PORT-AU-PRINCE, vendredi 25 avril 2025 (RHINEWS)
— L’Organisation des Nations Unies s’inquiète d’une recrudescence des expulsions vers Haïti de femmes haïtiennes vulnérables, notamment des femmes enceintes, des mères allaitantes et de très jeunes enfants en provenance de la République dominicaine.
Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), les dernières semaines ont été marquées par une intensification des retours forcés impliquant des femmes en situation de grossesse ou en période d’allaitement, ainsi que des enfants, y compris des nourrissons. Ces groupes sont particulièrement exposés aux risques en raison de l’accès extrêmement limité aux services de base en Haïti.
Le mardi 22 avril, les équipes de l’OIM présentes au poste frontalier de Belladère ont accueilli 416 personnes expulsées, dont 11 femmes enceintes et 16 mères allaitantes. « Les équipes de l’OIM n’assistent pas au processus d’expulsion lui-même, mais se concentrent sur l’assistance humanitaire dès l’arrivée, dans des conditions souvent très précaires, sans ressources », a précisé Stéphane Dujarric, porte-parole du Secrétaire général des Nations Unies à New York.
L’aide fournie inclut nourriture, eau, kits d’hygiène, premiers soins, référencements médicaux et soutien psychosocial. Un effort particulier est accordé à la santé maternelle, avec la mise à disposition d’hébergements temporaires pour les mères allaitantes.
Parallèlement, les conditions en Haïti continuent de se dégrader. Le Centre du pays est particulièrement affecté par la montée des violences armées et les récentes coupes budgétaires dans l’aide humanitaire. Plus de 51 000 personnes, dont plus de la moitié sont des enfants, ont été déplacées à la suite d’attaques de groupes armés, selon l’ONU. Beaucoup d’entre elles se retrouvent dans des sites de fortune ou cherchent refuge dans d’autres régions.
L’Hôpital universitaire de Mirebalais, établissement de référence de 300 lits, a dû suspendre ses activités à cause de l’insécurité persistante, des évasions massives de prisonniers et de la destruction d’infrastructures publiques. Il accueillait jusqu’à 850 patients par jour, dont de nombreux cas liés à la maternité et au cancer.
Depuis sa fermeture, les hôpitaux Saint-Thérèse de Hinche et Albert Schweitzer dans l’Artibonite sont submergés, confrontés à de graves pénuries, notamment d’oxygène et de matériel médical d’urgence. Ils ont traité plus de 200 cas de blessures par balles, d’AVC, de choléra suspecté et de malnutrition. À lui seul, Saint-Thérèse a accueilli plus de 3 500 déplacés internes, triplant ainsi son nombre de consultations externes.
Pour alléger la pression, l’UNICEF et ses partenaires humanitaires ont déployé des cliniques mobiles pour venir en aide à 30 000 personnes dans les communautés hôtes et les camps de déplacés, en coordination avec les autorités haïtiennes et l’organisation caritative Caritas.
L’ONU lance un appel de fonds de 908 millions de dollars pour venir en aide à près de quatre millions de personnes en Haïti en 2025. À ce jour, seuls 6 % de cette somme ont été réunis, soit 57 millions de dollars.