L’ONU dénonce les attaques intentionnelles contre le secteur de la santé en Haïti…

William O'Neil, expert independant de l'ONU pour Haiti...

PORT-AU-PRINCE, vendredi 3 janvier 2025– L’accès aux soins médicaux et la vie des travailleurs de la santé sont gravement menacés en Haïti, a alerté vendredi un expert indépendant des Nations Unies. Ce dernier s’est dit profondément préoccupé par les attaques « scandaleuses » perpétrées en décembre par des gangs armés contre des hôpitaux, des cliniques et des travailleurs de la santé.

Selon William O’Neill, expert de l’ONU sur la situation des droits humains en Haïti, ces attaques ont encore affaibli un système de santé déjà au bord de l’effondrement. L’attaque de l’hôpital Bernard Mevs à Port-au-Prince le 17 décembre, suivie de l’assassinat de plusieurs journalistes et d’un agent de la police nationale haïtienne dans les locaux de l’hôpital général le 24 décembre, illustrent une tendance alarmante qui frappe le secteur de la santé depuis deux ans.

« Des gangs criminels ont assassiné et enlevé des médecins, des infirmières et des travailleurs de la santé, y compris des humanitaires », a dénoncé M. O’Neill. Il a précisé que des hôpitaux et des cliniques ont été brûlés, saccagés ou détruits, forçant de nombreuses institutions à fermer leurs portes ou à suspendre leurs activités.

L’expert a souligné que ces actes ne sont pas commis au hasard. « Les menaces répétées d’attaquer les établissements de santé montrent qu’il s’agit d’agressions intentionnelles contre le système de santé », a-t-il déclaré. Il a également mentionné que certains officiers de police auraient participé à des attaques contre des patients ou menacé des travailleurs de la santé.

Seuls 37 % des établissements de santé de Port-au-Prince sont pleinement fonctionnels, et beaucoup sont difficilement accessibles en raison de l’insécurité. Cette situation s’aggrave alors qu’un nombre croissant de membres du personnel médical quitte le pays, craignant pour leur vie.

William O’Neill a également exprimé sa préoccupation face à la propagation de maladies comme le choléra et la tuberculose. Il a averti que ces conditions sanitaires déplorables, combinées à l’insécurité, privent des centaines de milliers d’Haïtiens, notamment des enfants, de leur droit fondamental à la santé.

Les violences touchant le secteur de la santé reflètent également une insécurité généralisée qui affecte d’autres domaines. L’assassinat de journalistes lors de l’attaque du 24 décembre à l’hôpital général rappelle qu’Haïti est l’un des pays les plus dangereux au monde pour les reporters. Plusieurs d’entre eux ont été tués, et d’autres ont dû fuir le pays face aux menaces.

Face à ces événements, l’expert de l’ONU a exhorté la communauté internationale à intervenir pour aider les autorités haïtiennes à garantir la sécurité des infrastructures et du personnel de santé. « L’État doit enquêter et arrêter les responsables des attaques pour s’assurer qu’ils soient traduits en justice », a-t-il insisté.

William O’Neill a conclu en appelant à une mobilisation immédiate pour soutenir le système de santé haïtien, afin de garantir un accès sans entrave aux soins et de protéger la population contre l’aggravation de la crise humanitaire.