PORT-AU-PRINCE, lundi 16 septembre 2024-Le propriétaire de l’hôtel Kaliko Beach, Emmanuel Fritz Paret, a récemment publié une lettre ouverte dans laquelle il expose plusieurs problèmes majeurs concernant sa propriété et ses relations avec Digicel, l’une des principales compagnies de télécommunications opérant en Haïti. Selon Paret, un câble sous-marin international, essentiel pour fournir des services Internet à Haïti, traverse son terrain, une infrastructure cruciale qui relie le pays aux États-Unis. Ce câble a été installé par un sous-marin et chemine à travers les terres de l’hôtel Kaliko Beach, situé à Carries.
Paret affirme que depuis 2019, Digicel lui doit une somme de plus de 2,5 millions de dollars américains pour l’utilisation de sa propriété comme point d’entrée du câble. Il déclare avoir tenté à plusieurs reprises de régler cette affaire à l’amiable, sans succès, et déplore le fait que la dette n’ait jamais été payée. Il rappelle que malgré l’importance de cette somme pour lui, elle reste relativement faible au regard des bénéfices annuels de Digicel. Face à ce différend financier non résolu, il annonce qu’il ne peut plus soutenir les opérations de Digicel sans recevoir la compensation qui lui est due, et ses avocats sont actuellement engagés dans des démarches pour faire valoir ses droits devant la justice.
Outre les questions financières, Emmanuel Fritz Paret a exprimé ses profondes inquiétudes en matière de sécurité. Depuis plus de deux ans, son hôtel et d’autres établissements dans la région de Carries sont sous le contrôle de gangs armés, qui ont pillé maisons et entreprises, y compris plusieurs fois son propre hôtel. Ces attaques répétées ont aggravé une situation d’instabilité déjà préoccupante, ayant des répercussions sur l’ensemble de la communauté locale. Paret s’interroge même sur un possible lien entre Digicel et ces gangs, se demandant si les dommages causés au câble à fibre optique pourraient être liés à ces groupes criminels. Il appelle à une enquête approfondie, tout en reconnaissant ne pas avoir de preuves tangibles à ce stade pour confirmer de telles connexions.
En réaction à ces accusations et à la lettre publique de Paret, Digicel a publié le 16 septembre une note de presse pour clarifier sa position. La société commence par reconnaître qu’une panne a été détectée le 14 septembre sur le câble sous-marin international traversant l’hôtel Kaliko Beach, appartenant à Paret. Cependant, Digicel précise que ses techniciens, qui se sont immédiatement rendus sur les lieux pour procéder aux réparations nécessaires, se sont vu refuser l’accès à la propriété.
Digicel réfute catégoriquement les allégations de dettes avancées par Paret, affirmant qu’il n’existe aucune dette envers Paret Hospitality Group S.A. La compagnie souligne qu’une action judiciaire est en cours sur cette affaire depuis 2021, et qu’une décision de justice est encore attendue. Tant que le jugement n’aura pas été rendu, Paret ne peut, selon Digicel, exiger unilatéralement une compensation financière.
Par ailleurs, la société regrette l’interruption des services causée par l’impossibilité d’accéder au câble et rappelle que celui-ci est utilisé non seulement par Digicel, mais aussi par d’autres opérateurs de télécommunications en Haïti. Elle critique également Paret pour ce qu’elle perçoit comme un obstacle à un service public essentiel, particulièrement dans un contexte d’insécurité nationale où la communication revêt une importance cruciale. Digicel conclut en condamnant ce qu’elle considère comme une “campagne de diffamation” menée par Paret et se réserve le droit de le poursuivre en justice pour ses allégations.