62% ; neuf (9) dans la Grand-Anse, 5.62 ; un (1) dans le Nord, 0.62. En outre, au moins 78 avaient été exécutés avant le « Bwa Kale » : Turnel, Rozo, Miragoâne, Solino/Delmas 24 ».

Pour le CARDH, ‘‘Bwa Kale est une réaction populaire (droit naturel et conventionnel à la légitime défense) face à la cruauté extrême des gangs, car les forces de l’ordre sont impuissantes, l’État est incapable d’user de son monopole de (la) violence légitime et l’international « tourne en rond » et s’enlise dans la rhétorique promesses.’’

Le CARDH suggère que ce mouvement soit encadré pour une sécurité durable, sinon les répliques des gangs seront pires que les atrocités précédant le « Bwa Kale ».

‘‘Le massacre orchestré par le gang 5 secondes à Sources Matelas le 19 avril 2023, une quarantaine d’assassinats et de disparus, a été une revanche contre la brigade citoyenne mise en place à la suite de l’attaque du 29 novembre 2022 (au moins 12 assassinats). Il faut aussi limiter les éventuelles dérives (des cas sont à l’étude’’, rappelle l’organisation.

Elle souligne que ‘‘c’est la responsabilité des autorités centrales et locales, plus généralement des élites, mais aussi de la coopération internationale en Haïti avec des mandats portant sur le renforcement institutionnel (police/Justice) et l’État de droit (MINUSTAH, MINUJUSTH, BINUH) et au nom de la responsabilité de protéger.’’

Le CARDH insiste sur la nécessité de doter la police de moyens concrets (matériels, technologies…) pour affronter les gangs et remplir sa mission comme toute autre police : « protéger et servir ».

L’organisation estime des études criminologiques sont importantes pour une compréhension de ces nouveaux comportements et prévenir leurs impacts sur l’avenir.

Selon elle, des mesures institutionnelles doivent être envisagées pour s’attaquer fondamentalement à cette nouvelle organisation de la criminalité, les gangs visiblement connus (Izo, Ti Lapli…) n’étant pas les « maîtres », sinon il y en aura d’autres.