Boston, lundi 23 septembre 2024 – Bonjour à tous. Merci beaucoup, Dr Anoop Swarup, pour votre aimable introduction. Je suis heureux de faire partie de ce panel composé d’universitaires, de chercheurs, de professeurs et d’activistes du Center for Global Nonkilling (CGNK) et du monde entier. Je suis également heureux de voir ici certains de mes collègues, le Dr Katyayani Singh, le Dr Bill Bhaneja et Swapna Menon. Merci, Swapna et le professeur Singh pour avoir coordonné cet événement.
Cette année, le thème de la Journée internationale de la paix des Nations Unies est « Cultiver une culture de la paix ». Notre réflexion sur ce thème se concentre sur le paradigme de « non-Killing peace » (la paix du non–meurtre) alors que le monde est confronté à des tensions géopolitiques et à des conflits prolongés ou destructeurs.
Dans un article publié au début de cette année par l’International Crisis Group, il est mentionné qu’il y a 10 conflits à surveiller tout au long de cette année, parmi lesquels la guerre entre Israël et Gaza, la guerre au Moyen-Orient, le conflit entre l’armée et les forces paramilitaires au Soudan, la guerre entre la Russie et l’Ukraine, le conflit au Myanmar depuis le coup d’État militaire de 2021, le conflit entre les milices des régions d’Amhara et d’Oromia en Éthiopie, le conflit dans la région du Sahel avec les juntes militaires au pouvoir au Burkina Faso, au Mali et au Niger, la violence des gangs en Haïti, le conflit Arménie-Azerbaïdjan et les États-Unis-Chine. Je suis sûr qu’il y a plus de 10 conflits prolongés ou destructeurs dans le monde.
En fait, dans la plupart des cas mentionnés par l’International Crisis Group, les parties en conflit continuent de s’entretuer. Dans la guerre Israël-Gaza qui a débuté le 7 octobre de l’année dernière, 1 200 personnes du côté israélien ont été tuées lors de l’attaque du Hamas, et au moins 41 272 Palestiniens ont été tués par Israël. La majorité des victimes sont des personnes innocentes, y compris des enfants et des femmes, qui n’avaient rien à voir avec l’attaque du Hamas contre Israël.
Bien que les militants et universitaires pour la paix, le non-meurtre, et la non-violence appellent toutes les parties, en particulier Israël, à mettre fin à cette guerre, cela ne les empêche pas de continuer à tuer des innocents. En octobre 2023, le président du Center for Global Nonkilling (CGNK), le professeur Dr. Anoop Swarup, a demandé un arrêt immédiat des massacres en Israël et en Palestine. À travers cet appel, le CGNK a cherché à attirer l’attention de tous les humanistes, militants et chercheurs à travers le monde pour explorer des approches nouvelles et créatives afin de résoudre ce conflit de longue date. Le Dr. Swarup a déclaré : « Il est grand temps de transcender toutes nos croyances religieuses, notre foi et nos idéologies du monde entier et de mettre en pratique l’idéologie de la paix affirmative non–meurtrière. »
Le CGNK n’appelle pas seulement à mettre fin à la guerre entre Israël et la Palestine. Ce centre condamne toutes sortes de conflits meurtriers ou toutes les réponses meurtrières et violentes aux conflits. Comme indiqué sur son site Internet, la mission du CGNK est de promouvoir le changement vers l’objectif mesurable d’un monde sans meurtre par des moyens ouverts à une créativité humaine infinie. Nous croyons que les êtres humains peuvent cesser de s’entre-tuer, de l’homicide au génocide, en passant par le terrorisme et les massacres en temps de guerre. Nous pensons également que cela ne se produira pas sans une éducation basée sur les principes et les valeurs de la philosophie du non–meurtre. En d’autres termes, nous ne pouvons pas cultiver une culture de paix sans meurtre sansmettre en œuvre une éducation globale à la paix sans meurtre.
Archibald MacLeish, poète et écrivain américain, disait : « Puisque les guerres commencent dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que les défenses de la paix doivent être construites ». En essayant de dire la même chose mais avec des mots différents, il est noté sur le site internet du CGNK que « puisque le meurtre commence dans l’esprit des hommes et des femmes, c’est là que doit commencer le changement vers une société qui ne tue pas ». Nous devons continuer à doter les hommes et les femmes, y compris les enfants, de compétences en matière de paix fondées sur les principes du non-meurtre pour l’émergence d’une culture de paix sans meurtre à travers le monde.
Utiliser la notion de paix sans meurtre est logique, car même ceux qui recourent à la violence et au meurtre pour tenter de résoudre un conflit le font au nom de la paix. Cela rend le concept de paix plus compliqué et complexe à comprendre. Par exemple, la plupart des hommes politiques utilisent l’adage latin : « Si vis pacem, para bellum (Si tu veux la paix, prépare la guerre) » pour développer des machines à tuer. C’est en ce sens que je suis d’accord avec le Dr Bill Bhaneja, auteur du livre Peace Portraits : Pathways to Nonkilling: A Memoir, cité par le Dr Joám Evans Pim :
« La paix est un mot souvent galvaudé. Il a été mal utilisé et mal prononcé par toutes sortes de dirigeants pour justifier leurs insurrections et leurs guerres — Staline a mobilisé l’Union soviétique au nom de la paix, la guerre d’Hitler pour coloniser l’Europe visait à apporter la paix et la prospérité aux Allemands, et même l’intervention militaire de Bush en Irak avait pour objectif d’introduire la paix et la démocratie dans la région pour redorer l’image de l’Amérique. Ces guerres du siècle dernier, menées au nom de la paix, ont conduit à la mort d’environ 200 millions de personnes, principalement des civils innocents. »
Le monde doit adopter une éducation à la paix fondée sur le non-meurtre pour cultiver une culture de paix sans meurtre ! L’éducation à la paix sans meurtre est l’alpha et l’oméga pour parvenir à une société mondiale sans meurtre. Cela conclut mon intervention. Merci encore, professeur Dr Katyayani Singh et Swapna Menon, pour avoir coordonné cette session.
Le Dr Roland Joseph est un ancien journaliste haïtien, membre du réseau Transcend pour la paix, le développement et l’environnement, chercheur au Center for Global Nonkilling (CGNK), et traducteur en créole haïtien du livre de Glenn Durland Paige, Nonkilling Global Political Science. Il est l’ancien président du Groupe de Travail sur l’Amérique Latine et les Caraïbes (LACWG) du Département des Études de Résolution des Conflits de la Nova Southeastern University (NSU) en Floride. Il est également membre du Bureau International de la Paix (IPB). Le Dr Joseph est titulaire d’une licence en sciences politiques, d’une maîtrise en études de la paix et des conflits de l’Université du Massachusetts à Lowell, et d’un doctorat (PhD.) en analyse et résolution des conflits avec une spécialisation en conflits globaux de la NSU. Ses recherches portent sur la science politique non-violente, le non-meurtre, la paix et le désarmement nucléaire.