PORT-AU-PRINCE, jeudi 21 novembre 2024– La violence des gangs s’intensifie à un rythme alarmant en Haïti : des dizaines de milliers de personnes ont été contraintes de quitter leur foyer et des chaînes d’approvisionnement essentielles se sont effondrées. Malgré la montée des périls, les Nations Unies s’engagent à rester dans le pays pour aider les plus vulnérables à survivre à la crise actuelle.
Les gangs armés seraient en train d’étendre leur zone d’opérations, prenant le contrôle de nouveaux quartiers et isolant davantage les communautés, notamment dans la capitale Port-au-Prince. Et ce, malgré le déploiement d’une Mission multinationale d’appui à la sécurité (MSS) soutenue par le Conseil de sécurité de l’ONU, chargée de soutenir la police nationale, qui peine à maintenir la paix en raison d’un manque criant de ressources.
Mercredi, Ulrika Richardson, la Coordinatrice humanitaire de l’ONU en Haïti, a informé des journalistes de la situation difficile, signalant la fermeture de l’aéroport en raison de gangs qui tirent et frappent les avions commerciaux, ainsi qu’une augmentation des meurtres au cours des derniers jours.
Sur une période de quatre jours, plus de 20.000 personnes dans la région de Port-au-Prince ont fui leurs maisons à la recherche de sécurité et d’un abri.
Dans un exposé séparé, Miroslav Jenča, le chef des opérations de paix de l’ONU pour les Amériques, a déclaré que les gangs ont « encerclé la capitale et toutes les voies d’accès ». Selon certaines estimations, ils contrôleraient environ 85 % de la capitale.
Lundi, ils ont attaqué le quartier de Pétion-Ville, qui abrite le personnel international, les bureaux des Nations Unies et le corps diplomatique et qui était auparavant considéré comme relativement sûr.
S’il fallait une preuve supplémentaire de la gravité de la situation sécuritaire en Haïti, elle est apparue sous la forme d’un communiqué de presse publié mardi par Médecins Sans Frontières (MSF).
L’organisation caritative, qui opère régulièrement dans les zones de conflit les plus dangereuses du monde, a annoncé la suspension de ses activités dans la région métropolitaine de Port-au-Prince jusqu’à nouvel ordre, à la suite d’une attaque contre l’une de ses ambulances, au cours de laquelle au moins un patient a été tué.
Les opérations d’aide alimentaire et sanitaire se poursuivent.
Les agences et entités du système des Nations Unies opérant en Haïti ont néanmoins tenu à insister sur leur volonté de rester dans le pays.
« Nos opérations humanitaires se sont, en fait, poursuivies depuis le début de l’escalade de la crise », a noté Mme Richardson. « Nous avons fourni des milliers de repas, des soins médicaux et psychosociaux et de l’eau potable ».
La haute fonctionnaire de l’ONU a ajouté qu’un hélicoptère de l’ONU utilisé pour transporter des fournitures humanitaires, qui avait été affecté par la fermeture de l’aéroport, a maintenant repris ses vols entre Cap-Haïtien et Port-au-Prince.
Depuis le début de l’année, le Programme alimentaire mondial (PAM) a distribué plus de deux millions de repas chauds. Rien que ce week-end, malgré les risques, le PAM et ses partenaires ont pu distribuer près de 38.000 repas chauds à Port-au-Prince et dans la ville voisine de l’Arcahaie, un record en une seule journée.
L’aide du PAM ne se limite toutefois pas à la région de la capitale. L’agence et ses partenaires fournissent des repas quotidiens à plus de 430.000 écoliers, dont 70 % sont entièrement préparés à partir d’ingrédients locaux. Quelque 97.000 personnes reçoivent également des transferts d’argent, dans le cadre des efforts visant à créer un filet de sécurité sociale.
L’agence des Nations Unies pour les migrations, l’OIM, maintient également ses opérations en Haïti, en gardant les centres de protection des migrants ouverts et en fournissant une assistance vitale par le biais de cliniques médicales mobiles, d’aides au loyer pour les personnes déplacées, de la protection des services, d’un soutien psychologique, de la livraison d’eau aux sites de déplacement et d’un soutien aux postes frontières.