L’ONU alloue 12 millions de dollars de son fonds d’urgence pour venir en aide aux Haïtiens touchés par les violences…

NEW-YORK, jeudi 4 avril 2024– Le Coordonnateur des secours d’urgence de l’ONU, Martin Griffiths, a alloué 12 millions de dollars du Fonds central d’intervention d’urgence pour aider les personnes touchées par les violences qui ont éclaté dans la capitale haïtienne Port-au-Prince il y a un mois.

Les fonds serviront à fournir de la nourriture, de l’eau, une protection, des soins de santé, un assainissement et un soutien en matière d’hygiène aux personnes déplacées et aux communautés d’accueil de Port-au-Prince et du département voisin de l’Artibonite, a précisé le porte-parole du Secrétaire général de l’ONU, Stéphane Dujarric.

L’ONU a décidé d’octroyer cet argent parce que le plan de réponse humanitaire n’est actuellement financé qu’à hauteur de 6,6%. « Cela signifie que nous n’avons reçu que 45 millions de dollars sur les 674 millions demandés », a dit le porte-parole.

Parallèlement, le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a indiqué que la situation restait tendue, les attaques contre les établissements de santé aggravant la situation déjà désastreuse de la population.

Selon le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), trois femmes et enfants sur quatre n’ont pas accès aux services essentiels de santé publique et de nutrition dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince.

Mercredi, le Programme alimentaire mondial (PAM) a fourni 17.000 repas chauds aux personnes déplacées à Port-au-Prince. L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a distribué plus de 70.000 litres d’eau dans six sites de déplacement à travers la zone métropolitaine de la capitale haïtienne.

L’OIM a tiré la sonnette d’alarme jeudi face à la détérioration de la situation humanitaire et à la crise de protection après un mois de siège imposé à Port-au-Prince.

La montée de la violence depuis février de cette année a atteint des niveaux sans précédent, entraînant une aggravation de la sécurité alimentaire et de multiples déplacements. Alors que le pays est aux prises avec une crise sans précédent, les familles continuent de lutter pour répondre aux besoins les plus élémentaires alors que le désespoir s’exacerbe.

 

« Même si la fourniture d’une assistance était plus facile au lendemain des tremblements de terre, elle constitue aujourd’hui une tâche de plus en plus ardue », a déclaré Philippe Branchat, chef de l’OIM en Haïti. « Le personnel humanitaire, y compris le nôtre, est confronté à des défis de sécurité sans précédent ».

La crise s’étend bien au-delà des limites de Port-au-Prince, affectant les communautés à travers Haïti et ayant provoqué le déplacement de plus de 360.000 personnes dans tout le pays, à plusieurs reprises. Pour les près de 100.000 personnes déplacées qui vivent dans ces sites, les conditions sont déplorables. Leurs besoins incluent l’accès à la nourriture, aux soins de santé, à l’eau, au soutien psychologique et aux installations d’hygiène, selon l’OIM.

L’agence onusienne a précisé que son équipe psychosociale a été confrontée à des cas de tendances suicidaires qui étaient autrefois un sujet tabou mais qui sont désormais de plus en plus fréquemment révélés, en particulier parmi les populations déplacées.

« Le manque d’opportunités économiques, associé à l’effondrement du système de santé et à la fermeture des écoles, jette une ombre de désespoir, poussant de nombreuses personnes à considérer la migration comme leur seul recours viable. Cependant, pour la plupart des Haïtiens, la perspective d’une migration régulière reste un obstacle insurmontable, laissant la migration irrégulière comme seul semblant d’espoir », note l’OIM.

Malgré la détérioration de la situation sécuritaire, 13.000 migrants ont été renvoyés de force vers Haïti par les pays voisins en mars, soit 46% de plus que le mois précédent. Près de 3.000 d’entre eux ont reçu une aide humanitaire à leur arrivée, et 1.200 migrants supplémentaires ont bénéficié d’un soutien psychosocial.

L’OIM note que le processus ardu d’obtention d’un passeport peut durer des mois, voire plus d’un an, laissant de côté les voies existantes de migration régulière, telles que les visas et programmes humanitaires. Consciente de l’urgence de cette question, l’agence onusienne s’est engagée depuis longtemps à aider les autorités haïtiennes à renforcer leur capacité à délivrer des documents essentiels malgré les défis.